Employés par l'antenne anglophone d'Al-Jazeera, les trois journalistes avaient été arrêtés fin décembre 2013. En juin, leur condamnation à des peines de 7 à 10 ans de prison ferme avait déclenché un relatif tollé international. Après une très courte audience, la cour de Cassation, la plus haute juridiction du pays, a ordonné un nouveau procès devant un autre tribunal, acceptant ainsi les demandes du parquet et des avocats de la défense, d'après l'avocat de M. Greste. Mais les trois journalistes, accusés d'avoir diffusé de «fausses informations» en soutien aux Frères musulmans de Mohamed Morsi, le président islamiste destitué par l'armée en juillet 2013, resteront en détention.Rapprochement avec le QatarL'affaire avait débuté en pleine crise entre l'Egypte et le Qatar, à couteaux tirés après l'éviction de M. Morsi par l'ex-chef de l'armée et actuel président, Abdel Fattah al-Sissi. «Leur arrestation était une sorte de règlement de compte politique entre l'Egypte et le Qatar», selon l'avocat de M. Fahmy, Negad al-Boraï. Le Caire reprochait à Doha de soutenir les Frères musulmans, notamment via Al-Jazeera, dont les antennes arabophones ont dénoncé le renversement de M. Morsi et la sanglante répression qui s'est abattue sur ses partisans. Après le coup d'Etat militaire qui a porté M. Sissi au pouvoir, au moins 1.400 manifestants pro-Morsi ont été tués, plus de 15.000 sympathisants ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs.Proches des condamnés et experts attendaient beaucoup de l'audience du 1er janvier, au moment où l'Egypte et le Qatar multiplient les signes de réconciliation. Ainsi, le 20 décembre, après la visite inédite au Caire d'un émissaire de l'émir du Qatar, l'Egypte se réjouissait d'une «nouvelle ère» et Doha exprimait son «soutien total» au gouvernement de M. Sissi. Un rapprochement qui semble avoir pesé sur la justice égyptienne.