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Burkina Faso : des milliers de litres de carburant de contrebande saisis

Le carburant venait du Nigeria via le Bénin. La contrebande est un mal récurrent autour des pays producteurs de pétrole.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Station-service sauvage sur une route qui va à Cotonou, au Bénin. Le pays est devenu la plateforme du trafic de carburant en Afrique de l'Ouest. (ISSOUF SANOGO / AFP)

C’est un important trafic de carburant que les autorités du Burkina ont démantelé. Des dizaines de milliers de litres venus du Nigeria via le Bénin. 72 personnes ont été interpellées lors d’un vaste coup de filet entre le 17 et le 20 septembre, et les investigations se poursuivent. "Les auditions et interpellations nécessaires se poursuivront afin de mettre fin à ces infractions qui non seulement paralysent l’économie nationale, mais également sont constitutives de sources de financement du terrorisme", a expliqué dans un communiqué le procureur du Burkina Faso, Yoda Harouna.

Koualou, ville béninoise à la frontière du Burkina, était le lieu de stockage du carburant. De là, des camions faisaient route jusqu’à la capitale, Ouagadougou, ravitaillant des dépôts illicites et alimentant également quelques stations-service dans les villes traversées en chemin.

Des milliers de litres par passage

L’essence était transportée de nuit à bord de camions appelés "10 tonnes", explique le procureur. Des camions spécialement aménagés où étaient rangés entre 180 et 200 fûts de 200 litres, soit tout de même au maximum 40 m³ par transport, soit l’équivalent d’un camion-citerne. Parfois même, les trafiquants ont utilisé des voitures pour transporter l’essence, en enlevant les sièges arrière.

Le trafic de carburant n’est pas une nouveauté en Afrique. En particulier autour des pays producteurs. Ainsi le Nigeria est un grand fournisseur de carburant illégal. Les oléoducs sont régulièrement la cible de vols par des groupes armés comme les vengeurs du Delta. Ces derniers réclament un juste partage des richesses avec les populations locales et alimentent ce faisant le marché noir.

Le Nigeria au cœur du trafic

Le Nigeria subventionne aussi régulièrement la vente de carburants dans le pays afin d’obtenir la paix sociale en période de surchauffe. Du coup, le différentiel des prix avec les pays voisins, Bénin ou Niger par exemple, sert de catalyseur au trafic.


Un trafiquant bien équipé quitte la ville de Missrete pour "faire le plein" au Nigeria voisin. (ISSOUF SANOGO / AFP)

Le Bénin qui partage 780 km de frontière avec le Nigeria "profite" à plein de ces trafics. Ainsi, explique David Zounmenou pour l’Institut d'études de sécurité (ISS), même la fermeture des frontières durant deux ans n’a rien empêché. Il existe suffisamment de points de passage informels pour poursuivre le trafic. Au Bénin, à cause d’un trop faible réseau de distribution (350 stations-service pour 11 millions d’habitants), le commerce informel et illégal a eu longtemps pignon sur rue. Les mesures prises pour l’enrayer ont semble-t-il eu des résultats très contrastés.

Quant à l’exportation vers le Burkina, c’est un jeu d’enfants. "Les commerçants de carburant illicite offrent des pots-de-vin aux agents des douanes pour s'assurer un passage libre", explique ISS.

L'Afrique du Nord également

Le différentiel de prix est également le moteur du trafic dans les pays du nord de l’Afrique qui ne sont pas en reste, que ce soit à partir de l’Algérie ou de la Libye. Selon l’agence Ecofin, la contrebande représentait le tiers de la consommation nationale de la Tunisie en 2017, soit trois millions de litres par jour.

Reste une question cruciale qui est celle du terrorisme. La contrebande est "source de financement du terrorisme", assure le procureur du Faso. Cela doit en effet sûrement y contribuer, mais la méthode est encore peu connue.

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