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Sécheresse : à Marcoussis dans l'Essonne, un maraîcher travaille depuis trois générations sans pesticide et sans irrigation

Face à la sécheresse et aux restrictions d'eau imposées partout en France, le travail des agriculteurs et des maraîchers se complique. Sauf pour Marc Mascetti dont la famille a développé une philosophie et un travail de la terre sans arrosage.

Article rédigé par franceinfo - Benjamin Recouvreur
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Marc Mascetti est un maraîcher qui cultive sans eau dans l'Essonne. (BENJAMIN RECOUVREUR / RADIO FRANCE)

Au milieu de ses 17 hectares de terre, les tomates de Marc Mascetti font bonne figure. "À part un peu quelques culs noirs au bout, elles résistent. Elles ne sont pas grosses, par contre, elles sont goûteuses", se félicite-il. Pourtant ses sols sont craquelés comme partout ailleurs dans cette France en proie à la sécheresse.  

Fier de ses légumes en forme, Marc Mascetti fait la visite : "Là, deux variété de poivrons, les aubergines. Çà, ce sont les potirons. Là, des haricots, là, les salades. Elles ont été plantées il y a quinze jours. Elles ont eu la sécheresse, elles ont pris deux canicules et elles ne sont pas mortes !"

Le secret est dans la terre

Pas d'irrigation, pas d'arrosage pour le maraîcher qui sait pourtant qu'un légume, c’est "98% d'eau". Le secret se cache dans la terre qui reste humide en profondeur. "Au début c’est sec en surface. Puis arrivé à deux-trois centimètres, on arrive à faire une motte de terre. Donc, ça veut dire qu’il y a de la fraîcheur, il y a de l’humidité dans mon sol", explique-t-il. "Ça fait trois générations qu’on est sur notre plateau et qu’on n’a pas d’eau. La seule eau qu’on pourra garder, c’est l’eau du ciel".

Marc Mascetti récolte ses tomates qu'il cultive sans arrosage en Essonne, le 6 août 2022. (BENJAMIN RECOUVREUR / RADIO FRANCE)

Et pour ça, Marc Mascetti prépare son terrain dès la fin de l'hiver. Il laisse pousser les mauvaises herbes, les mélange avec des déchets organiques issus de ses récoltes, puis il les enfouit avant de laisser travailler les vers de terre."Les micro-organismes vont transformer tout ce que j’ai enfoui en engrais et en matière organique humide dont la plante peut se servir." Un sol argileux, retravaillé, re mélangé dès qu'il pleut pour emmagasiner l'humidité. "

"Quand on prend 10 millimètres d’eau, c’est génial ! On attend un jour ou deux et on pense tout de suite à re mélanger la terre humide avec la terre un peu plus sèche du dessous. C’est-à-dire qu’à chaque fois, on garde l’humidité en profondeur."

Marc Mascetti, maraîcher dans l'Essonne

à franceinfo

Ensuite le maraîcher fait confiance à ses légumes. "On doit essayer de lui faire comprendre qu’on ne va pas lui donner à boire en surface et l’obliger à former un système racinaire qui va descendre en profondeur. Il peut vivre largement les pieds dans l‘humidité, dans la fraîcheur. Les légumes normalement, on doit les laisser vivre. Ce sont eux qui décident, pas nous." 

Pas une solution pour tous les types de sol

Une méthode qui ne pourrait pas marcher partout, reconnaît Marc Mascetti, notamment dans le Sud, ni sur tous les types de terres. "Les sols sablonneux, je ne suis pas sûr que ça marche. Le problème c’est que ça descend beaucoup trop vite alors que nous l’argile, quand on fait une semelle de labour [couche de sol très dense qui se trouve immédiatement sous les passages fréquents du soc de la charrue], l’eau ne passe plus. Nous, on le fait parce que c’est nos terres, on les connaît mais chaque paysan doit connaître sa terre."

Pas une solution miracle donc mais il faudra, selon lui, réfléchir au modèle de production face aux sécheresses qui s'accentuent. "Il va falloir que les gens réfléchissent. Plus on va donner à boire, plus le jour où ils n’auront plus d’eau à donner à boire à leurs légumes, qu’est-ce qu’ils vont devenir ? Ça fait déjà plus de 40 ans qu’on sait que le climat va changer, qu’il va faire de plus en plus chaud et on n’essaie pas de trouver des solutions", se désespère-t-il. Le risque pour lui est d'avoir trop de pluie, avec un risque important d'inondations. C'est arrivé en 2016. Il avait alors presque tout perdu.

Rencontre avec un maraîcher de l'Essonne qui ne souffre pas de la sécheresse - Reportage de Benjamin Recouvreur
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