Dès son discours d’investiture, en septembre 2014, le président Ashraf Ghani met en avant le rôle de «Bibi Gul», le surnom afghan de son épouse. Il la remercie pour son travail et son soutien. Un pied de nez officiel aux conservateurs et à toutes les discriminations faites jusque là aux femmes afghanes.Alors que l’épouse de Hamid Karzaï était surnommée l’épouse invisible, Rula Ghani est sans doute une femme d’action. Un «phénomène» au palais présidentielQuelques jours après la victoire de son époux, Rula Ghani, 66 ans, crée sa propre équipe et installe son bureau au palais présidentiel pour faire bouger les choses. C’est inédit dans le pays. «Les gens veulent me rencontrer parce que je suis un phénomène. Ils viennent me voir pour me demander de prêter mon nom à leur combat, ou bien pour que je défende leur cause auprès de mon mari», précise-t-elle dans une interview à Paris Match.L’«étrangère» qui dérange les extrémistesNée et élevée dans une famille chrétienne au Liban, Rula Saadé Ghani a rencontré son mari à l’Université américaine de Beyrouth après une formation en Sciences politiques à Paris. Une intellectuelle critiquée par les extrémistes musulmans qui l’accusent de vouloir convertir l’ensemble des femmes afghanes et menacent de brûler le palais présidentiel. Pas de quoi décourager cette femme déterminée qui n’hésite pas à prendre la parole en public, en dari (langue locale), pour défendre la cause des femmes.Un tweet de la première dame d'Afghanistan en novembre 2014, rappelant son attachement aux traditions après des critiques de ses adversaires. Evolution et tradition Si Rula Ghani compte jouer un rôle de premier plan en travaillant avec et pour les femmes, elle ne veut pas bousculer les traditions ou imposer un modèle occidental.La première dame afghane veut surtout donner de l’espoir aux femmes après des années d’obscurantisme sous le régime des talibans.«Les femmes afghanes ont perdu le statut de personnes que l’on respecte. Avant ce n’était pas comme ça. J’ouvre une porte qui a longtemps été fermée», insiste-t-elle dans son interview à Paris Match en décembre 2014.