Plusieurs femmes ont bénéficié de privilèges dans l'affaire de la prison de Versailles qui a fait tomber son directeur
C'est ce qu'a dit vendredi le contrôleur général des prisons.
Le directeur de la prison pour femmes de Versailles, qui a dû quitter son poste en novembre après une enquête de l'Administration Pénitentiaire, a été mis en examen mercredi pour relations sexuelles avec une détenue en échange de traitement de faveur. Il avait évoqué une histoire d'amour.
Le directeur a été mis en examen mercredi pour remise illicite d'une somme d'argent et d'objets interdits à la détenue et laissé libre sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer ses fonctions. Un gardien a aussi été mis en examen pour les mêmes motifs.
La détenue en question est la jeune femme condamnée à neuf ans de prison pour avoir servi d'appât et avoir attiré le jeune Ilan Halimi en 2006, assassiné par le "gang des barbares".
Le directeur, qui a expliqué être tombé amoureux et assuré qu'il projetait de refaire sa vie avec la jeune femme, a donc été démenti par les révélations du contrôleur général des prisons. Lorsque les faits ont été rendus publics jeudi, M.Goncalves a été décrit comme un "homme amoureux" par une source proche de l'enquête. Pourtant, pour le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, l'affaire dépasse "l'amourette" dont on a parlé.
M. Delarue a révélé vendredi devant des journalistes avoir été alerté à l'été 2010 par deux détenues de la maison d'arrêt de Versailles. Lorsqu'il a envoyé deux contrôleurs les rencontrer, elles avaient été "exfiltrées", à son avis à titre de représailles, vers la prison de Fresnes. Après les avoir vues à Fresnes, ses services ont fait une visite de cinq jours à Versailles, du 22 au 25 octobre, a-t-il expliqué.
"Il est vite apparu que le directeur d'établissement se permettait des choses contraires à la discipline du corps dont il fait partie", a dit M.Delarue. Il y avait, selon lui, "trois filles qui étaient très liées" et qui étaient "particulièrement bien soignées", dont celle du gang des barbares. Avec trois autres détenues appartenant au "service général" (personnes chargées d'entretenir les bâtiments, nettoyer, porter les plats...), elles étaient regroupées dans deux cellules. "Les six habitantes de ces deux cellules étaient privilégiées par rapport à tout le reste de la détention", a affirmé M.Delarue.
Il a fait état de "facilités" comme des libertés de mouvements, mais a dit ne pas savoir si elles étaient accordées en échange de relations sexuelles. Il a écrit, début novembre, au directeur interrégional Ile-de-France de l'Administration Pénitentiaire, pour lui signaler les faits. Cette lettre a été l'un des éléments déclencheurs de l'enquête interne ordonnée par la Chancellerie.
Pour M.Delarue, ces faits "rarissimes" se passaient "au détriment de l'ensemble de la détention". "Un certain nombre de gens ont failli à leur travail", a-t-il déploré. Les faits, qui remontent selon lui à novembre 2009, ont duré "11 mois dans une maison d'arrêt de 110 détenues, où tout se sait !"
Interrogé par l'AFP, le procureur de la République de Versailles Michel Desplan a confirmé que M. Goncalves était mis en examen pour des faits ne concernant "qu'une détenue". "Il faut distinguer le volet disciplinaire et le volet judiciaire, qui peuvent parfois avoir des connexions, mais le favoritisme (d'un détenu) n'est pas une infraction pénale et la justice ne s'intéresse qu'aux faits qui peuvent être qualifiés pénalement", a-t-il expliqué.
L'avocat du directeur, Me Frédéric Landon, a contesté les faits rapportés par M.Delarue. M. Goncalves "n'a pas failli à sa mission", a-t-il affirmé à l'AFP. "Il a eu un contact privilégié pour des raisons tout à fait personnelles" avec une détenue, "mais ça n'a pas remis en cause le bon fonctionnement de la maison d'arrêt".
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