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Somalie : un soldat français porté disparu après l'opération ratée pour libérer l'otage Denis Allex

Selon le ministère de la Défense, Denis Allex a été abattu par ses geôliers lors d'une opération menée pour le libérer. Mais les islamistes somaliens affirment toujours détenir l'otage ainsi qu'un soldat français blessé.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'otage français en Somalie Denis Allex, sur une vidéo datée du 4 octobre 2012 et mise en ligne sur le site spécialisé dans les questions de terrorisme SITE Monitoring Service. (SITE MONITORING SERVICE / AFP)

Deux morts et un soldat français porté disparu : c'est le bilan très lourd de l'opération menée par un commando français dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 janvier en Somalie, selon le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. 

Le raid avait pour objectif de libérer l'otage français Denis Allex mais s'est soldé par un échec : l'otage et un soldat du commando seraient morts dans l'opération, qui a également fait 17 morts dans le camp des islamistes. Un autre soldat pourrait être aux mains des islamistes.

Denis Allex - a priori un pseudonyme - est un agent de la DGSE (services français du renseignement) enlevé par les insurgés islamistes le 14 juillet 2009. Il a été capturé à Mogadiscio avec un autre agent, qui a lui recouvré la liberté en août 2009. L'attaque a lieu alors que les forces françaises sont engagées dans des combats au Mali, qui font craindre pour la vie des otages français détenus par des islamistes au Sahel et en Somalie.

"Tout donne à penser que Denis Allex a été abattu"

Lorsque le commando est parvenu sur le lieu de détention de l'otage, "des combats d'une grande violence se sont déroulés au cours desquels, je parle avec précaution, tout donne à penser que Denis Allex a été abattu par ses geôliers", a expliqué Jean-Yves Le Drian samedi matin en conférence de presse. "Au cours de cette tentative de libération de leur camarade, un soldat a perdu la vie et un soldat est porté disparu."

Les islamistes nient la mort de l'otage

Les islamistes shebab avaient affirmé un peu plus tôt détenir "un soldat français blessé". Mais ils affirment également que Denis Allex n'est pas mort.

"Le soldat français blessé est maintenant sous la garde des Moudjahidine et Allex est toujours en sécurité, loin du lieu de la bataille", assurent-ils dans un communiqué envoyé à l'AFP. "En réponse à cette opération ratée des forces françaises, les Moudjahidine d'Al Shabab assurent au peuple français qu'ils donneront leur verdict final concernant Denis Allex dans les deux jours" qui viennent, prévient le mouvement.

Il menace également la France de représailles. "En fin de compte, ce seront les citoyens français qui goûteront inévitablement aux conséquences amères de l'attitude inconséquente de leur gouvernement à l'égard des otages", lance le communiqué.

Les shebab ont perdu tous leurs principaux bastions dans le sud et le centre de la Somalie, à la suite d'une offensive menée depuis un an et demi par une force de l'Union africaine (Amisom). Ils contrôlent cependant encore certaines parties rurales du sud et du centre du pays.

Des habitants de la région témoins de l'attaque

Selon des témoins sur place, interrogés par l'AFP, l'attaque a été menée à partir de quatre hélicoptères militaires, contre une habitation de Bulomarer, une localité contrôlée par les islamistes shebab et située à 110 km au sud de la capitale Mogadiscio.

"Nous ne savons pas exactement ce qui s'est passé car l'attaque a eu lieu de nuit, mais ce matin nous avons vu plusieurs cadavres y compris celui d'un homme blanc. Trois civils ont également été tués dans l'échange de coups de feu", a rapporté un habitant de Bulomarer.

Denis Allex faisait partie de neuf Français, au total, retenus en otage à l'étranger, tous sur le sol africain, dont au moins six sont détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Sahel. Sa dernière preuve de vie datait d'octobre 2012. Denis Allex était apparu, pâle et les yeux cernés, dans une vidéo où il avait lancé un "message de secours" au président Hollande, qu'il pressait d'oeuvrer à sa libération.

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