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Coronavirus : l'Egypte demande l'aide du FMI

Le pays a besoin d'argent frais pour passer la crise.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les rues désertes du Caire, en Egypte, le 24 avril 2020, premier jour du mois du ramadan. (MOHAMED EL-SHAHED / AFP)

A entendre le gouverneur de la Banque centrale, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes en Egypte. Même lorsque le Premier ministre Moustafa Madbouli annonce que le pays est en discussion avec le FMI afin d'obtenir une aide financière. Selon Tarek Amer, l'organisme international est même "très enthousiaste" à l'idée de collaborer avec l'Egypte en raison de "la valeur de son économie". Du reste, le programme ne porte que sur une année, ce qui devrait permettre au pays de passer la crise de la pandémie du coronavirus.

De son côté, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a précisé dans un communiqué avoir reçu de la part de l'Egypte une demande de soutien d'urgence via un "instrument de financement rapide" afin de permettre au gouvernement égyptien "de faire face à ses besoins immédiats en termes de balance des paiements et de venir en aide aux secteurs les plus affectés ainsi qu'aux catégories de populations les plus vulnérables".

Un "financement rapide"

Visiblement, la situation présentée au FMI est bien moins rose que ce qui a été annoncé par le Premier ministre. Selon Moustafa Madbouli, la situation économique était très bonne avant l'épidémie et le pays n'avait pas besoin d'une assistance financière avant l'arrivée du virus. Il oublie juste de mentionner que l'Egypte sort à peine d'un plan de soutien du FMI, accordé pour trois ans en 2016. Une aide de 12 milliards de dollars (10,7 milliards d'euros), dont la dernière tranche a été versée l'an dernier.

Le plan de rigueur qui l'accompagnait a vu la livre égyptienne perdre la moitié de sa valeur. Les subventions au carburant, à l'électricité ont été réduites, et désormais une TVA pèse sur la consommation des ménages. Ce nouveau plan dont on ignore encore le montant ne va pas arranger la situation sociale de millions d'Egyptiens.

Le tourisme particulièrement touché

Depuis 2011, entre révolution, coup d'Etat et attentats par dizaines, le tourisme, pilier de l'économie, avait terriblement souffert. Or, depuis 2017, il retrouvait des couleurs. L'Egypte attendait 15 millions de touristes pour 2020, soit autant qu'en 2010. Le tourisme représente 12% du PIB et emploie 9% de la population active.

Mais la crise du covid-19 en a décidé autrement. L'Egypte a notamment interdit les vols internationaux, fermé les musées et les sites archéologiques. Déjà des compagnies aériennes comme Nile Air réclament une intervention de l'Etat pour les aider à passer la crise, faute de quoi la faillite est en vue. La compagnie exploite sept appareils et emploie 850 personnes. Le pays compte une quinzaine de compagnies aériennes privées, de petites entreprises qui font voler 45 appareils selon le directeur de Nile Air, Yousry Abdel Wahab.

Un avenir incertain

Dans le secteur touristique, un léger assouplissement des mesures se dessine. Ainsi le tourisme nautique est de nouveau autorisé sur les rivages de la mer Rouge. Depuis le 12 avril, tous les bateaux à l'exception des bateaux de pêche devaient rester à quai. Désormais, les navires de promenades en mer et les bateaux-taxis peuvent reprendre leurs activités. Mais les sports comme la planche, le kite ou la plongée demeurent interdits.

Selon l'agence de notation Moody's, le PIB devrait chuter de 2,7% sur l'année fiscale prochaine (de juin 2020 à juin 2021), à condition que la pandémie ne s'aggrave pas.

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