Témoignage "J'ai tout perdu pour la France" : en Afghanistan, les anciens auxiliaires de l'armée française demandent une protection

Après avoir été employés par l'armée française entre 2002 et 2014, plusieurs Afghans se sont retrouvés livrés à eux-mêmes au moment du retour des talibans au pouvoir. En danger dans leur pays, ils réclament aujourd'hui des garanties.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Forces francaise en Afghanistan, janvier 2009 (SEBASTIEN NOGIER / MAXPPP)

Que sont devenus les anciens auxiliaires de l’armée française en Afghanistan ? On estime à un millier le nombre de traducteurs, cuisiniers, chauffeurs, ouvriers qui ont été employés par l’armée quand la France participait à la coalition internationale contre les talibans, entre 2002 et 2014. Quand les fondamentalistes sont revenus au pouvoir en 2021, plusieurs centaines d’auxiliaires ont pu quitter leur pays. Mais d’autres sont restés sur la touche.

C'est le cas de Youssefi, qui travaillait comme magasinier sur une base militaire : "J'ai tout perdu pour la France et j'ai tout perdu à cause de la France." Jusqu'au dernier moment, il a cru obtenir un visa. L'ambassade de France à Téhéran - qui reste ouverte contrairement à celles de Kaboul - lui a demandé de venir sur place en avril dernier.

Son ami Ammanullah, ancien traducteur pour l'armée française, raconte cet épisode : "Tout ce qu'il avait à Kaboul, il l'a vendu. Depuis trois ans, il est dans la merde. Il a eu ses filles, il avait un vrai contrat avec les Français, il a travaillé pour les Français sans aucun problème. Aujourd'hui, il attend juste les visas pour ses enfants."

Risque d'arrestation par les talibans

Un visa a pourtant bien été délivré à Youssefi et à sa famille en juin, avant d'être annulé sans aucune explication. Selon le Quai d'Orsay, la demande a été refusée pour des motifs sécuritaires. Youssefi fait l'objet d'une note des services de renseignement qui le soupçonnent d'être en lien avec des réseaux de criminalité en Syrie, en Érythrée et au Liberia. Quentin Müller, journaliste au service international de l'hebdomadaire Marianne, suit de près le dossier de Youssefi : "Il ferait partie, au conditionnel, d'un groupe cybercriminel, voire jihadiste, avec des pays qui n'ont rien à voir les uns avec les autres. Point final. Et je pense que cette note blanche est restée dans son dossier et c'est pour ça que son visa a été annulé en juin dernier."

Expulsé d'Iran sans moyen de subsistance, Youssefi est revenu en Afghanistan avec sa femme et ses trois enfants. Il risque à tout moment d'être arrêté par les talibans, pour qui les Afghans qui ont collaboré avec les troupes occidentales de l'Otan sont des "infidèles".

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