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L'ancien premier ministre a répété lundi soir que Nicolas Sarkozy était "l'un des problèmes de la France"

Il l'avait déjà déclaré ces propos dimanche. Les mots de Dominique de Villepin sur Nicolas Sarkozy sont "outrageants", a jugé lundi son ancien conseiller, le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire sur Europe 1."Ce sont aussi des propos qui sont violents à l'égard de l'ensemble du gouvernement et de toute la majorité", a poursuivi M. Le Maire.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Dominique de Villepin, ancien Premier ministre. (AFP - Georges Gobet)

Il l'avait déjà déclaré ces propos dimanche. Les mots de Dominique de Villepin sur Nicolas Sarkozy sont "outrageants", a jugé lundi son ancien conseiller, le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire sur Europe 1.

"Ce sont aussi des propos qui sont violents à l'égard de l'ensemble du gouvernement et de toute la majorité", a poursuivi M. Le Maire.

Ces commentaires ne sont pas anodins. Bruno Le Maire qui a travaillé de nombreuses années aux côtés de Dominique de Villepin, resté jusqu'à présent mesuré à chaque fois que son ancien mentor s'attaquait au président de la République. Mais les propos de l'ex Premier ministre a dimanche a changé la donne.

"Les attaques personnelles, en particulier les attaques contre le président de la République, c'est à l'opposé de l'idée que je me fais d'un engagement politique", a-t-il dit cette fois. "On ne progresse pas dans la critique personnelle."

"Qu'est ce qui lui prend", lui a demandé le journaliste Jean-Pierre Elkabbach? "Mais je n'en sais rien. Je ne suis pas dans la tête de Dominique de Villepin", a répondu Bruno Le Maire.

Le réquisitoire de Villepin contre Sarkozy

Dominique de Villepin a réitéré lundi soir ses propos sur Nicolas Sarkozy, qu'il avait qualifié la veille de "problème" pour la France, en se disant "l'interprète" de ce "que pensent une majorité de Français".

"Je le redis, Nicolas Sarkozy n'est pas mon problème. C'est un des problèmes de la France", a insisté Dominique de Villepin, ajoutant que "sa politique d'injustice, de confusion, d'alignement, n'est pas dans l'intéret de notre pays".

Dimanche lors du Grand Rendez-vous Europe 1/Le Parisien, l'ancien premier ministre avait tenu ces propos : "Je dis que Nicolas Sarkozy est aujourd'hui un des problèmes de la France et parmi les principaux problèmes qu'il faut régler et qu'il est temps que la parenthèse politique que nous vivons depuis 2007 soit refermée".

Je dis "une parenthèse parce que les résultats ne sont pas là, parce que notre pays est amoindri, parce que nous sommes divisés parce que nos principes sont affectés", a expliqué Dominique de Villepin.

Peut-on "se contenter d'analyses simplistes ?"
"Moi, je veux me battre pour apporter des solutions. Nous avons besoin de remettre ce pays à l'endroit. Or nous sommes à l'envers. Nous n'avons pas de vision de là où nous devons aller et nous prenons l'eau", a estimé le président du parti "République solidaire".

"Est-ce-que on peut se contenter d'analyses simplistes dans ce contexte-là ? Il y a des responsabilités. Il faut les définir pour être capable de tourner une page, il faut que chacun porte ses responsabilités", a-t-il conclu.

A propos de la contestation de la réforme des retraites dont la loi a été votée et attend d'être promulguée, et au lendemain d'une moindre mobilisation syndicale, Dominique de Villepin a jugé que le gouvernement aurait tort de crier victoire.

"Ce conflit va laisser des traces", a déclaré l'ancien Premier ministre. "A aucun moment, le gouvernement n'a pris en compte l'inquiétude des Français." "Qu'est-ce qu'une victoire aujourd'hui contre les Français et contre le peuple ?", s'est-il interrogé, parlant de "victoire à la Pyrrhus".

Tollé à l'UMP

Le ministre du Budget François Baroin a estimé dimanche sur France 3 que "la réaction de Dominique de Villepin est d'une violence verbale rarement atteinte. Je trouve que c'est un excès de plus qui risque, malheureusement pour lui, de le mener dans une impasse politique".

Longtemps très proche de l'ex-locataire de Matignon, le patron des députés UMP Jean-François Copé a aussitôt dénoncé ces propos "pas acceptables". "Je suis très choqué (...) Il faudra certainement qu'un jour ou l'autre, tout ça se clarifie, que Dominique de Villepin nous dise dans quel camp il est", a-t-il lâché.

Faut-il selon lui exclure M. de Villepin de l'UMP ? "Il faudra qu'on en discute", a ajouté M. Copé, qui préfère toutefois que les exclusions soient prononcées "plutôt pour des actes que pour des propos". "On n'en est pas encore là".

"Ces propos sont choquants, scandaleux et disqualifiants. Ils ne peuvent s'expliquer que par la soif d'exister ou la volonté de faire échouer sa propre famille politique", a renchéri, auprès de l'AFP, le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer.

Pour le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, "Villepin parle aujourd'hui comme Mélenchon mais la différence c'est que (Mélenchon) a un public et que lui n'en a pas".

"Ca devient pathétique, assez ridicule. Aucun extrémisme de parole ne sert celui qui le professe", a lâché pour sa part le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu.

Pour Dominique Paillé, porte-parole adjoint de l'UMP, "ceux qui n'ont pour tenter d'exister que l'invective ne sont même pas dignes de mépris mais seulement d'indifférence".

"Il a pété les plombs. C'est une preuve de plus que ce type n'arrive pas à se contrôler", juge le député des Yvelines Jacques Myard, qui confie avoir reçu "des mails de militants furieux".

Ironique, le député du Vaucluse Thierry Mariani se demande pourquoi M. de Villepin a repris récemment sa carte à l'UMP. "Quand on fait preuve d'une telle agressivité vis-à-vis du chef de l'Etat, je pense que, de soi-même, on se met en dehors de la majorité et de l'UMP. Si Villepin veut rendre service à la France, il ferait bien d'oublier ses rancoeurs personnelles", a-t-il déclaré.

Plus mesuré, le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand a minimisé ces propos, estimant que Dominique de Villepin cherchait à faire "le buzz" et que les "militants condamnent un tel comportement".

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