Risque terroriste : "Quand on est attaqué à l'arme de guerre, il faut se comporter comme un militaire"
Raphaël Saint-Vincent et son frère ont rédigé un manuel pour apprendre à vivre avec la menace terroriste. Il vient de paraître et rencontre un franc succès, grâce à ses conseils pratiques en cas d'attaque. Interview.
Il s'arrache comme des petits pains. Le livre Vivre avec la menace terroriste (éd. Eyrolles), paru jeudi 7 janvier, a dû être imprimé à 25 000 exemplaires au lieu des 5 000 prévus tant le public est au rendez-vous. Un succès inattendu pour ses auteurs, Olivier et Raphaël Saint-Vincent, deux frères jumeaux chargés de la prévention du risque terroriste à l'Union fédérative des sociétés d'éducation physique et de préparation militaire, à Paris.
Francetv info a contacté l'un d'eux pour en savoir plus sur ce manuel de survie d'une centaine de pages, vendu 4 euros.
Francetv info : Pourquoi avez-vous décidé d'écrire ce livre ?
Raphaël Saint-Vincent : Pendant les attentats de novembre 2015, nous avons reconnu des symptômes qui sont ceux d'une scène de guerre. On s'est dit qu'il y avait des choses que les civils ne savaient pas alors que nous, concernés par les questions de défense, les savions. On a d'abord rédigé un vade-mecum à l'intention de nos proches dans lequel on expliquait des détails permettant de gérer une situation d'attaque terroriste. Puis on s'est rendu compte que les gens étaient encore dans un état de stupeur et de stupéfaction. On a donc eu l'idée du manuel destiné à tous. L'argent des droits d'auteur est reversé à l'Association française des victimes du terrorisme.
Quelles sont les techniques que vous détaillez dans ce livre ?
Nous énonçons les poncifs de l'instruction militaire, organisés en trois parties : "Vivre avec l'acte terroriste", "Survivre à une attaque terroriste" et "Revivre après un attentat". Ce sont des techniques très simples, que tout le monde peut adopter. Par exemple, se mettre au sol dès que ça pète ou s'entraîner à faire des exercices de respiration tirés du yoga pour gérer son stress. En tant qu'experts du combat corps-à-corps, nous expliquons aussi comment affronter un terroriste lorsque cela devient inévitable. Quitte à mourir, autant faire un dernier truc. Dans ce cas, il faut couper la distance avec l'assaillant et le faire tomber. Ayez en tête que le stress a aussi des effets positifs. Pendant 30 secondes, l'adrénaline vous pousse à l'action et décuple vos forces.
Vous donnez de très nombreux conseils, qu'il faut encore intérioriser. Quel est l'essentiel à retenir ?
Dans l'armée, on aime beaucoup les acronymes. Alors, retenez "SEA" pour Sol-Environnement-Abri. Dès que j'entends un bruit, je me plaque au sol pour être une cible moins exposée. Avant de me lever, je fais attention et je regarde à 360° pour m'assurer que la voie est libre. Ensuite, je cherche un abri. Quand les tirs s'arrêtent, généralement, c'est le moment où il faut bouger. En fait, quand on est attaqué à l'arme de guerre, il faut se comporter comme un militaire, l'espace d'un instant.
Mais l'attitude à encourager, c'est surtout la formation aux premiers secours : en cas d'impact de balle, il faut savoir faire une compression double. C'est le message de la dernière partie de notre manuel. Pour nous, il faut aussi être plus présent pour lutter efficacement contre le terrorisme. Les pompiers ouvrent leur caserne, en ce moment, à Paris. C'est l'occasion de se former et d'essayer d'être des citoyens qui prennent du temps pour les autres. Et cela peut aussi servir en cas d'accident dans la rue.
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