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Qui est Ashraf Ghani, arrivé en tête de l'élection présidentielle afghane?

Au lendemain du premier tour de la présidentielle en Afghanistan, Abdullah Abdullah était arrivé en tête du scrutin. Mais au second tour, Ashraf Ghani, ancien ministre des Finances, l'a devancé et a remporté le maximum de voix (56,4%). Contestant cette victoire, son adversaire a demandé un audit du suffrage. En attendant les résultats, portrait d'un homme connu des institutions internationales.
Article rédigé par Géopolis FTV
France Télévisions
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Ashraf Ghani (à gauche) et Abdullah Abdullah (à droite) se sont mis d'accord le 12 juillet 2014 pour lancer un audit des 8 millions de votes du pays.  (Haroon Sabawoon - Anadolu Agency)
«Etre président en Afghanistan est le travail le moins enviable au monde.» Interrogé par Le Monde en juin sur la portée de l’élection présidentielle de 2014, Ashraf Ghani avait répondu qu’il s’agissait d’un «tournant de l’histoire politique afghane». Aujourd’hui, respectant l’audit réclamé par Abdullah Abdullah, il se présente encore sur son compte Twitter comme «candidat présidentiel».
 
Né en 1949 dans la province afghane de Logar, Ashraf Ghani est un américanophile engagé dans le développement économique des pays émergents. Aux débuts des années 70, il étudie à l’American university de Beyrouth, où il rencontre sa femme Rula, avant de quitter l’Orient pour les Etats-Unis. Il obtient à l’université de Columbia un doctorat d’anthropologie quelques années plus tard. Il collabore régulièrement par la suite avec la BBC.
 
Professeur à Berkeley et à John Hopkins, puis économiste à la Banque mondiale, Ashraf Ghani développe un fort intérêt pour l’«économie humaine». Il passe alors quinze ans à conseiller la Chine et d’autres pays en voie de développement et de gouvernance. Il revient en Afghanistan en 2001.
 
«Comment reconstruire un Etat dévasté ?»
En juillet 2005, Asharf Ghani donne une conférence pour l’organisation TED sur les priorités d’un Etat en reconstruction. Fallait-il y voir un rôle providentiel ? Ses compétences économiques et diplomatiques sont reconnues à l’international. Il a d’ailleurs été conseiller spécial des Nations Unies en Afghanistan après l’invasion américaine. En 2006, il est même pressenti pour succéder à Kofi Annan au secrétariat général de l’ONU.
 
Ministre des Finances d’Afghanistan entre 2002 et 2004, Ashraf Ghani a impulsé une reprise de l’économie après la chute des talibans. S’il est élu, il a confié vouloir développer le secteur privé et l’entreprenariat régional. Aujourd’hui, huit des dix milliards du budget national viennent de l’étranger.
 
 Si je suis élu président, ma priorité sera de créer des emplois. L'Afghanistan est un pays enclavé qui doit devenir une plaque tournante régionales du transport et du commerce.

Se disant attaché à la transparence et la fiabilité du scrutin, le candidat s’est plié à l’audit et a promis de le faire respecter.
 
 La stabilité du pays est le souhait de chaque Afghan. Par conséquent, nous nous sommes engagés à auditer tous les votes de la façon la plus rigoureuse. 

Réseaux sociaux
Le candidat présidentiel a bien compris que les réseaux sociaux pourraient jouer en sa faveur. Le compte Twitter de l’ancien économiste de la Banque mondiale est suivi par plus de 21.000 personnes. Son équipe poste plusieurs tweets par jour, presque tous sont rédigés en anglais.
 
A l’inverse, son adversaire néglige quelque peu son compte Twitter. Il ne rassemble que 1134 abonnés mais, si quelques uns de ses tweets sont rédigés en anglais, la plupart le sont en arabe.
 
Sur son compte Twitter, Ashraf Ghani a répété que les deux candidats présents au second tour des élections devaient s’efforcer de préserver le calme et l’unité du pays. Contestée par son adversaire, la victoire d’Ashraf Ghani risque de provoquer un regain de tensions communautaires entre Pachtounes, tribu de M.Ghani, majoritaires au sud et à l’est, et Tadjiks, tribu dont est issu Abdullah Abdullah.
 
Parfaitement à l’aise en anglais et éduqué à l’occidentale, Ashraf Ghani devra encore parvenir à se faire accepter par toute la population afghane, dont celle qui vit dans les zones tribales au sud du pays.

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