AVANT/APRES. La sécheresse historique dans les Pyrénées-Orientales vue du ciel

Les images satellite montrent les terres agricoles et la végétation détruites par les trop hautes températures et le manque d'eau.
Article rédigé par Léa Prati
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La sécheresse frappe Millas, dans les Pyrénées-Orientales, le 1er mai 2023. (ARNAUD LE VU / HANS LUCAS / AFP)

Rivières et sols asséchés, niveaux des nappes phréatiques au plus bas… Le département des Pyrénées-Orientales est bouleversé à cause du manque d'eau. Le territoire subit les effets de la sécheresse depuis 2021. L'année 2024 débute comme 2023 s'est achevée : il n'a pas plu une seule goutte sur le département et le déficit pluviométrique atteint déjà 80% pour le mois de janvier. En 2023, seulement 245 mm de précipitations ont été recensés, contre 560 mm habituellement. "2023 est l'année la plus sèche enregistrée sur ce département depuis le début des mesures en 1959", résume Simon Mittelberger, climatologue à Météo-France.

Les images satellite ci-dessous, prises à deux ans d'écart dans la zone d'Ille-sur-Têt, de Millas ou encore de Corbère montrent des parcelles agricoles et des végétations jaunies en plein hiver. Ces communes sont sous haute surveillance. Elles ont déjà été privées d'eau potable en juin 2023 à cause de la sécheresse d'un forage, avait signalé France Bleu Roussillon. Au total, 42 communes sont toujours en tension, selon la préfecture des Pyrénées-Orientales dans son dossier datant de janvier (PDF).

Résultat : la terre est complètement asséchée, rendant difficile toute plantation. "Les sols sont restés secs tout au long de l'année et n'ont pas non plus profité d'une réhumidification cet hiver. Sur ce département, les sols sont dans une situation digne d'un plein été", déplore le climatologue. Une variation de -90% par rapport à la normale de l'indice d'humidité des sols superficiels a été observée sur l'axe Prades-Céret au 23 janvier.

Les agriculteurs et les viticulteurs font partie des principales victimes de la situation. "De nombreuses aides et réponses leur ont été apportées et sont en cours d'élaboration au niveau national", explique la préfecture des Pyrénées-Orientales à franceinfo. Parmi elles, la mise en place d'un fonds d'urgence de 80 millions d'euros pour soutenir les viticulteurs ou encore une aide d'un million d'euros "destinée aux exploitations se trouvant en grande fragilité économique en raison de l'impact de la sécheresse".

Sans surprise, la situation n'est pas meilleure pour les nappes phréatiques. "Depuis la fin de l'été 2023, il n'y a pas eu de précipitations significatives alors qu'il s'agit d'une période favorable à la recharge des nappes. Ce constat est d'autant plus préoccupant que ce nouveau déficit vient se cumuler à celui de l'année hydrologique précédente", explique le Syndicat mixte pour la protection et la gestion des nappes de la plaine du Roussillon dans son dernier rapport (PDF). Seize lieux de prélèvements sont sous le niveau de crise, cinq sont "à leur plus bas niveau historique".

D'importants contrôles sont effectués pour préserver la ressource en eau. "Plus de 400 opérations de contrôle ont été effectuées durant l'année 2023 et une trentaine d'infractions ont été relevées", détaille la préfecture. Ces opérations diligentées sous l'autorité du procureur de la république seront reconduites en 2024.

Mais comment expliquer un tel déficit pluviométrique ? Le massif pyrénéen crée une sorte de barrière atmosphérique, qui empêche la pluie venue de l'ouest d'atteindre le territoire. "A cela s'ajoute une année 2023 très chaude, la deuxième plus chaude mesurée après 2022. Tous ces éléments ont provoqué beaucoup d'évaporation", détaille Simon Mittelberger.

Le réchauffement climatique accentue la sécheresse

Cette situation est à mettre en lien avec le réchauffement climatique qui provoque une élévation des températures, provoquant davantage d'évaporation et une saison végétative (où les plantes se développent et consomment de l'eau) plus longue. Un constat que fait Météo-France sur l'ensemble du Sud-Est : "Les précipitations montrent depuis 50 ans une légère baisse de l'ordre de 10%, notamment une baisse en hiver et un allongement de la saison sèche en fin d'été et début d'automne".

A l'avenir, les projections climatiques anticipent une baisse globale des précipitations sur le bassin méditerranéen, couplée à des épisodes de fortes précipitations plus intenses. Une combinaison qui risque de provoquer d'importantes inondations.

Consultez lamétéo
avec
voir les prévisions

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.