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La Chine installe à Djibouti sa première base navale à l’étranger

La Chine a choisi Djibouti pour installer sa première base militaire à l’étranger. Ce micro-Etat portuaire de moins d’un million d’habitants est idéalement situé à la jonction du golfe d’Aden et de la mer Rouge, où transitent 40% du trafic maritime mondial. Une position stratégique pour le contrôle du commerce maritime et pour accéder aux marchés africains.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Parade militaire à Pékin, présentation de missiles balistiques chinois (reuters/Damir Sagolj)


La Chine
a passé un accord avec le président Ismaïl Omar Guelleh pour la construction d'une base militaire à Djibouti, aux côtés des bases américaine et française déjà présentes avec plusieurs milliers de soldats. En installant sa première base militaire à l’étranger, Pékin accomplit un pas important vers son objectif de devenir une puissance maritime internationale.

La Chine est déjà engagée dans la lutte contre la piraterie dans le détroit du Bab el-Mandeb où elle sécurise ses navires de commerce et ses importants intérêts commerciaux dans la corne de l’Afrique.

La Chine s’assume comme puissance militaire
Depuis 2008, la Chine a déjà envoyé 60 navires dans le Golfe d’Aden pour des missions d’escorte destinées à prévenir des attaques de pirates. Mais faute de disposer de sa propre base logistique, l’armée chinoise rencontre des difficultés pour réapprovisionner ses navires. Les nouvelles installations doivent donc «aider à fournir de meilleurs services aux troupes», explique le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Hong Lei.

La base de Djibouti sera aussi utile pour les missions des Nations Unies au Mali, au Darfour ou encore au Soudan du Sud car, avec plus de 3000 soldats, la Chine fait aujourd’hui partie des nations qui envoient le plus de Casques bleus en Afrique.

Casques bleus chinois pour le Mali dans le cadre de la Minusma, mission des Nations Unies au Mali. (AFP/ Nang Gongaq/Imaginechina)

Après avoir longtemps refusé d’assurer toute présence militaire à l’étranger, la Chine entend protéger ses travailleurs expatriés, victime eux-aussi du terrorisme comme on a pu le voir lors de l’attaque contre l’hôtel Radisson de Bamako ou trois ressortissants chinois sont morts. L’enjeu est de taille, le continent africain compte 2500 sociétés chinoises et près d’un million de travailleurs chinois.

Une porte d’entrée sur le continent africain
Cette base militaire sera doublée d’une zone franche de 48 km² et d’une plate-forme géante de transbordement de conteneurs.

Pékin construit à Djibouti le port international de Doraleh et son terminal pétrolier, un oléoduc, des voies de chemin de fer et des routes vers l’Ethiopie. C’est aussi cela que protègera la base chinoise.

Djibouti est pour la Chine une porte d’entrée idéale vers le continent africain ou ses activités commerciales prospèrent, avec la délocalisation d’usines (textile et chaussures), le rachat de terres agricoles et surtout l’accès aux matières premières que Pékin cherche à sécuriser.

Les échanges commerciaux Chine-Afrique ont été multipliés par 20 en quinze ans. Ils ont atteint les 200 milliards de dollars, deux fois plus qu’avec les Etats-Unis.

Selon l’agence Chine nouvelle, cette base navale qui sera opérationnelle en 2017 entre dans le cadre de «la nouvelle route de la soie» lancée par Pékin. Une politique de comptoirs et de ports en eau profonde reliant la Chine à l’Afrique en passant par le Golfe arabique. Un projet estimé à 48 milliards de dollars.

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