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"Tout raser et partir ailleurs" : la désolation des Français dont les maisons sont fissurées à cause de la sécheresse

Suite à plusieurs épisodes de sécheresse ces dernières années, de nombreuses maisons se sont fissurées. 3 000 communes françaises sont concernées.

Article rédigé par franceinfo - Bastien Munch
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une maison fissurée à Demigny, en Saône-et-Loire le 25 octobre 2018. (MAXPPP)

"On entend craquer la nuit et le matin on découvre une nouvelle fissure" sur les murs de la maison, raconte Evelyne. C'est une conséquence du réchauffement climatique : avec la multiplication des épisodes de sécheresse, des maisons construites sur un sol argileux se fissurent. 3 000 communes sont concernées en France.

Des maisons invendables

La commune de Crégy-lès-Meaux (Seine-et-Marne), où habite Evelyne, a été particulièrement touchée. Pour cette habitante, les fissures sont devenues une obsession. Elle en a compté plusieurs dizaines, à l'extérieur et à l'intérieur de sa maison. "Il y a une fissure qui traverse tout le plafond. Le sol s'est affaissé. La cheminée a bougé et s'est désolidarisée du mur", détaille Evelyne qui assure que sa maison est aujourd'hui invendable en raison du montant des travaux. La seule solution qu'elle envisage est de tout raser et partir, "laisser tomber ce qu'on a mis vingt ans à avoir".

On ne peut plus se servir de la cheminée, on n'a pas pu chauffer l'hiver dernier

Evelyne

à franceinfo

Dans le garage de Jacky Rousse, autre habitant de Crégy-lès-Meaux, une fissure "d'un centimètre et demi permet de voir le jour à l'extérieur". "On se dit qu'une partie du mur n'est plus porteur. À un moment, ça va fléchir quelque part", s'inquiète-t-il. Jacky observe impuissant ces fissures progresser depuis deux ans.

Un phénomène qui s'étend

La commune de Crégy-les-Meaux a été reconnue en état de catastrophe naturelle pour l'épisode de sécheresse de l'an dernier. Ce phénomène touche de plus en plus de communes qui n'y étaient pas habituées, observe Sébastien Gourdier, géotechnicien au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). "Jusqu'à présent, c'était plus fréquent dans la moitié sud de la France, et désormais, en particulier lors de la sécheresse de 2018, cela s'étend vers la moitié nord", explique-t-il.

En mai dernier, Jacky Rousse a décidé de créer une association pour défendre ceux qu'il appelle "les fissurés de Crégy" et qui vont faire constater les dégâts par des experts. "Pour l'année 2018, la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle couvre la période du 1e juillet au 31 décembre, ce qui correspond effectivement à la période la plus sèche. Mais si on dit qu'on a une fissure qui est apparue le 15 juin, je ne sais pas qu'elle va être la réaction des experts. Les gens se demandent s'il ne faut pas dire que toutes les fissures sont apparues à partir du 1er juillet", raconte le responsable associatif.

On va jouer à un jeu de dupes avec les experts

Jacky Rousse

à franceinfo

Jacky et Evelyne n'excluent pas d'avoir recours à la justice si leur demande d'indemnisation est rejetée. De son côté, la fédération française de l'assurance appelle ces experts à examiner les cas avec le plus de bienveillance possible.

Le reportage franceinfo de Bastien Munch

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