Votre eau du robinet est-elle polluée ?

Près d'un million et demi de Français voient une eau trop polluée sortir de leur robinet. C'est ce que souligne une étude de l'association UFC-Que choisir, rendue publique mercredi 26 février, qui pointe l'agriculture comme principale cause de pollution.

L'association de défense des consommateurs propose, sur son site, une carte de France interactive de la qualité de l'eau, commune par commune. "Près de 98%" des Français ont "accès tout le long de l'année à une eau de bonne qualité", souligne l'UFC-Que choisir. En revanche, 1,48 million de personnes paient pour une eau non conforme, déplore l'association.

Pour être de bonne qualité, l'eau doit être conforme à la réglementation sur les six critères étudiés : qualité bactériologique, teneur en aluminium, pesticides, nitrates, sélénium et radioactivité. Toutefois, "un dépassement des normes ne signifie pas pour autant que l'eau n'est pas potable, prévient Olivier Andrault, chargé de mission à l'UFC-Que choisir. Tournez-vous vers votre mairie ou l'Agence nationale de santé."

Alors, vivez-vous dans une zone où l'eau est polluée ?

Zones agricoles : attention aux pesticides et nitrates 

L'agriculture était la principale source de pollution de l'eau, les consommateurs vivant dans les zones agricoles sont particulièrement mal lotis. Ils sont environ 900 000 à trouver des traces de pesticides, nitrates et sélénium dans leur verre d'eau.

La pollution aux pesticides touche 774 communes, comme Berck (Pas-de-Calais) ou Coulommiers (Seine-et-Marne). Les grandes zones de production agricole telles que le Bassin parisien, le Nord ou la vallée du Rhône sont particulièrement touchées par ces substances accusées d'être des perturbateurs endoctriniens et de provoquer des cancers.

Les nitrates polluent l'eau de 371 communes, surtout situées dans le quart Nord-Est de la France, correspondant aux zones de grandes cultures et de zones maraîchères (Bassin parisien, Champagne-Ardenne et Nord-Pas-de-Calais) où les engrais sont particulièrement utilisés. 

L'UFC-Que choisir s'attarde sur "le paradoxe breton" où, malgré la forte présence de nitrates dans les rivières, ceux-ci sont absents de l'eau du robinet, "grâce à la technique consistant à diluer des eaux polluées avec des eaux respectant la norme".

Le sélénium, composé naturel des couches profondes, pollue l'eau de 134 communes, dans les zones agricoles très irriguées comme l'Essonne, l'Eure-et-Loir, l'Indre, l'Indre-et-Loire, le Loiret, la Marne, le Nord, la Seine-et-Marne et la Vienne.

Campagne et montagne : un eau parfois mal traitée  

Quelque 500 000 Français reçoivent de l'eau qui dépasse les normes sur les critères bactériologiques, faute d'un bon traitement de l'eau (chlore insuffisant ou surdosage d'alluminium), explique l'UFC. Ils résident majoritairement dans des villes petites ou moyennes (comme Saint-Etienne et Albertville), à la campagne ou à la montagne (Massif central, Pyrénées, Alpes et Corse), où les installations de traitement de l'eau sont souvent mal réglées car insuffisamment contrôlées.

Région au sous-sol granitique : de la radioactivité naturelle

Seules 74 communes sont susceptibles d'être alimentées par une eau trop radioactive. Elles se trouvent en Ille-et-Vilaine, dans le Morbihan, en Corrèze, dans la Creuse et dans la Haute-Vienne. La radioactivité ne représente que 4% des pollutions.

Dans les villes : une eau de qualité

Pour bénéficier d'une bonne qualité d'eau, mieux vaut habiter dans une zone urbaine ou une grande ville. Depuis 2012, le niveau de contamination est en baisse de 35% dans les communes de plus de 5 000 habitants et en hausse de 8% dans les villages de moins de 500 habitants. Paris, Marseille, Bordeaux ou encore Nantes affichent une bonne qualité d'eau.

Quelles solutions ? 

Pour l'UFC-Que choisir, la qualité de l'eau du robinet est due aux importants moyens consacrés à la dépollution, pour un coût de 600 millions à un milliard d'euros par an, car les nappes phréatiques sont de plus en plus polluées. Un coût assumé par les consommateurs et non par les principaux pollueurs. "Une politique de l'autruche" pour Olivier Andrault. Il ajoute que "des centaines de captages d'eau potable sont fermés en raison de la pollution agricole et au lieu de les protéger, on se lance dans une course effrénée pour en trouver de nouveaux".

L'association demande au gouvernement d'agir, notamment avec la mise en place "de soutiens financiers aux agricultures utilisant une faible quantité" de polluants.