L'étrange démission "poisson d'avril" du fondateur de VKontakte, le Facebook russe
Le premier réseau social en Russie, VKontakte, a accepté lundi 21 avril la démission de son fondateur Pavel Dourov, qui l'avait pourtant qualifiée de "poisson d'avril".
Que se cache-t-il derrière ce départ ? Le premier réseau social en Russie, VKontakte, a accepté lundi 21 avril la démission de son fondateur Pavel Dourov, qui l'avait pourtant qualifiée de "poisson d'avril", selon son service de presse. Le turbulent fondateur du réseau social aux 100 millions d'utilisateurs avait posé sa démission le 21 mars et le délai d'un mois prévu pour se rétracter s'est achevé aujourd'hui. Mais selon ses dires, il n'avait pas vraiment l'intention de quitter l'entreprise. Son message officialisant sa démission, sur Vkontakte, avait effectivement été posté le 1er avril.
Connu pour ses provocations, Pavel Dourov avait annoncé le 1er avril sa démission sur sa page VKontakte, arguant que sa liberté d'action s'était "nettement réduite". Deux jours plus tard, il s'était rétracté et avait indiqué que cette annonce était en réalité un poisson d'avril. "Malgré les commentaires et les discussions qui ont suivi, [cette démission] n'a pas été annulée", a déclaré au quotidien russe Vedomosti Dmitri Sergueïev, directeur exécutif de VKontakte (VK).
Un site "sous l'emprise" de deux proches de Poutine
"Nous aurions aimé que Pavel reste", a commenté la porte-parole du géant de l'Internet russe Mail.ru, qui détient 52% de VK et qui soutient Pavel Dourov dans le conflit qui l'oppose au fonds d'investissement United Capital Partners (UCP), à la tête des 48% restants du capital. Âgé de 29 ans, Pavel Dourov est accusé par UCP d'avoir utilisé les ressources de VK pour créer l'an dernier l'application de messagerie instantanée Telegram, indépendante du réseau social, qui a remporté un vif succès.
Mais le fond de l'affaire est sans doute plus politique. Dans un nouveau message, posté lundi sur VK, le fondateur du site affirme qu'il a appris son "licenciement" par la presse. Il accuse : "Aujourd'hui, VKontakte est sous l'emprise totale d'Igor Setchine et Alicher Ousmanov." Le premier est vice-Premier ministre de Vladimir Poutine et président du Conseil d'administration de Rosneft, la compagnie pétrolière russe étatique ; le second est un milliardaire qui a fait fortune dans les métaux.
"Peut-être que dans ce contexte, c'était inévitable"
Par ailleurs, mercredi soir, Pavel Dourov avait annoncé que le Service fédéral de sécurité russe (FSB) avait demandé au site VKontakte de lui remettre les données personnelles des organisateurs du groupe Euromaïdan, au centre de la contestation pro-occidentale en Ukraine. "Peut-être que dans le contexte actuel en Russie, [mon licenciement] était inévitable", poursuit-il.
Il est toutefois difficile d'établir un lien direct entre cette demande du FSB et sa démission. D'autant que les explications de Pavel Dourov restent confuses. Selon lui, le Conseil d'administration a "soudainement" décidé de considérer sa fausse démission comme "contraires aux règles". Une décision soutenue par les actionnaires de VK, pour qui le retrait de sa démission est un vice de forme. "Je suis automatiquement démis de mes fonctions actuelles", indique-t-il simplement dans son message.
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