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La visite de François Fillon au Proche-Orient s'est terminée dimanche à Amman où il a signé des accords commerciaux

7 accords ont été signés dont deux dans le nucléaire, comprenant un accord minier entre le gouvernement jordanien et le groupe français Areva pour l'exploitation des gisements d'uranium dans le centre du pays, d'un montant potentiel de 600 millions de dollars, selon Matignon
Article rédigé par France2.fr
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Le Premier ministre français François Fillon en Jordanie (21 février 2010) (F2)

7 accords ont été signés dont deux dans le nucléaire, comprenant un accord minier entre le gouvernement jordanien et le groupe français Areva pour l'exploitation des gisements d'uranium dans le centre du pays, d'un montant potentiel de 600 millions de dollars, selon Matignon

François Fillon a indiqué qu'il avait évoqué avec son homologue Samir Rifai l'offre des entreprises françaises pour la construction de centrales nucléaires dans le golfe d'Aqaba, sur la mer Rouge. Areva est candidate pour la construction de deux centrales dans le golfe d'Aqaba "représentant plusieurs milliards d'euros", selon Matignon.

La France est le premier investisseur étranger non arabe dans le royaume hachémite mais elle n'est que le 13e fournisseur dans le pays (2,3% de part de marché en 2008). Les entreprises françaises tentent de se positionner sur les créneaux porteurs de l'eau, des transports, des télécommunications et de l'énergie, particulièrement l'énergie nucléaire.

Après une visite en Syrie, le Premier ministre français était arrivé samedi soir à Amman pour une visite de 24 heures. Il est reparti pour Paris dimanche dans l'après-midi.

François Fillon a par ailleurs rappelé le "rôle précieux et inlassable de facilitateur que la Jordanie joue pour une reprise des négociations de paix" au Proche-Orient. La Jordanie, dont la majorité de la population est d'origine palestinienne, est avec l'Egypte le seul pays arabe à avoir signé, en 1994, un traité de paix avec l'Etat hébreu. Paris et Amman "partagent la même vision, le même diagnostic, le même objectif (...): un état palestinien viable, indépendant, démocratique vivant en paix aux côtés d'Israël dans des frontières sûres et reconnues sur la base des frontières de 1967", a affirmé M. Fillon.

Il a tempéré les déclarations de son ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, qui estime qu'"on peut envisager" la proclamation et la "reconnaissance immédiate" d'un Etat palestinien avant même les négociations sur ses frontières. "Cette suggestion témoigne de cette volonté qui est la nôtre d'accélérer le processus, de prendre des initiatives qui permettent d'enclencher des négociations qui tardent trop à commencer", a-t-il répondu, répétant l'offre de la France d'organiser une grande conférence pour la paix à Paris.

"La Jordanie appuie tous les efforts qui nous permettront d'arriver à la paix pour la création d'un état palestinien stable", lui a répondu son homologue Samir Rifaï. M. Fillon rencontrera lundi le président de l'autorité palestinienne Mahmoud Abbas, en visite en France.

Fillon appelle la Syrie à faire des "efforts"
François Fillon a appelé samedi la Syrie à faire "des efforts" pour la paix au Proche-Orient. Alors que François Fillon et son homologue syrien Mohammed Naji Otri se sont mis d'accord pour intensifier les échanges commerciaux entre la France et la Syrie, le dossier nucléaire iranien est resté une pomme de discorde.

M.Fillon a critiqué à trois reprises, en termes voilés, les réserves américaines des premiers temps, lorsque Nicolas Sarkozy adouba Bachar el Assad sur la scène internationale lors du lancement de l'Union pour la Méditerranée (UPM) en juillet 2008 à Paris. "Tous ceux qui nous critiquaient lorsque nous avons pris cette initiative nous rejoignent", a-t-il dit lors d'une rencontre avec la communauté française. Il s'était "réjoui" auparavant que "les Etats-Unis aient choisi la même voie que celle de la France".

Gains économiques, déception sur le problème iranien
La déclaration franco-syrienne sur le développement des échanges commerciaux comprend notamment les investissements mutuels dans les domaines de l'énergie, des transports, de l'environnement, du traitement et de la distribution de l'eau, de l'agroalimentaire.

Un groupe de travail franco-syrien se réunira au moins une fois par an pour juger de l'évolution de la coopération.

Pour l'heure, les avancées sont limitées même si des groupes français comme Total, Areva ou Lafarge sont déjà bien implantés sur le marché syrien.

Le seul gain affiché de ce voyage est un contrat d'achat de deux ATR-72-500 par la compagnie Syrianair.

Pour la livraison des 14 Airbus commandés en 2008 par la Syrie, il faudra attendre.

"Il faut prendre les choses comme elles viennent, un contrat après l'autre. Il ne faut pas se précipiter", a expliqué la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, à des journalistes.

Aujourd'hui, les autorités françaises se prévalent de mener "un dialogue franc et sincère" avec la Syrie, au motif que "c'est lorsqu'on ne se parle pas que les tensions augmentent".

François Fillon a ainsi parlé avec les dirigeants syriens des droits de l'homme et du dossier nucléaire iranien, mais sur ce dernier point, les positions n'ont pas évolué d'un iota.

Alors que le Premier ministre français réclamait "l'aide" de Damas pour convaincre Téhéran de "renoncer à des décisions dangereuses pour la paix dans le monde", Mohammed Naji Otri a jugé les craintes occidentales infondées et affirmé que l'Iran développait sa filière nucléaire à des fins pacifiques.

Les relations entre la France et la Syrie ont été très tendues après l'assassinat de l'ex-premier ministre libanais Rafic Hariri en février 2005, attribué aux services secrets syriens. Deux mois plus tard, la Syrie retirait ses troupes du Liban après 29 ans de présence.

Après son élection en mai 2007, le président français Nicolas Sarkozy a opéré un tournant à 180 degrés, conditionné à la fin de la tutelle de la Syrie sur le Liban. Ces deux pays voisins ont établi en 2008 des relations diplomatiques, inexistantes depuis 60 ans.

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