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Attentat en Isère : selfie macabre, radicalisation… l'enquête progresse sur Yassin Salhi

Le suspect peut passer jusqu'à 96 heures en garde à vue.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Devant l'immeuble où vivait Yassin Salhi, le suspect de l'attentat commis dans l'Isère, à Saint-Priest (Rhône), le 26 juin 2015.  (MAXPPP)

Il devrait passer 96 heures en garde à vue, durée autorisée en matière de terrorisme. Yassin Salhi, le suspect de l'attaque d'une usine chimique de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) où a été retrouvée la dépouille décapitée d'Hervé Cornara, vendredi, est toujours entendu par les enquêteurs, samedi 27 juin. 

Après être resté mutique, ce chauffeur-livreur de 35 ans, soupçonné d'avoir précipité une camionnette de livraison contre des bonbonnes de gaz après avoir décapité son patron, a commencé à parler aux policiers de la sous-direction antiterroriste (Sdat) et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui l'interrogent à Lyon.

Selon une source proche du dossier, l'examen de son portable a révélé qu'il s'était photographié avec la tête de sa victime, Hervé Cornara, 54 ans, et qu'il avait envoyé ce selfie avec la messagerie instantanée WhatsApp à un numéro de téléphone de type nord-américain, qui pourrait n'être qu'un numéro relais. On ignore à ce stade à qui était adressée la photo.

Fiché de 2006 à 2008 par les renseignements 

Ce n'est qu'une des nombreuses questions posées aux enquêteurs, qui se demandent notamment si Yassin Salhi n'a pas décapité son patron après l'avoir tué, ce que pourrait confirmer l'autopsie.

Si, pour l'heure, l'attentat en Isère n'a pas été revendiqué, la présence de drapeaux où était écrite la profession de foi islamique, entourant la tête de la victime accrochée au grillage d'enceinte de l'usine, rappelle les mises en scène macabres du groupe État islamique (EI) qui, le même jour, a revendiqué l'attaque de Sousse, en Tunisie.

Fiché de 2006 à 2008 par les services de renseignement pour radicalisation, Yassin Salhi, originaire du Doubs et fraîchement arrivé à Saint-Priest, dans la métropole lyonnaise, avait de nouveau été repéré entre 2011 et 2014 pour ses liens avec la mouvance salafiste lyonnaise.

Radicalisé au début des années 2000

Il s'était radicalisé à Pontarlier (Doubs) au début des années 2000, au contact d'un homme soupçonné d'avoir préparé avec des militants d'Al-Qaïda des attentats en Indonésie. Selon Le Monde, il s'agit de Frédéric Jean Salvi, un Français recherché par Interpol. Comme l'explique le quotidien, la fiche de Yassin Salhi avait été désactivée faute d’éléments permettant d’établir sa dangerosité. Elle n'a jamais été réactivée, malgré sa réapparition dans les radars des services de renseignement.

Les policiers ont saisi chez ce père de trois enfants, à Saint-Priest, un ordinateur, une tablette et un téléphone portable. Mais ils n'ont trouvé ni explosifs, ni armes – en dehors de deux couteaux, dont un retrouvé à l'usine, et d'un pistolet factice – ni matériel de propagande radicale.

Ils n'ont pas non plus trouvé d'éléments permettant d'impliquer des complices ou d'établir jusqu'à quel point il avait préparé son acte. "On ne sait pas si c'est un fondamentaliste qui a pété les plombs ou si on est face à un véritable terroriste, confie une source proche de l'enquête. Les enquêteurs se demandent si ce n'est pas juste un processus criminel."

Des voyages à l'étranger ? 

La police manque aussi d'éléments montrant que les absences de Yassin Salhi correspondent à des voyages à l'étranger. Une de ses anciennes voisines, quand il habitait Besançon (Doubs), a raconté au Parisien Dimanche que cet homme jusque-là affable avait changé de comportement après une absence de plusieurs mois en 2012 et recevait régulièrement, en 2013, des hommes "au crâne rasé et porteurs d'une petite barbe". Cette femme dit avoir alors alerté la gendarmerie.

La sœur et l'épouse de Yassin Salhi, également en garde à vue, expriment pour leur part la même stupéfaction et la même incrédulité qu'après l'annonce de son arrestation. D'autres proches ont été entendus sans être placés en garde à vue, dont son frère et sa mère. 

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