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Apple Watch : pourquoi les Français tardent à se mettre à l'heure de la montre connectée

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des exemplaires de l'Apple Watch présentés dans un magasin de la rue Saint-Honoré, à Paris, le 30 septembre 2014. (LOIC VENANCE / AFP)

Apple présente en détails, lundi soir, les fonctionnalités de sa montre connectée. La marque à la pomme va devoir faire fort pour convaincre un marché hexagonal encore frileux.

Une montre connectée ? Pour quoi faire ? Alors qu'Apple doit détailler, lundi 9 mars, les fonctionnalités de l'Apple Watch, les consommateurs français ne semblent pas prêts à se ruer sur les étals pour s'équiper. Selon un sondage publié par l'institut Kantar début mars, seul 1,2% des Français* possède actuellement une montre ou un bracelet connecté, des objets qui permettent à leur porteur de mesurer leur activité physique, leur notifient leurs mails, comportent un mini-micro... 

Plus inquiétant pour les constructeurs, une large majorité (64%) des personnes interrogées ne compte pas mettre à son poignet l'un de ces objets dans les douze prochains mois. Voici pourquoi les Français continuent de regarder les montres connectées avec indifférence.

Parce qu'elles ont une image "gadget"

L'étude menée par Kantar révèle que Samsung, LG et les autres constructeurs ont encore du chemin à faire pour convaincre les Français. Près de six sondés sur dix affirment en effet ne pas trouver d'utilité à ce produit, quand 18% avouent carrément ne "pas comprendre" cette technologie.

"Pour l'instant, les rares personnes équipées ont un profil très technophile, confirme à francetv info un salarié d'un fabricant d'objets connectés. Pour les autres, il ne s'agit que d'un prolongement du smartphone, plus petit, moins complet, et qui ressemble la plupart du temps à un gadget en plastique." Et qui demande tout de même un certain investissement, le prix moyen de ces périphériques se situant autour de 200 euros. Citée par Le Monde, Elodie Perthuisot, directrice produits de la Fnac, reconnaît qu'un certain "travail de pédagogie" est nécessaire pour que les clients soient prêts à sauter le pas.

Sylvain, lui, fait partie des convaincus. Propriétaire d'une LG G Watch depuis l'automne, il juge qu'en affichant à son poignet les notifications importantes de son smartphone, sa montre connectée joue un rôle de "filtre social" dans sa vie quotidienne. Ce "principe 'd’écran-relais' permet de palier assez efficacement la tendance désociabilisante du smartphone, qui nous happe si aisément dans son flot de notifications, et nous fait perdre le fil de la conversation qui nous animait physiquement quelques secondes auparavant", explique le vingtenaire sur son site internet. "Il permet en un coup d’œil de connaître les tenants et aboutissants d’une notification importante, et de juger rapidement si elle nécessite une implication plus poussée de notre part."

Parce que la plupart sont contraignantes

Plus complète que son ancêtre à aiguilles, la montre connectée est également plus contraignante. A cause notamment de la consommation électrique des écrans tactiles lumineux, les batteries qui équipent la plupart des modèles ne tiennent pas deux jours sans être rechargées. "Ce manque d'autonomie constitue un vrai frein à l'adoption des montres connectées et des bracelets traqueurs d'activité. Nous avons constaté un taux important d'abandon au bout de quelques semaines, à cause de ces recharges à répétition", confirme à francetv info Jean-François Kitten, porte-parole de Withings, une société française qui produit ce type d'appareils.

"Certains modèles sont tellement gourmands en énergie qu'il faut appuyer sur un bouton pour afficher l'heure. Un comble pour une montre !", confirme le salarié d'un fabricant d'objets connectés interrogé par francetv info. "C'est entre autres pour cela que la montre Pebble, avec son écran noir et blanc inspiré des liseuses, et son autonomie d'une semaine, a rencontré un certain succès." Selon le site spécialisé The Verge (article en anglais), un million d'exemplaires de cette montre financée à l'aide des internautes a été écoulé fin 2014.

La montre connectée Pebble, qui utilise la technologie d'encre électronique pour limiter sa consommation d'énergie. (PEBBLE)

Pour contourner à sa façon ce problème d'autonomie, Withings a mis au point Activité, une montre à aiguilles classique qui comporte un traqueur d'activité relié au smartphone du propriétaire. Celui-ci peut ensuite consulter sur l'écran de son téléphone le nombre de pas effectués, ou la quantité de calories brûlées. "Cela nous permet d'obtenir une autonomie de huit mois, tout en ayant l'aspect d'une véritable montre, ce qui séduit plus facilement l'usager", assure Jean-François Kitten, qui affirme que son produit s'est retrouvé en rupture de stock lors de son lancement en France et aux Etats-Unis.

Parce que le marché n'a pas encore son produit star

Pour de nombreux observateurs, l'arrivée d'un produit phare pourrait permettre à la montre connectée de passer de la confidentialité au grand public. "On attend l’objet connecté qui sera à ce marché ce qu’a été l’iPhone aux smartphones", confirme au Monde Romain Brami, directeur adjoint du contenu chez Kantar. Avec la stratégie de communication qui entoure sa Watch, Apple a de bonnes chances de jouer ce rôle d'accélérateur du marché.

"Cela fait un an qu'Android Wear [le système d'exploitation de Google pour les objets connectés] est sorti, et de ce que l'on en sait, l'Apple Watch ne devrait pas proposer des fonctionnalités très différentes", estime le salarié du secteur joint par francetv info. "Mais la force d'Apple réside dans sa communication, qui peut permettre de mettre en pleine lumière un outil qui était jusque-là passé presque inaperçu".

"Apple positionne sa montre comme un accessoire de mode, et pas comme un produit high-tech", abonde Sylvain, utilisateur convaincu. "Ce n'est pas innocent s'ils ont décidé de s'offrir 12 pages de publicité dans la dernière édition du Vogue américain". Reste désormais à savoir si les Français seront séduits à l'idée de jouer les fashion victims.

* Etude réalisée sur internet du 26 janvier au 2 février 2015 auprès d'un échantillon de 1006 individus représentatifs de la population française (méthode des quotas).

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