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Incendies au Groenland : la glace va "fondre plus facilement dans les régions affectées par les feux"

Le climatologue Jean Jouzel fait part de ses inquiétudes sur la capacité du Groenland à maîtriser les incendies qui ravagent la zone depuis fin juillet.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Photo d'illustration du Groenland. (M. LOHMANN / BLICKWINKEL)

La côte ouest du Groenland est ravagée par de très forts incendies dont les premiers ont été signalés le 31 juillet. Selon les autorités, ils ne devraient pas cesser dans les prochains jours. "Ces régions sont les sentinelles du réchauffement climatique. C'est deux fois plus rapide qu'en moyenne globale, et un peu plus au Groenland", a expliqué le climatologue Jean Jouzel mardi 15 août sur franceinfo.

franceinfo : Peut-on attribuer ces feux au réchauffement climatique ?

Jean Jouzel : Ce sont des régions où le réchauffement est extrêmement marqué, c'est vrai pour l'ensemble de l'Arctique, le réchauffement est deux fois plus rapide qu'en moyenne globale. Les derniers étés ont été marqués par des vagues de chaleur, on dépasse dans certains points 20°C. La toundra est très sèche. Cela brûle très bien parce que le feu se répand en surface. Le Groenland n'est pas du tout armé pour faire face à des feux et en arrêter la progression. C'est quelque chose d'exceptionnel qui risque de se reproduire.

C'est la fonte de la glace qui met à nu la végétation et assèche la région ?

Quand on va dans les régions côtières du Groenland, le front glaciaire s'est reculé et l'écoulement des glaces depuis le centre du Groenland jusque vers les régions côtières ont accéléré leur rythme d'écoulement. Ce qui fait que le Groenland est un contributeur important, pratiquement le quart, à l'élévation du niveau de la mer, pas loin d'un millimètre sur les trois qu'on voit chaque année. A long terme, si le réchauffement climatique se poursuivait, au-delà de 3 ou 4 degrés pendant quelques siècles, le Groenland pourrait fondre. Ce qui équivaut à 7 mètres d'élévation du niveau de la mer. C'est une catastrophe que l'on met en route avec nos activités.

Et ces incendies, qui libèrent de grandes quantités de CO2, accélèrent la fonte de la glace ?

Il n'y a pas que le CO2. Il y a aussi toutes les poussières qui rendent la glace plus absorbante. La glace devient un peu plus sale à la surface avec les panaches de fumée, ce qui va la rendre moins réfléchissante. Elle risque de fondre plus facilement dans les régions affectées par les feux.

Les territoires proches du pôle Nord ne sont donc plus épargnés par le réchauffement climatique ?

C'est vrai pour le Groenland, mais aussi pour des régions qui sont tout au Nord comme la Sibérie, où il y a de la végétation qui risque de brûler. C'est vrai aussi pour le Canada où il y a eu des incendies immenses l'an dernier. Chaque année, il y a des évènements exceptionnels de ce type qui se produisent. Ces régions sont les sentinelles du réchauffement climatique. Elles sont aux premières loges. C'est deux fois plus rapide qu'en moyenne globale, et un peu plus au Groenland qui n'a jamais été aussi chaud qu'aujourd'hui.

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