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Alpinisme : "Le Mont-Blanc restera accessible à ceux qui veulent le respecter. Pour les autres, on leur dit au revoir !"

Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais (Haute-Savoie), a réagi sur franceinfo alors que des mesures ont été prises afin de limiter le nombre d'alpinistes voulant accéder au Mont-Blanc.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le refuge du Goûter dans le massif du Mont-Blanc (Haute-Savoie). (FRANCIS GAUGAIN / FRANCE-BLEU BASSE-NORMANDIE)

Les alpinistes voulant escalader le Mont-Blanc par la voie normale en plusieurs jours ne pourront désormais plus le faire sans une réservation dans un des refuges de l'itinéraire, selon un arrêté signé vendredi 31 mai par le préfet de Haute-Savoie. L'objectif est d'en limiter l'accès en raison d'une trop grande affluence et d'un manque de respect du lieu et des règles de sécurité. "On est passé d'une génération d'alpinistes qui faisaient de la montagne par amour, par respect, pour le dépassement de soi, à une génération de touristes, d'urbains qui veulent faire des exploits", a critiqué sur franceinfo Jean-Marc Peillex, le maire de Saint-Gervais, délégué au tourisme en Haute-Savoie. "Le Mont-Blanc restera accessible à ceux qui veulent le respecter. Pour les autres, on leur dit au revoir!"

franceinfo : Les mesures de précaution signées aujourd'hui sont-elles nécessaires ?

Jean-Marc Peillex : Ce n'est pas nécessaire, c'est indispensable. C'est le respect d'un site naturel, d'une montagne qui est mythique. On est passé d'une génération d'alpinistes qui faisaient de la montagne par amour, par respect, pour le dépassement de soi, à une génération de touristes, d'urbains qui veulent faire des exploits, qui un jour veulent faire le marathon de New York, le lendemain le Mont-Blanc, ensuite ils iront faire le Kilimandjaro, tout ça pour faire un selfie. Le Mont-Blanc ne mérite pas ça, et ils ne méritent pas le Mont-Blanc.

Pourtant, vous êtes chargé du tourisme dans le département ?

Il faut découvrir la montagne avec des guides. Je crois que c'est la meilleure manière pour l'apprécier, pour la découvrir, pour en connaître les secrets. Par contre, la montagne, elle n'a pas une capacité comme un parc d'attractions. On n'est pas dans la plus belle des attractions d'un parc aventure. On est dans un milieu naturel où le climat peut changer d'un moment à l'autre et où effectivement, il y a une chose : le respect.

Parmi les mesures, il y a le devoir de réserver son gite au refuge du Goûter sous peine de contraventions. Il faut en arriver à la police du Mont-Blanc ?

Oui, bien sûr. Je crois qu'on a été le déclencheur du ras-le-bol d'un certain nombre de personnes et de sites. Quand j'ai obtenu enfin satisfaction après 15 ans de combat pour qu'à Saint-Gervais, la voie royale du Mont-Blanc soit respectée, on a parlé de Venise qui était surfréquentée, de l'île de Pâques, de Barcelone et de plein d'autres sites. Et aujourd'hui, c'est le Cervin qui est réglementé, c'est le Kilimandjaro qui est réglementé. Voilà : Je crois qu'il faut que l'homme arrête d'être si orgueilleux. Notre règle est : respectons le site. On ne va pas dans un avion si on n'a pas de billet, on ne va pas dans un hôtel si on n'a pas de chambre qui soit disponible. Eh bien, on ne fait pas le Mont-Blanc si on n'a pas de réservation au refuge. 25 000 personnes qui font le Mont-Blanc par an, ce n'est pas une manne financière. 100 000 visiteurs par jour dans la vallée de Chamonix. Je vous laisse comparer les deux chiffres. Il faut qu'on arrête de penser argent quand on pense Mont-Blanc et sommet du Mont-Blanc. Il faut qu'on pense respect du site naturel et je crois que les Français ont bien exprimé dimanche dernier dans les élections qu'ils en avaient un tout petit peu assez de cette politique du tout. On est un peu précurseurs. On veut vraiment que le Mont-Blanc soit préservé. On a deux solutions : ou il y a une interdiction comme on peut l'avoir au Bhoutan où certaines montagnes sont interdites, ou on agit avant d'arriver à une telle extrémité. 25 000 personnes par an qui font le Mont-Blanc, c'est déjà plusieurs centaines qui vont au sommet par jour. Il n'y a pas d'égout, pas de ramassage d'ordures ménagères. On descend les ordures en hélicoptère. Donc soyons raisonnables et le Mont-Blanc restera accessible à ceux qui veulent le respecter. Pour les autres, on leur dit au revoir !

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