Blocages à Mayotte : "On vit une situation dramatique, toute l'économie est paralysée", déplore la présidente du Medef sur l'île
"On vit vraiment une situation dramatique", déplore mercredi 7 février sur France Inter Carla Baltus, présidente du Medef à Mayotte, alors que des barrages routiers bloquent toujours la circulation en plusieurs endroits de l'île depuis le 22 janvier. Depuis plus de deux semaines, le collectif des Forces vives de Mayotte maintient des blocages pour protester contre l'insécurité permanente dans ce département français. Les barrages ont été levés temporairement mardi 6 février pour permettre aux Mahorais de participer à une manifestation à Mamoudzou.
Carla Baltus décrit des "barrages quasiment tous les kilomètres" auxquels s'ajoutent "des barrages de jeunes délinquants qui agressent et caillassent". "Ce qu'on vit aujourd'hui c'est le chaos par-dessus du chaos", se désole la présidente du Medef à Mayotte. Elle affirme que les Mahorais "n'ont plus de vie", forcés d'être "cloîtrés chez [eux] à 18h". Elle juge même "un peu dangereux d'aller simplement à la plage" ou "de sortir un peu tard au restaurant". "On craint pour notre vie tous les jours", s'émeut-elle.
Des pénuries dans les magasins et les pharmacies
En raison de ce mouvement social, il est "impossible de circuler" sur l'île, à tel point que "toute l'économie est totalement paralysée". Selon Carla Baltus, "100% du BTP est à l'arrêt", puisque les travailleurs ne "peuvent pas arriver au chantier". "Quand tout va bien, on a 25% des effectifs dans les entreprises". Elle explique que "le port est quasiment bloqué" ce qui engendre de grandes difficultés d'approvisionnement. La présidente du Medef à Mayotte constate ainsi des "pénuries dans des magasins", mais aussi des "désistements dans les hôtels" et des réservations en berne dans les restaurants. Elle craint ainsi que "beaucoup de commerçants ne s'en sortent pas" face à cette situation.
À la tête d'une entreprise de transport public routier, Carla Baltus remarque que des "conducteurs ont du mal à passer" les barrages et ne peuvent donc pas emmener les enfants dans leurs établissements scolaires. "Peu d'enfants arrivent à aller à l'école", regrette-t-elle.
La patronne du Medef mahorais alerte par ailleurs sur "un problème sanitaire" qui vient s'ajouter aux difficultés économiques. Elle assure que "des professionnels de santé ont du mal à passer les barrages" ou que "les livreurs n'arrivent pas à livrer les pharmacies".
Carla Baltus explique que cette insécurité n'est pas récente et que ses conséquences pèsent lourd sur l'économie locale. "Les entreprises souffrent depuis des années", insiste la présidente du Medef à Mayotte. Elle salue l'action du "gouvernement" à l'égard du département le plus pauvre de France. Carla Baltus met ainsi en avant "les moyens financiers" qui ont été déployés sur l'île. Mais elle note un certain "paradoxe". "Malgré tous les moyens financiers qu'on met, on n'y arrive pas", se désole-t-elle. Elle réclame donc l'intervention d'un "médiateur" pour arriver à une sortie de crise. Carla Baltus "demande à ce qu'un représentant de l'État vienne à Mayotte pour s'asseoir autour de la table". Elle réclame également "la clémence" auprès de tous les acteurs : "On n'aura pas tout tout de suite, du jour au lendemain", insiste-t-elle.
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