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O’Plérou Grebet, le "Andy Warhol" africain des émojis

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour

Depuis deux ans, le jeune graphiste de 22 ans, crée des émojis pour raconter son pays, la Côte d'Ivoire, mais aussi le continent africain.

O’Plérou Grebet a été influencé autant par les grands noms de la peinture occidentale que par des artistes ivoiriens. Frédéric Bruly Bouabré, créateur d'un alphabet universel et de milliers de dessins, véritable encyclopédie des savoirs du monde, et Loza Maléombho, qui célèbre la diversité culturelle font partie de ses références. O’Plérou Grebet, en "explorateur créatif", comme il aime à se définir, veut lui aussi transmettre et partager sa culture. Pour ce faire, il a eu l'idée de réaliser des émojis 100% africains.

Les internautes ivoiriens ont eu la joie et la surprise de découvrir, en 2018 sur Instagram, des des émojis (pictogrammes utilisés dans les messages électroniques et les réseaux sociaux), illustrant leurs coutumes et leur culture. (O’PLEROU GREBET)
On y voit foutou et garba, (plats populaires ivoiriens), peigne Kwêkwê, calebasse, bissap (jus d'hibiscus), groto (yaourt sur bâtonnet), worô-wôro (taxis communaux d’Abidjan), monuments, coiffures, masques, mais aussi personnages caractéristiques. Toutes ces illustrations rappellent le patrimoine gastronomique, vestimentaire, culturel des Africains… L'histoire de leur vie quotidienne. (O’PLEROU GREBET)
Au départ, en 2017, sa première idée était de dessiner uniquement des masques africains pour faire connaître aux plus jeunes cette partie de leur culture souvent méconnue. Mais lui-même manquait de beaucoup d'éléments pour mener à bien ce projet. (O’PLEROU GREBET)
Comme il l'explique dans un entretien sur le blog Pure génération Z de Clara Delcroix : "Je voulais au départ faire une série d’œuvres d’art ou de design sur les masques ivoiriens pour les promouvoir. Mais je ne savais pas comment toucher le plus de personnes possibles. Et un jour, pendant une discussion sur WhatsApp avec un ami, j’ai repensé au projet et je l’ai relié aux émojis qui étaient devant moi. J’ai donc eu l’idée de créer des émojis pour la promotion des masques. Et, finalement j’ai décidé d’étendre le projet à toute l’Afrique." (O’PLEROU GREBET)
Ces petites images peuvent lui prendre entre deux et cinq heures de travail. Il cherche d'abord  des photos, puis en fait un croquis sur papier ou sur ordinateur. Pour les finaliser, il utilise des logiciels 3D qu'il a appris à utiliser lors de sa 3e année de Licence à l’ISTC Polytechnique. Auparavant, O’Plérou a étudié pendant une année aux Beaux-Arts d'Abidjan, puis a enchaîné avec une formation en Arts et Images Numériques. (O’PLEROU GREBET)
Il décide en 2018 de se lancer dans la réalisation de son projet intitulé Zouzoukwa (littéralement "image" en bété, une langue parlée dans le sud-ouest et centre-ouest de la Côte d'Ivoire). Ce projet consiste à dessiner un émoji africain par jour durant toute l’année. Chaque semaine est dédiée à un thème : nourriture, architecture, véhicules, musique, coiffures… (O’PLEROU GREBET)
Dès le début, il remporte un franc succès auprès des internautes. Son idée lui vaut d'être récompensé d'un prix Jeunes Talents aux Africa Digital Communication Days, le rendez-vous des acteurs du numérique en Afrique francophone. Il remporte aussi un prix de la Francophonie 3535 dans la catégorie Blog et Innovation, rapporte Hemly Koffi sur son blog Hemly’s Vibes. (O’PLEROU GREBET)
Il collabore avec le magazine "Elle Côte d’Ivoire". Ses images sont adoptées par Imalk Concept, une marque ivoirienne de vêtements et d’accessoires et par CANAL+ qui les utilise sur les réseaux sociaux lors la Coupe du monde 2018. (O’PLEROU GREBET)
Son plus grand rêve est de "créer une application grâce à laquelle les zouzoukwas pourront être utilisés par tout un chacun sur un téléphone. Et pourquoi pas, un jour, qu’ils soient directement intégrés aux téléphones ou dans les applications telles que WhatsApp, Telegram ou Facebook Messenger. Là, enfin, la boucle serait bouclée", comme il l'explique dans "Le Monde". Désormais, son rêve est en train de se réaliser, ses émojis sont installés sur WhatsApp, l'application mobile de messagerie.   (O’PLEROU GREBET)
Aujourd'hui, le jeune graphiste voudrait monter O’Plérou Studio, sa propre entreprise de création numérique, et donner ainsi une structure à ses activités. Et "à moyen terme, acquérir d’autres compétences pour me permettre d’avoir plus de clients, et à long terme, de vivre correctement de ce que je fais", dit-il sur le site Instants africains. (O’PLEROU GREBET)

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