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Fiscalité, retraites... les tâtonnements de François Hollande

Depuis qu'il est en campagne, François Hollande ne parvient pas à dissiper le flou qui entoure nombre de ses propositions phares.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
François Hollande lors d'un discours à Caen (Calvados), le 5 janvier 2012. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Depuis qu'il est en campagne, François Hollande ne parvient pas à dissiper le flou qui entoure nombre de ses propositions phares. Dernier cafouillage en date, mardi 10 janvier : l'hésitation autour de la suppression du quotient familial, confirmée le matin par Manuel Valls, le directeur de la communication du candidat socialiste. Une position rectifiée dans l'après-midi par François Hollande lui-même, qui entend seulement "moduler" ce dispositif pour le rendre "plus juste". Retour sur les principales incertitudes de son programme.

• La retraite à 60 ans

L'engagement François Hollande l'avait promis lors d'un débat télévisé face à Martine Aubry, au mois d'octobre : "La première décision que je prendrai sur cette question des retraites, c'est de permettre à ceux qui ont cotisé 41 années et qui ont 60 ans de partir. Ça veut dire qu'on rétablira l'âge légal." Et pour ceux qui n'ont pas cumulé 41 années de cotisations ? Ils pourront aussi raccrocher à 60 ans, disait Hollande, "mais ils auront une décote".

La remise en cause Le 12 décembre, invité sur RTL, François Hollande a dit presque la même chose qu'en octobre. Presque : "Ceux qui ont commencé leur vie professionnelle à 18 ans, qui auront fait 41 années de cotisations, 42 ans, pourront partir à 60 ans. Ceux qui n'ont pas leur durée de cotisations ne le pourront pas." Plus question donc, pour un salarié qui n'aurait pas cotisé l'intégralité de ses annuités, de pouvoir partir à 60 ans, même avec une décote. Et François Hollande de renvoyer à plus tard une éventuelle remise à plat de la réforme des retraites : "Après, il y aura une négociation, car de toute manière il faudra revenir sur la réforme des retraites."

• La fusion impôt sur le revenu-CSG

L'engagement Depuis plusieurs mois, François Hollande répète qu'il va rendre plus juste la fiscalité en fusionnant l'impôt sur le revenu et la contribution sociale généralisée (CSG), créant de ce fait un grand impôt progressif qui taxerait autant le travail que le capital. Une position proche de la "révolution fiscale" prônée par l'économiste Thomas Piketty, proche du PS.

La remise en cause En lieu et place d'une "fusion", François Hollande ne parle plus, fin décembre, que d'un "rapprochement". La nuance passe inaperçue jusqu'à ce que le quotidien Les Echos ne la relève, quelques jours plus tard. Forcés d'apporter des précisions, les lieutenants de François Hollande confirment, le 3 janvier, que la "fusion" des deux prélèvements n'est plus vraiment à l'ordre du jour. Ce qui n'empêche pas le candidat, le soir-même au JT de France 2, de prononcer à nouveau le mot "fusion". Comprenne qui pourra.

• La défiscalisation des heures supplémentaires

L'engagement François Hollande n'a de cesse de matraquer "les 75 milliards de cadeaux fiscaux" donnés selon lui aux plus riches par Nicolas Sarkozy en cinq ans. Un calcul qui englobe, selon les comptes du PS, 4,1 milliards par an d'exonérations fiscales et sociales sur les heures supplémentaires. Tout porte donc à croire qu'en cas de victoire en mai, les socialistes abrogeront ce dispositif coûteux.

La remise en cause Le 9 décembre, Libération s'interroge : le PS est-il en plein revirement sur la question ? Michel Sapin, proche de François Hollande, confie au quotidien que la défiscalisation des heures supplémentaires n'est qu'un "tout petit sujet" par rapport à "l'incitation pour les entreprises à mettre en place les heures supplémentaires". Comprendre que s'il arrive au pouvoir, François Hollande reviendra sur les exonérations de charges pour les entreprises, mais ne remettra pas en cause l'avantage fiscal pour les salariés effectuant des heures supplémentaires.

Pendant la primaire socialiste, Martine Aubry avait raillé le "flou" de celui qui a finalement été investi haut la main. Ni la structuration de son équipe de campagne, mise en place mi-novembre, ni son entrée de plain pied dans la bataille, début janvier, n'empêchent pour l'heure les tergiversations d'un candidat qui tarde à préciser son programme.

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