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Les obsèques du double vainqueur du tour de France ont eu lieu vendredi après-midi au Père Lachaise

Un hommage simple et intime lui a été rendu en présence de quelque 200 proches et amis, issus essentiellement du milieu sportif.Mort à 50 ans, Laurent Fignon avait débuté sa carrière de professionnel en 1982, remporté le Tour de France en 1983 et 1984, le Tour d'Italie en 1989. Depuis 2006, il commentait le Tour de France sur France Télévisions.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
France Télévisions
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Laurent Fignon en 2008 (AFP / François Guillot)

Un hommage simple et intime lui a été rendu en présence de quelque 200 proches et amis, issus essentiellement du milieu sportif.

Mort à 50 ans, Laurent Fignon avait débuté sa carrière de professionnel en 1982, remporté le Tour de France en 1983 et 1984, le Tour d'Italie en 1989. Depuis 2006, il commentait le Tour de France sur France Télévisions.

Vendredi après-midi, peu après 14h00, la dépouille de l'ancien champion cycliste a été présentée quelques minutes au public, rassemblé devant l'entrée du Crématorium où devait avoir lieu une cérémonie laïque d'une vingtaine de minutes.

Quelques anciens champions (Alain Prost, Bernard Hinault, Sean Kelly, Alain Gallopin, Alain Bondue...) étaient présents aux côtés de personnalités de la télévision (Michel Drucker, Gérard Holtz...) et de la famille de Laurent Fignon.

Pendant une heure, des hommages (discours, poème, musique et chants) ont été rendus dans la salle des Coupoles, devant laquelle avaient été placés un grand portrait de Fignon, en civil, et deux photos, dont l'une avec le maillot jaune. A l'issue de la cérémonie, la famille n'a pas souhaité recevoir de condoléances et a proposé de faire des dons à l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM) et à la Ligue contre le cancer.

C'est en juin 2009 que Laurent Fignon avait annoncé, dans un livre, qu'il était atteint d'un cancer avancé des voies digestives. Malgré la maladie, il avait tenu son poste de consultant pour France Télévisions lors des éditions 2009 et 2010 du Tour de France.

Dans son ouvrage intitulé Nous étions jeunes et insouciants, Laurent Fignon avait aussi reconnu la prise d'amphétamines et de cortisone durant sa carrière de coureur, mais n'avait pas établi un lien direct avec la maladie.

Outre ses deux victoires finales dans le Tour de France, Fignon, coureur professionnel de 1982 à 1993, a gagné également un Giro (1989) et plusieurs classiques dont Milan-San Remo à deux reprises (1988 et 1989). Le Parisien s'était aussi incliné pour 8 secondes à l'arrivée du Tour de France 1989 derrière l'Américain Greg LeMond.

Né dans la capitale française le 12 août 1960, Laurent Fignon était le dernier champion parisien de cyclisme. Après ses triomphes du début des années 1980, alors qu'il n'avait pas 25 ans, il avait été le perdant magnifique du Tour 1989, perdu avec la plus petite marge de l'histoire face à son rival américain.

Entre les blessures qui ont affecté sa carrière et les 76 victoires à son palmarès, cet homme de caractère ombrageux, sincère et provocateur a profondément marqué son époque.

Si son premier succès au Tour en 1983 a été facilité par la chute du maillot jaune Pascal Simon, il a réellement dominé l'édition suivante en gagnant cinq étapes. Bernard Hinault, tout juste rétabli d'une opération au genou, fut impuissant à défier la supériorité du jeune Parisien aux lunettes d'étudiant.

Grand puncheur, à la fois offensif et réaliste, Fignon s'illustra sur tous les terrains, dans les classiques et dans les courses par étapes. Il toucha au chef-d'oeuvre en gagnant deux années de suite Milan-San Remo avant d'obtenir justice dans le Giro 1989, cinq ans après avoir été privé injustement de la victoire.

Parti en Italie après s'être séparé de son mentor et associé Cyrille Guimard, il avait raccroché le vélo en août 1993. Reconverti un temps dans l'organisation de courses, il s'était notamment occupé de Paris-Nice, vendue en 2002 à ASO.

Devenu consultant pour les médias, il avait tenu à être présent sur le Tour en 2009 et 2010 pour France Télévisions malgré les soins contre le cancer qui a fini par l'emporter.

Les principales victoires de Laurent Fignon, lors de sa carrière professionnelle, de 1982 à 1993:

Courses d'un jour:
- Championnat de France 1984
- Milan-Sanremo 1988 et 1989, Flèche Wallonne 1986
- A travers le Morbihan 1983, Paris-Camembert 1988
- GP des Nations 1989, Trophée Baracchi et GP de Baden-Baden (avec Thierry Marie)

Courses par étapes:
- Critérium international 1982 et 1990
- Tour de Sicile 1985
- Tour de la CEE 1988
- Tour des Pays-Bas 1989
- Ruta de Mexico 1993

Grands tours:
- Tour de France: vainqueur en 1983 et 1984. 2e en 1989. 9 étapes (1 en 1983, 5 en 1984, 1 en 1987, 1 en 1989, 1 en 1992). Maillot jaune pendant 22 jours.

- Giro: vainqueur en 1989, 2e en 1984. 2 étapes (1 en 1984, 1 en 1989). Meilleur grimpeur en 1984. Maillot rose pendant 15 jours.

- Vuelta: 3e en 1987. 2 étapes (1 en 1983, 1 en 1987).

Le monde du cyclisme sous le choc
Pour le directeur du Tour de France Christian Prudhomme, "c'était une grande figure du cyclisme français. Je mêlerai autant le palmarès que l'homme. Il a marqué par sa carrière, ses succès et sa défaite historique en 1989 qui est réductrice par rapport à son palmarès: deux Tours de France (1983, 1984), deux Milan-Sanremo (1988, 1989), une Flèche Wallonne (1986), un titre national (1984)... C'était aussi un caractère, avec un franc-parler qui ne s'est pas démenti pendant trente ans, quand il était coureur et ensuite en tant qu'organisateur ou consultant. Il n'hésitait pas à dire les choses. Il a incarné un cyclisme offensif, fait d'attaques variées et incessantes avec un côté chevaleresque. Dès qu'il est passé pro, on l'a remarqué avec ses cheveux blonds, ses lunettes rondes, sa réputation d'intellectuel... C'est quelqu'un qui avait du charisme."

Laurent Jalabert s'est dit "bouleversé" par la mort de l'"immense champion" qu'il a affronté sur le vélo et qu'il a appris à davantage apprécier encore comme collègue consultant sur France Télévisions. "Quand on sait qu'une personne est atteinte d'une maladie qui n'est pas facile à soigner, on craint toujours qu'elle ne s'en sorte pas. Mais, là, ça m'a choqué, ça m'a bouleversé parce que, honnêtement, je pensais après le Tour qu'il était sur la bonne voie", a dit l'ancien champion cycliste joint au téléphone par l'AFP.

L'ancien coureur cycliste Richard Virenque a déclaré sur RTL: "Il a totalement marqué son époque par rapport aux performances qu'il a pu faire dans sa carrière, dans le Tour de France et dans d'autres courses. Il a marqué l'histoire du vélo grâce au charisme qu'il pouvait avoir (...). Fignon était une personnalité dans le monde du cyclisme. C'est quelqu'un qu'on ne pouvait que respecter par rapport à ce qu'il a fait dans le cyclisme et ce qu'il a apporté au cyclisme français."

Je suis très touché. C'était un combattant, il se battait pour la victoire comme moi, mais on menait toujours une lutte honnête, correcte. Là encore (face à la maladie) il s'est battu mais il n'a pas gagné", a déclaré Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour de France.

Pour son ancien coéquipier et manager de la FDJ, Marc Madiot, sur i-Télé, "c'était un caractère, sur le vélo, en dehors du vélo, et même ces derniers temps... Chapeau bas." Quant à Jean-François Bernard, ami et ancien coureur, sur France info, il déclarait: "On savait que Laurent était pas bien ces derniers jours, mais on pensait toujours qu'avec le courage qu'il avait il s'en sortirait. Une fois de plus, la maladie a été plus forte."

L'Américain Lance Armstrong, sept fois vainqueur du Tour de France, a rendu hommage au Français Laurent Fignon. "Je viens juste d'apprendre la disparition de Laurent Fignon. Il était un ami cher et un cycliste de légende. Tu vas nous manquer, Laurent", a écrit Lance Armstrong sur sa messagerie personnelle Twitter.

Réactions unanimes
"Lors du dernier Tour de France, qu'il a commenté avec une passion intacte et une énergie surhumaine, Laurent Fignon a montré qu'il était un homme qui savait faire face à son plus difficile combat. Il a donné alors, au monde entier, une leçon magistrale de dignité, de courage et d'humanité", a déclaré le président de la République Nicolas Sarkozy.

Pour le Premier ministre François Fillon, "malgré la maladie qui l'avait beaucoup affaibli, Laurent Fignon a commenté le Tour de France à la radio et à la télévision, jusqu'en juillet dernier. Après avoir séduit les Français par ses qualités de champion, il avait su transmettre sa passion par ses analyses toujours pertinentes. Nous garderons le souvenir d'un homme sympathique et courageux."

La secrétaire d'Etat aux Sports Rama Yade s'est pour sa part déclarée "attristée et très émue" par la mort du coureur cycliste, estimant que la France avait perdu "un coureur immense au talent exceptionnel". "J'ai eu l'occasion (...) de le côtoyer sur le dernier tour et de le voir commenter avec beaucoup de passion et de plaisir le duel entre Schleck et Contador", a encore déclaré la ministre à la presse en marge du campus des jeunes de l'UMP réuni à Port-Marly (Yvelines).

La première secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry a rendu hommage à "cet immense sportif (qui) nous a fait vibrer pendant toute sa carrière par son énergie et ses exploits autant que par l'élégance de son style et a offert son exceptionnelle contribution au rayonnement du cyclisme français."

Marie-George Buffet, députée communiste et ex-ministre des Sports a estimé qu'"avec lui disparaît un grand champion, mais aussi un homme qui parlait vrai, un homme de courage qui s'est battu avec force contre la maladie. C'était aussi une personnalité dont j'ai pu apprécier le caractère atypique. Laurent Fignon était un sportif de très haut niveau et un homme qui a toujours voulu faire partager la réflexion qu'il menait en profondeur sur le cyclisme et plus généralement sur le sport".

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