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Le professeur de cardiologie Iung affirme que Servier a dénaturé en 2009 un rapport sur le Mediator et ses risques

Bernard Iung affirme dans Libération de jeudi que le laboratoire Servier a dénaturé en 2009 un rapport sur le Mediator et ses risques cardiaques, afin de tenter d'en poursuivre la vente.L'antidiabétique, également utilisé comme coupe-faim, serait responsable selon des études officielles de 500 à 2.000 décès en France entre 1976 et 2009.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Le Mediator a été retiré du marché en novembre 2009 en raison des risques de valvulopathie qu'il présente. (AFP - Fred Tanneau)

Bernard Iung affirme dans Libération de jeudi que le laboratoire Servier a dénaturé en 2009 un rapport sur le Mediator et ses risques cardiaques, afin de tenter d'en poursuivre la vente.

L'antidiabétique, également utilisé comme coupe-faim, serait responsable selon des études officielles de 500 à 2.000 décès en France entre 1976 et 2009.

Dans Libération de jeudi, le professeur Bernard Iung, payé 5.000 euros par le laboratoire Servier pour évaluer le produit mis de longue date en doute, avait analysé 45 cas de valvulopathies, une affection cardiaque, chez des patients prenant du Mediator. Il explique dans le quotidien Libération avoir conclu que 12 des 17 cas les plus graves pouvaient être liés au médicament. Pour 15 cas moins graves, il parlait d'une implication possible dans dix cas.

Il assure avoir, ensuite, réalisé que le laboratoire avait modifié la présentation écrite de son rapport à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afsspas) pour y inclure l'idée que les propositions de Servier de maintenir la commercialisation étaient "adéquates".

Le Mediator a néanmoins été suspendu après cette présentation, puis interdit.

L'Igas remet samedi au ministre de la Santé son rapport sur le Mediator

Deux mois après s'être vu confier cette enquête par le ministre de la Santé Xavier Bertrand, l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) lui remet samedi son rapport, rendu public ensuite.

L'association UFC-Que Choisir porte plainte

L'association UFC-Que Choisir a déposé jeudi à Paris sa plainte contre X pour "homicide et blessures involontaires" ainsi que "tromperie aggravée", dans l'affaire du Mediator. La plainte concerne également "l'omission de porter secours" aux victimes présumées de ce médicament.

Dans cette affaire, UFC-Que Choisir agit comme association agréée pour représenter l'intérêt collectif des consommateurs, a précisé son avocat. Par sa plainte, UFC-Que choisir cherche selon lui à connaître le type d'infraction commise par Servier qui était "chargé du suivi de son produit", le Mediator, sur le marché.

L'enquête en cours

Mardi, 116 plaintes ont déjà été déposées au tribunal de grande instance de Paris par l'Association des victimes de l'isoméride et du Mediator (Avim), dont 10 pour homicide involontaire et 106 pour blessures involontaires.

La première plainte avait été déposée à Nanterre, en décembre 2010. Depuis, une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris, au profit duquel le procureur général de Nanterre Philippe Courroye s'est dessaisi, et confiée aux gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp).

Un premier témoin entendu

Ces derniers ont procédé mercredi à l'audition d'un premier témoin: la pneumologue Irène Frachon, à l'origine de la révélation du scandale du Mediator. "C'est un soulagement de voir que la justice a commencé son travail sur cette histoire dramatique", a précisé à l'AFP Mme Frachon, selon laquelle "on est à un moment-clé".

Une mission d'information mise en place
De son côté, l'Assemblée nationale s'est elle aussi saisie de l'affaire en instaurant une mission d'information, "Mediator et pharmacologie", dont la présidence a été confiée au cardiologue et député PS, Gérard Bapt.

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