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Devant l'ambassade du Danemark à Paris, on est "choqués, mais pas surpris"

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant la représentation diplomatique danoise après la double fusillade de Copenhague.

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des participants au rassemblement organisé en hommage aux victimes de la double fusillade de Copenhague, dimanche 15 février devant l'ambassade du Danemark à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)

"Quelques heures après la tuerie du 7 janvier, les Danois avaient déployé une immense pancarte 'Je suis Charlie' sur l'une des principales places de Copenhague. En tant que Français, j'ai le sentiment que je leur devais bien d'être présent". Comme Thibaut, publicitaire de 29 ans, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dimanche 15 février en fin d'après-midi devant l'ambassade du Danemark à Paris pour rendre hommage aux victimes de la double fusillade de Copenhague (Danemark), qui a fait deux morts et cinq blessés.

À l'appel de l'Union des étudiants juifs de France, de SOS Racisme et de l'Association française des victimes du terrorisme, des anonymes ainsi que des responsables politiques et associatifs se sont réunis non loin de l'Arc de Triomphe pour dire leur effroi face aux attaques. "On a visé une synagogue et un lieu de débat démocratique où on évoquait la question du blasphème et de la caricature", continue Thibaut, bonnet vissé sur la tête, avant de souligner les "similitudes effrayantes" avec les attentats de Paris.

"Ils doivent savoir qu'ils ne sont pas seuls"

Les pancartes fabriquées à la hâte par les participants sont elles aussi inspirées par celles que l'on trouvait partout en France lors des rassemblements organisés en janvier. Aggripé à son affichette sur laquelle est inscrit en danois "Je suis Charlie, je suis flic, je suis Juif, je suis Danois", Alexandre, étudiant en art dramatique de 25 ans, observe, un peu en retrait, la foule grandir sur l'avenue Marceau. "L'attaque du musée juif de Bruxelles, "Charlie", et maintenant Copenhague... Tous ces attentats en Europe sont profondément inquiétants, mais il est important de se rassembler pour montrer que nous n'avons pas peur, et que nous sommes attachés aux libertés", explique le jeune homme.

Alexandre, étudiant en art dramatique, dimanche 15 février devant l'ambassade du Danemark à Paris. (VINCENT MATALON / FRANCETV INFO)
 

À quelque pas de là, au milieu des drapeaux danois et des unes de Charlie Hebdo, un attroupement se forme autour de Patrick Pelloux. Le médecin urgentiste, chroniqueur à la rédaction du magazine satirique, a tenu à être présent pour montrer sa "solidarité" avec le peuple danois. "Ils doivent savoir qu'ils ne sont pas seuls. Nous tous, en Europe, sommes à leur côté pour combattre coûte que coûte ce nouveau fascisme qui s'attaque à nos libertés", souffle-t-il avant de se frayer un chemin jusqu'aux barrières de sécurité qui encadrent le bâtiment. L'ambassadrice danoise Anne Dorte Riggelsen, qui a accueilli quelques minutes plus tôt François Hollande, en sort pour le saluer et remercier les personnes venues rendre hommage aux victimes des attentats. Elle regagne l'édifice sous les applaudissements de la foule.

"La menace était devenue très, très réelle"

La scène émeut Jakob et Ask, deux Danois de 24 et 25 ans venus étudier à Paris. "Je suis très touché de voir que de nombreux Français se sont déplacés pour montrer leur solidarité", glisse le premier. "Je suis bien sûr très choqué par ce qui s'est passé samedi, mais depuis les attentats de Paris, j'avais réalisé que cette menace était devenue très, très réelle. Que des attaques frappent Copenhague dix ans après la publication des premières caricatures de Mahomet ne me surprend malheureusement pas", lâche le second.

La nuit tombe tout juste lorsque la sécurité des associations à l'initiative du rassemblement vient troubler le calme ambiant. Un "sac peut-être suspect" a été abandonné près d'une barrière, il faut établir un périmètre de sécurité. L'angoisse retombe rapidement : il ne s'agissait que d'une caméra déposée là par un journaliste.

"Mon rouleau, lui, il reste"

Comme après les attentats de Paris, certains déposent des fleurs, des pancartes et des bougies contre le mur de l'ambassade. Mebrouka, elle, s'installe un peu plus loin. Cette habitante de la cité des 4 000, à la Courneuve (Seine-Saint-Denis) déploie sur le trottoir un rouleau de tissu long d'une dizaine de mètres, sur lequel est dessiné un drapeau tricolore suivi des noms des victimes des attaques de janvier et de témoignages de sympathie d'anonymes. "Je l'ai commencé le 7 janvier, alors que je regardais les informations à la télé. Les fleurs, les bougies, tout cela, ça finit par partir. Mon rouleau, lui, il reste. Je l'ai posé devant l'Hyper Cacher, cela me semblait normal de l'emmener ici", explique-t-elle en distribuant des feutres aux passants.

Des anonymes écrivent des messages de soutien aux victimes de la double fusillade de Copenhague, dimanche 15 février, à quelques mètres de l'ambassade du Danemark à Paris. (VINCENT MATALON / FRANCETV INFO)

"Je suis vraiment très touchée par ce qui s'est passé au Danemark", continue la quinquagénaire, visiblement émue. "En tant que musulmane, j'ai l'impression de me trouver entre le marteau et l'enclume : pour les fous qui commettent ces attentats, je suis une mauvaise croyante qui mérite la mort, et à cause d'eux, certains vont nous montrer du doigt et nous associer au terrorisme", déplore Mabrouka. Une passante la console et la félicite pour son initiative, avant d'inscrire son prénom à l'intérieur de la silouhette de sa main sur le tissu posé sur le sol. Plusieurs mètres vierges restent à dérouler. Mabrouka, comme les autres, espère qu'ils ne serviront pas.

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