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Corse : une charte introduisant une préférence régionale à l’emploi fait polémique

La Corse introduit une préférence régionale à l'emploi dans une charte signée le 24 mai. Promesse de campagne des élus nationalistes, ce texte, destiné à favoriser l'emploi local, fait polémique, rapporte France Bleu RCFM.

Article rédigé par franceinfo - Alexandre Sanguinetti
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Jean-Guy Talamoni, le président de l'Assemblée de Corse. (ERIC FEFERBERG / AFP)

Signée le 24 mai par les présidents des chambres des métiers, du commerce et de l'agriculture ainsi que par le Syndicat des travailleurs corses ou encore l'UMIH et le Cercle des grandes maisons de Corse, la charte destinée à favoriser l’emploi local fait polémique, rapporte France Bleu RCFM.

Un premier pas symbolique

Promesse de campagne des élus nationalistes, cette charte introduit une préférence régionale à l'emploi. Premier pas symbolique pour le moment, elle correspondait à une demande formulée depuis des décennies par certains partenaires sociaux. "Cela fait 43 ans que nous militons sur l’emploi local, explique Louis Ducreux, de la CFDT Corsica, à France Bleu RCFM. Aujourd’hui c’est un premier pas, c’est à nous autres les premiers signataires d’essayer d’engranger d’autres signatures sur cette charte."

Les entreprises devront s'emparer de la démarche pour qu'elle soit réellement efficace. "Cette charte va servir de base aux signatures entre les entreprises et les syndicats présents au sein des entreprises, indique le président de l'assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, joint par France Bleu RCFM. Il s’agira effectivement de documents juridiques contraignants. En signant cette charte au titre des entités représentants les syndicats les professionnels, il s’agit d’un engagement de principe."

Le préfet menace de poursuites civiles et pénales

Le préfet de région dénonce, lui, dans un courrier, cette charte et prévient que  "l'implication d'une entreprise dans ce type d'action l'exposerait à des poursuites civiles et pénales". Un courrier incompréhensible pour Jean Brignole du Syndicat des travailleurs corses. "À la Réunion et dans d’autres îles gérées par un statut DOM ou TOM, des dispositions concernant l’emploi local ont été signées et validées par les services de l’Etat et en particulier le Premier ministre. Que cela soit en 2011 ou en 2015. Clairement, on ne peut pas avoir deux poids et deux mesures."

"En Corse, poursuit-il, on a besoin d’avoir un droit à pouvoir s’administrer de nous-même et en matière sociale pouvoir favoriser l’emploi local, non pas de manière discriminatrice mais de manière tout à fait dynamique et positive, nous avons une jeunesse et besoin de lui donner un avenir sur cette terre." Cette démarche connaitra son premier point d'étape dans un an.

Un "procès en sorcellerie" fait à la Corse ?

Même son de cloche indigné du côté de l'Assemblée de Corse. "C'est quelque chose qui est tout à fait consensuel en Corse mais qui en plus se fait ailleurs, y compris dans le cadre français", a déclaré sur franceinfo Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse. "Cette charte a été signée par l'ensemble des représentants du monde économique, chambre consulaire, de métiers, d'agriculture, de commerce, par des syndicats très représentatifs." 

Pour Jean-Guy Talamoni, "le préfet n'est pas très bien informé sur la question puisque Manuel Valls est allé à la Réunion, dans le courant de l'été 2015, pour signer exactement la même charte en faveur de l'emploi local. Il y a quelques jours à Tarbes une charte a été lancée et dit exactement la même chose et à Paris, le maire, a signé une charte en faveur de l'emploi local." Il y aurait là, selon l’homme, un "procès en sorcellerie qui est fait en Corse".

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