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Après les enseignants, mercredi, c'était au tour des élèves de reprendre jeudi le chemin de l'école

Environ 852.000 enseignants (368.928 en primaire et 483.979 en collèges et lycées) se sont rendus mercredi dans leur établissement. Douze millions d'élèves leur ont emboîté le pas jeudi matin.Une rentrée qui s'avère légèrement houleuse, en raison de la mise en place de la réforme de la formation des professeurs, très critiquée par les syndicats.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Des élèves à l'école de la Plage du Prado à Marseille, en septembre 2009. (AFp - Gérard Julien)

Environ 852.000 enseignants (368.928 en primaire et 483.979 en collèges et lycées) se sont rendus mercredi dans leur établissement. Douze millions d'élèves leur ont emboîté le pas jeudi matin.

Une rentrée qui s'avère légèrement houleuse, en raison de la mise en place de la réforme de la formation des professeurs, très critiquée par les syndicats.

Celle-ci a pour effet, pour la première fois cette année, de placer 15.472 professeurs "stagiaires" (c'est-à-dire recrutés en 2010), et en particulier les 8.300 stagiaires de collèges et lycées, presque tous à plein temps devant une classe entière, sans avoir suivi l'année de formation en alternance en IUFM. (Lire: ).

Autre controverse : certains syndicats ont affirmé que tous les tuteurs n'avaient pas été trouvés, ou que dans certains cas, il s'agissait de tout jeunes professeurs plus que d'enseignants chevronnés. "En principe, tous ont un tuteur", a assuré Mme Théophile, directrice des ressources humaines.

En contrepartie de la réforme, les salaires de 190.000 jeunes professeurs (débutants et ceux ayant moins de 7 ans d'ancienneté) sont revalorisés : les premiers auront 157 à 259 euros mensuels supplémentaires, les seconds 660 euros annuels supplémentaires.

Mercredi, le ministre de l'Education Luc Chatel a reconnu qu'il s'agissait d'une "année transitoire un peu compliquée à gérer". Le ministre est attendu jeudi matin dans deux établissements de banlieue parisienne.

Appel à la grève pour le lundi 6 septembre
La rentrée est aussi placée sous un signe assez inhabituel : un appel à la grève a été lancé dès le lundi 6 dans les collèges et lycées par le Snes-FSU pour protester contre les conditions de travail (suppressions de postes) et le 7 dans le cadre de la journée interprofessionnelle pour les retraites.

16.000 postes sont supprimés en 2010 (après 33.400 entre 2007 et 2009) et 16.000 nouvelles suppressions de postes sont prévues pour la rentrée 2011.

Ces derniers jours, les syndicats ont dénoncé un climat général très dégradé. "Il n'est pas bon. Il y a un sentiment d'abattement ou de colère, pas forcément contre le ministre lui même, mais contre la ligne qu'il mène", analyse Claude Lelièvre, spécialiste en histoire de l'Education. "Les enseignants ont le sentiment qu'on se moque de leur situation et qu'on les laisse aller au charbon dans n'importe quelle condition".

Les principales nouveautés de la rentrée :

- Une nouvelle classe de seconde
Deux heures hebdomadaires obligatoires d'accompagnement individualisé en petits groupes, un enseignement obligatoire d'économie, des cours de langues en "groupes de compétences", du tutorat, des programmes revus. Tous les manuels (version papier) ne seront pas prêts à la rentrée.

- Une nouvelle première professionnelle
La réforme de la voie professionnelle prévoit une classe de première rénovée: création ou rénovation de formations, accompagnement personnalisé de 2H30 hebdomadaires, passage d'un diplôme intermédiaire en fin d'année.

- Le livret de compétences
Après expérimentation, ce livret, destiné à valider les compétences acquises au cours de la scolarité obligatoire (rempli notamment en fin de CE1, de CM2 et à 16 ans), entre en vigueur en primaire et dans les collèges.

- Nouveautés au brevet des collèges
Celui-ci comprendra une épreuve orale d'histoire des arts.

- Deux expérimentations:
. une sur les rythmes scolaires avec "cours le matin, sport l'après-midi", dans certaines classes de 124 collèges et lycées
. dans 105 collèges et lycées du dispositif Clair (collèges et lycées pour l'ambition, l'innovation, la réussite), les chefs d'établissements pourront choisir eux-mêmes une partie des professeurs et mener des innovations pédagogiques.

- La "mallette des parents" étendue
L'expérimentation de l'académie de Créteil (accompagnement des parents en leur faisant mieux comprendre le fonctionnement de l'école) est étendue à 1.300 collèges.

- 12 internats d'excellence vont accueillir les élèves motivés de milieux défavorisés

- Equipes mobiles de sécurité:
Leurs effectifs sont doublés dans les dix académies "où il y a le plus de besoins".

- Nouvelles règles nutritionnelles à la cantine
Les cantines scolaires ont désormais obligation de changer leurs menus pour respecter certaines règles: pas d'aliments frits plus d'une fois par semaine, moins de sel dans les plats et sur les tables, plus de fruits, de légumes, de laitages.

- Professeurs débutants en classe à plein temps
15.472 professeurs stagiaires tout juste recrutés sont placés, quasiment à plein temps, pour la première fois, devant une classe, sans avoir été formés par une année d'alternance à l'Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM). Ils bénéficieront de la présence partielle d'un professeur expérimenté (tuteurs).
En 2011, les futurs enseignants seront recrutés au niveau bac+5, après un master universitaire, contre bac+3 auparavant.
Les salaires de 190.000 jeunes professeurs (débutants et ceux ayant moins de 7 ans d'ancienneté) sont revalorisés: les premiers auront 157 à 259 euros mensuels supplémentaires, les seconds 660 euros annuels supplémentaires.

- Le remplacement des enseignants modifié:
Un vivier complémentaire de personnels contractuels remplaçants (retraités, étudiants) est constitué, le délai de carence de 15 jours (avant qu'un professeur soit remplacé) dans le second degré est supprimé, les barrières administratives entre académie sont levées.
Syndicats et opposition dénoncent les réformes
"L'avenir de l'école est en péril" et "un changement radical de politique est incontournable", a estimé la CGT mercredi. Les réformes de l'Education nationale sont synonymes selon le syndicat de "dégradation des conditions de travail", de "déprofessionnalisation inhérente à la disparition de la formation initiale", d'"augmentation et regroupement des effectifs" et de "déficit en matière d'accompagnement et de suivi des élèves dans leur diversité".

Le syndicat enseignant Sgen-CFDT a critiqué mercredi la politique budgétaire dans l'Education nationale et dressé "un tableau assez sombre et inquiétant" de la rentrée scolaire. Il a souligné notamment que "La France est pratiquement le seul pays qui choisit de réduire ses dépenses d'éducation en part du PIB" (produit intérieur brut)".

De son côté, le PS a jugé mardi que cette rentrée s'annonçait "catastrophique", avec "toujours moins pour l'école et toujours pire pour les élèves". Il compte proposer bientôt "un nouveau pacte" pour reconstruire un "modèle éducatif ambitieux et juste".

Europe Ecologie a dénoncé mercredi les "cinq erreurs de M. (Luc) Chatel", ministre de l'Education nationale, en cette rentrée 2010, reprochant au gouvernement ses "choix politiques" en la matière. Au nombre de ces erreurs, celle "de considérer l'éducation et la formation comme un coût plutôt que comme un investissement pour l'avenir" et celle de "privilégier la défiance plutôt que la concertation".

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