Les producteurs de lait poursuivent leur mouvement
Les grévistes saluent des "avancées", mais ils les jugent insuffisantes et sont déterminés à poursuivre leur mouvementLes grévistes saluent des "avancées", mais ils les jugent insuffisantes et sont déterminés à poursuivre leur mouvement
Les organisations grévistes de producteurs de lait ont estimé mardi que l'annonce de prêts préférentiels pour alléger la trésorerie des éleveurs était une "avancée certaine de leur cause".
"On va dans le bon sens, mais on est loin du compte", a estimé le président de l'association des producteurs de laits indépendants (APLI), Pascal Massol.
Pour Pascal Massol, qui craint une "radicalisation", le mouvement pourrait continuer sous d'autres formes "comme le filtrage des laiteries", plutôt que l'épandage de lait , très impopulaire.
"La mobilisation continue et le prix du lait doit remonter au-dessus des coûts de production, sinon le malade va mourir", a déclaré de son coté Daniel Condat, président de l'Association des producteurs de lait (APL). "On nous propose un emprunt de 2.500 euros et on a une perte de 15.000 euros" en moyenne par producteur sur un an, dit-t-il.
La Coordination Rurale et l'Organisation des producteurs de lait (OPL) "constatent une avancée certaine de leur cause". Mais, selon elles, "ces signes encourageants ne permettent pas aux producteurs de relâcher la pression qui doit aboutir à la convocation effective d'un conseil extraordinaire des ministres européens de l'Agriculture" réclamé la veille par le ministre français de l'Agriculture Bruno Le Maire.
En province, des laiteries ont été bloquées ou filtrées et "quelques épandages" de lait ont eu lieu. A Paris, la Confédération paysanne, qui n'a pas appelé à la grève du lait mais la soutient, a organisé une distribution gratuite de lait place de la République.
Après le ralliement de la Pologne lundi, 19 pays sur 27 soutiennent désormais une proposition franco-allemande en vue d'une régulation du marché européen afin d'enrayer l'effondrement des prix.
Des prêts préférentiels aux producteurs de lait
Les banques vont accorder des prêts à remboursement différé de 250 millions d'euros aux producteurs de lait. Cette mesure, annoncée lundi par le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, qui avait reçu des représentants des banques et des assureurs, devrait soulager leur trésorie.
Les assureurs vont pour leur part reporter les appels à cotisation qui tombent au mois de novembre à juin 2010.
"Ces 250 millions seront prêtés tout de suite et les producteurs ne rembourseront qu'à partir de janvier 2011", a indiqué le ministre, précisant qu'il avait négocié avec les banquiers un taux d'intérêt "maximal de 3%".
Par ailleurs, l'Etat va utiliser les 30 millions d'euros récemment débloqués pour soutenir les éleveurs français pour rembourser les intérêts d'emprunt 2009 des producteurs les plus touchés.
Une partie des producteurs observent depuis onze jours une "grève du lait" pour obtenir une remontée des cours du lait dont les prix ont chuté et la mise en place d'une régulation publique du marché.
Les producteurs de lait ont organisé la semaine dernière des "journées blanches" de protestation en épandant des millions de litres de lait sur des champs.
Samedi, le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, leur a proposé de négocier des accords avec les industriels sous le contrôle des pouvoirs publics afin de leur garantir un "revenu stable".
Bruno Le Maire a appelé lundi à la tenue début octobre d'un conseil extraordinaire des ministres européens de l'Agriculture pour tenter de trouver une issue à la crise.
Raffarin au secours des laitiers
Jean-Pierre Raffarin a demandé lundi au gouvernement d'accorder "une année blanche" aux éleveurs français en difficulté. Pour l'ex-Premier ministre, l'action pour la régulation menée à l'échelon de l'Europe doit se doubler d'un combat national.
Interrogé lundi sur i-télé, Jean-Pierre Raffarin a plaidé pour une aide des producteurs français qui ont fait des emprunts pour se conformer aux standards européens.
"Il y a eu des efforts de mise aux normes très importants, des investissements chez les agriculteurs, chez les éleveurs, notamment les plus jeunes, qui sont très lourds à porter. Je demande qu'avec les banques, le gouvernement prépare une année blanche concernant les emprunts de mise aux normes", a-t-il insisté.
"C'est un sujet très grave. Les producteurs de lait sont indispensables au pays, non seulement pour leur production mais aussi parce qu'ils font vivre le territoire", a ajouté Jean-Pierre Raffarin.
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