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Depuis les attentats, les centres de recrutement militaires voient défiler les candidats

Les centres d'information et de recrutement de l'armée font le plein, partout en France. Reportage à la caserne de Vincennes, près de Paris.  

Article rédigé par Céline Bernatowicz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un jeune candidat au Cirfa de Lyon, le 19 novembre 2015. (GUIOCHON STEPHANE / MAXPPP)

"Plus que jamais, il faut défendre les valeurs de la France."  Décidé, Hugo, la vingtaine, a fait le déplacement avec son ami Théo. Ensemble, ils patientent sous la pluie, devant la caserne militaire de Vincennes (Val-de-Marne). Tous deux affectés par les actes terroristes perpétrés à Paris, ils viennent proposer leur candidature à l'armée : "La France a été attaquée, nous sommes en guerre. Il faut faire en sorte que l'Etat islamique ne nuise plus à la patrie française."   

Depuis les événements de vendredi 13 novembre, ils sont près de 140 volontaires, selon France 2, à se rendre chaque jour dans les centres d'information et de recrutement (Cirfa) de l'armée de terre. Avant les attentats, le service de recrutement enregistrait jusqu'à trente contacts sur internet par jour. Les sollicitations par e-mails ont été multipliées par quatre. Des chiffres à la hausse, déjà perceptibles après les évènements de Charlie Hebdo, en janvier. En un an, le nombre de demandes a été multiplié par sept.   

Un patriotisme soudain qui suscite néanmoins certaines inquiétudes parmi les proches de ceux qui veulent s'engager. Hugo et Théo le savent, leurs familles doivent encore se faire à l'idée : "Ils sont soucieux, ils ont peur, mais ils sont aussi très fiers." Et quand on leur demande si, eux, ils ont peur, Hugo s'empresse de répondre : "Oui, bien sûr que j'ai peur, mais la peur attise mon courage."

"Moi, ça fait un an que je me prépare"

Un regain d'intérêt plus pondéré chez Thomas, pour qui l'évidence, elle, ne s'impose pas encore : "J'ai un brevet professionnel d'artisan boucher, a priori ça n'est pas fait pour moi, mais j'ai envie d'apporter ma pierre à l'édifice, de combattre le terrorisme. On est en guerre depuis longtemps, et pas seulement depuis l'annonce de Manuel Valls." Venu pour de simples renseignements, il ne compte pas prendre sa décision à la légère pour autant : "J'ai longuement réfléchi, j'y pense depuis quelques mois d'ailleurs, mais je sais que ça demande encore réflexion. Je vais prendre mon temps."  

Pour Bastien, 18 ans, l'armée de terre, c'est avant tout une histoire de famille. Petit-fils d'un lieutenant-colonel, il ambitionne de mener une carrière militaire depuis son enfance. "C'est une vocation. Ma décision n'a pas été influencée par les attentats, bien qu'elle ait été confortée. Elle est naturelle." Son inscription d'aujourd'hui est donc mûrement réfléchie et le sursaut patriotique de certains tend à l'agacer : "Beaucoup pensent avoir les capacités nécessaires, mais rejoindre l'armée demande un bon nombre de prérequis. Moi, ça fait un an que je me prépare, et rien que pour les épreuves physiques ! C'est un investissement considérable. Ce n'est pas en un claquement de doigt que l'on devient militaire."

Un engouement pour les valeurs nationales que les militaires en fonction observent avec distance : "Ça sera comme avec Charlie, l’élan patriotique va durer 15 jours puis les militaires vont à nouveau se faire cracher dessus." Ils ironisent : "Le jour où [les engagés] seront mobilisés à l'étranger, ils se sentiront beaucoup moins patriotes."

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