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Nicolas Sarkozy s'est dit mercredi scandalisé par les critiques de la commissaire européenne au sujet des Roms

Viviane Reding avait qualifié la politique d'expulsions de la France de "honte" et avait semblé établir un lien avec les déportations de la seconde guerre mondiale. Elle s'en est défendue mercredi soir.De son côté, Nicolas Sarkozy, qui compte s'expliquer jeudi à Bruxelles lors du Conseil européen, aurait eu une phrase qui a fait grimper la tension.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Nicolas Sarkozy lors d'une table ronde sur l'industrie, à Thiais (Val-de-Marne) le 14/09/10 (AFP/Eric Fefferberg)

Viviane Reding avait qualifié la politique d'expulsions de la France de "honte" et avait semblé établir un lien avec les déportations de la seconde guerre mondiale. Elle s'en est défendue mercredi soir.

De son côté, Nicolas Sarkozy, qui compte s'expliquer jeudi à Bruxelles lors du Conseil européen, aurait eu une phrase qui a fait grimper la tension.

Sarkozy: "si les Luxembourgeois veulent les prendre..."
Nicolas Sarkozy a profité d'un déjeuner à huis clos mercredi avec des sénateurs UMP pour qualifier de "scandaleux" le parallèle suggéré la veille par Mme Reding entre les expulsions de par la France et les déportations pendant la Seconde Guerre mondiale.

"Il a dit qu'il ne faisait qu'appliquer les règlements européens, les lois françaises et qu'il n'y avait absolument rien à reprocher à la France en la matière mais que si les Luxembourgeois voulaient les prendre il n'y avait aucun problème", a rapporté le sénateur de Haute-Marne Bruno Sido.

Des propos jugés aussitôt "malveillants" par le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn, qui a rappelé que Viviane Reding "ne parlait pas en tant que Luxembourgeoise mais commissaire à la Justice".

Le Premier ministre François Fillon devait faire mercredi soir un aller-retour à Bruxelles pour "expliquer la position de Paris" lors d'un dîner du Parti populaire européen (droite), majoritaire au Parlement européen.

Viviane Reding regrette les interprétations
L'expulsion des Roms par la France n'a aucun rapport avec ce qui s'est passé pendant la Seconde Guerre mondiale, a affirmé mercredi à l'AFP la commissaire européenne, Viviane Reding.

"Je regrette les interprétations qui détournent l'attention du problème qu'il faut maintenant résoudre. Je n'ai en aucun cas voulu établir un parallèle entre la Deuxième Guerre mondiale et les actions du gouvernement français d'aujourd'hui", a-t-elle assuré.

"J'ai au contraire défendu, au nom du Collège (Commission européenne, ndlr), les principes et les valeurs sur lesquelles notre Union européenne est fondée", a-t-elle ajouté. Elle a promis que la Commission européenne rendrait son analyse définitive "d'ici à deux semaines" et "prendrait les mesures appropriées à la situation".

Nicolas Sarkozy a pris acte mercredi soir des "excuses" de Viviane Reding. "La présidence de la République prend acte des excuses de Mme Viviane Reding, vice-présidente de la Commission européenne, Commissaire à la Justice, aux droits fondamentaux et à la citoyenneté, pour ses propos outranciers à l'endroit de la France", indique l'Elysée dans un communiqué laconique.

Viviane Reding a demandé mardi à paris de lui fournir "dans les plus brefs délais" des explications sur la circulaire controversée au sujet des expulsions de Roms.

Elle menacé la France de poursuites en justice pour non respect de la législation de l'UE, semblant tirer un parallèle avec les déportations de la Deuxième guerre mondiale.

"J'ai été personnellement interpellée par des circonstances qui donnent l'impression que des personnes sont renvoyées d'un Etat membre (de l'UE) juste parce qu'elles appartiennent à une certaine minorité ethnique. Je pensais que l'Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la Deuxième Guerre mondiale", avait lancé la commissaire.

Réactions internationales
L'Allemagne
a apporté mercredi son soutien à la Commission européenne. Le droit de libre circulation au sein de l'Union européenne (UE) "est inconditionnel", et "aucune discrimination n'est autorisée à l'encontre de minorités ethniques", a estimé le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert.

Le président de la Commission José Manuel Barroso a apporté lui aussi mercredi son soutien sur le fond à Mme Reding en soulignant que "la loi communautaire doit être respectée". Mais il a cherché l'apaisement en assurant que Mme Reding n'avait "pas voulu établir un parallèle entre ce qui s'est passé durant la deuxième Guerre mondiale et la période actuelle".

Le président bulgare Gueorgui Parvanov a reproché mercredi à la France le renvoi de Roms bulgares et roumains, qui est selon lui "en décalage avec les valeurs européennes".

Les Etats-Unis "invitent la France et d'autres pays à respecter les droits des Roms", a déclaré mercredi un haut responsable du Département sous couvert de l'anonymat.

Le président du Conseil italien Silvio Berlusconi, a apporté en revanche son soutien à Nicolas Sarkozy. Dans un entretien publié jeudi dans Le Figaro, il estime que Mme Reding "aurait mieux fait de traiter le sujet en privé avec les dirigeants français avant de s'exprimer publiquement".

En France, le député PS Arnaud Montebourg a estimé que "Viviane Reding a mis le doigt sur un vrai problème". "Avant la déportation des juifs, il y a eu des mesures discriminatoires +acceptables+", a souligné le député de Saône-et-Loire sur Public Sénat. Selon lui, "la déportation des juifs est venue dix ans après les premières mesures discriminatoires. On commence comme ça, donc il faut savoir s'arrêter", a prévenu le député.

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