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François Fillon a inauguré mardi sous des sifflets nourris le 92e congrès de l'Association des maires de France

Venu au congrès de la porte de Versailles en l'absence de Nicolas Sarkozy, il a été accueilli par des huées et par des "Fillon démission !" dans une salle chauffée à blanc.Le Premier ministre, inflexible sur la réforme de la taxe professionnelle dont la suppression est prévue le 1er janvier, a assuré les 11.000 élus d'une compensation financière.
Article rédigé par France2.fr
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François Fillon "très attendu" au congrès des maires. (F2)

Venu au congrès de la porte de Versailles en l'absence de Nicolas Sarkozy, il a été accueilli par des huées et par des "Fillon démission !" dans une salle chauffée à blanc.

Le Premier ministre, inflexible sur la réforme de la taxe professionnelle dont la suppression est prévue le 1er janvier, a assuré les 11.000 élus d'une compensation financière.

Les élus locaux redoutent la perte de leur autonomie financière avec la disparition de la "TP" - leur ressource principale, près de 18 milliards d'euros par an - et dénoncent majoritairement une "recentralisation" à la hussarde au regard de la réforme territoriale menée en parallèle.

L'opposition en fait un thème dominant de sa campagne à quatre mois des élections régionales. Martine Aubry, premier secrétaire du Parti socialiste, et l'ancien Premier ministre Laurent Fabius s'étaient rendus sur place pour dénoncer des réformes "anti-démocratiques".

Le Premier ministre, qui était accompagné de 21 membres du gouvernement, a justifié sa présence par le "respect" qu'il leur doit. Christine Lagarde (Economie), Roselyne Bachelot (Santé), Bruno Le Maire (Agriculture), Frédéric Mitterrand (Culture), Christian Estrosi (Industrie) et Michel Mercier (Aménagement du territoire) faisaient partis du staff.

Selon François Fillon, l'exécutif ne peut "accepter de repousser" la réforme de la taxe professionnelle, qu'il a qualifiée de "vitale". Le Premier ministre a estimé "la violence de la crise économique et l'exacerbation de la concurrence internationale justifient sa mise en oeuvre immédiate".

Et d'ajouter qu'"il ne s'agit pas de réduire les ressources financières des collectivités locales: elles seront confortées à l'issue de la réforme que propose le gouvernement". Pour le ministre, cependant, "il ne s'agit pas de redéployer les charges des entreprises vers les ménages: les ménages ne sont pas affectés par la réforme."

Le Premier ministre a réaffirmé que le gouvernement était "prêt, si nécessaire, à des aménagements en 2010 au vu des simulations complémentaires qui seront effectuées". Il a ainsi confirmé que le gouvernement "validerait un amendement au Sénat", qui examine actuellement la réforme, "nous donnant collectivement rendez-vous pour un réexamen en 2010 au vu de ces simulations complémentaires".

La suppression de la TP a été adoptée non sans difficulté à l'Assemblée nationale et fait l'objet de sévères critiques jusque dans les rangs des élus de l'UMP au Sénat, qui doit entamer l'examen de la réforme le 19 novembre.

Il a également annoncé qu'il désignerait "dans les prochains jours un médiateur" pour venir en aide aux collectivités confrontées à des "emprunts toxiques". Les produits financiers structurés, dits toxiques, ont été vendus à de nombreuses collectivités locales. Ces produits sont liés à des indices exotiques et hautement volatils.

L'examen de la réforme de la taxe professionnelle, validée par les députés, débute jeudi au Sénat.

La réforme des collectivités territoriales décriée
Autre réforme mal accueillie par les élus locaux, y compris au sein de la majorité de droite: la réforme des collectivités territoriales qui prévoit une redéfinition des compétences et une division par deux du nombre d'élus. La gauche entend ferrailler contre cette réforme que 76 % des personnes interrogées considèrent "confuse et incompréhensible", selon un sondage commandé par l'Assemblée des départements de France présidée par le socialiste Claudy Lebreton. Ce dernier n'a pas exclu de porter le texte devant la cour de justice européenne, alors que le gouvernement le juge en phase avec "une attente très profonde de l'opinion publique"

De nombreux maires sont "exaspérés à l'égard d'une campagne de dénigrement" et pointent une "volonté recentralisatrice", estime le vice-président PS de l'Association des maires de France (AMF), André Laignel. Le chef de file des députés UMP, Jean-François Copé, a lui-même fait part de ses réticences, la jugeant "illisible".

"Nous réformons un système ancien et compliqué. Il est normal qu'une réforme de cette ampleur, la plus importante que nous ayons engagée depuis de nombreuses années, génère des questions et des inquiétudes", déclarait la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, dans le Journal du Dimanche. Elle assure que l'Etat compensera intégralement les pertes de recettes liées à la suppression de la taxe professionnelle, "à travers un mécanisme plus juste pour les entreprises".

Sarkozy reçoit les maires vendredi
Le chef de l'Etat a choisi de recevoir vendredi, au lendemain de la clôture du Congrès, quelque 700 maires toutes étiquettes confondues pour des échanges sur les deux réformes contestées. Une telle rencontre n'avait pas été organisée depuis longtemps à l'Elysée, selon la présidence.

En revanche, de nombreux ministres, notamment Brice Hortefeux (Intérieur), Christine Lagarde (Economie), Eric Woerth (Budget), se rendront devant l'Association des maires de France.

L'AMF rassemble près de 36.000 maires et présidents de communautés urbaines ou de communes.

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