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Qui sont les Hells Angels français ?

Trois membres de ce célèbre groupe de motards ont été mis en examen jeudi pour trafic d'armes.

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Les motards des Hells Angels français seraient une petite centaine, répartis en huit antennes locales. (MAXPPP)

Blousons de cuir, grosses cylindrées et tête de mort comme emblème... En France, l'image des Hells Angels est plutôt folklorique. Certains sont pourtant loin d'être des enfants de chœur : six hommes, dont trois membres de ce célèbre groupe de motards, ont été mis en examen pour trafic d'armes jeudi 9 octobre, à Reims (Marne).

Ces derniers sont soupçonnés d'avoir fourni des armes à des trafiquants en échange de stupéfiants. Des armes de chasse, de poing, ainsi que de la drogue et de l'argent liquide ont été saisis par les enquêteurs. Francetv info fait le point sur les Français membres de cette organisation sulfureuse.

Combien sont-ils ?

Les motards des Hells Angels français seraient une petite centaine, répartis en huit antennes locales, appelées "chapitres", qui comptent chacune une dizaine de membres. "Mais il s'agit là d'une estimation assez vague, car il n'existe pas d'organigramme précis", explique à francetv info François-Xavier Masson, chef du service d'information, de renseignement et d'analyse statistique sur la criminalité organisée (Sirasco) de la police judiciaire.

En y ajoutant les membres des Outlaws et des Bandidos, deux autres groupes de motards présents dans l'Hexagone, ce nombre atteindrait les 200.

Sont-ils tous des criminels ?

Les membres de ce type d'organisation s'en défendent catégoriquement. "Nous travaillons, nous avons des familles et nous faisons les mêmes choses que tout citoyen", peut-on lire sur le site de l'antenne française des Outlaws, qui réfute l'idée que ses adhérents soient des "malfaiteurs, ou des personnes sans code moral".

Une source policière ayant participé à l'arrestation des Hells Angels de Reims indique ainsi à l'AFP que les Hells Angels n'hésitent pas à désigner les motards de leurs rangs inquiétés par la justice comme des brebis galeuses. "Dès qu'un membre est arrêté, la structure va faire en sorte de se désolidariser et disparaître", détaille cette source.

Mais les autorités françaises ne croient pas à la thèse de membres isolés qui s'affranchiraient de la loi. "Nous pensons que la structure des Hells Angels dispose d'un regard plus qu'étroit sur l'activité de ses membres. C'est le cas dans tous les autres pays où elle est présente, il n'y a pas de raison que le fonctionnement soit différent chez nous, explique François-Xavier Masson. Mais en France, il n'est pas possible d'être condamné pour la simple appartenance à ce type d'organisation. Vous pouvez faire partie des Hells Angels, tant que vous ne faites pas de bêtise, il ne vous arrivera rien."

Y a-t-il une criminalité Hells Angels ?

Outre le trafic d'armes, plusieurs motards affiliés aux Hells Angels ont récemment été inquiétés dans des affaires d'intimidation ou de racket. Le président du chapitre de Colmar (Haut-Rhin) ainsi que son adjoint ont écopé de peines de prison ferme pour avoir menacé de mort et tenté d'extorquer des fonds à l'organisateur d'un salon de la moto en 2011, rapportaient les Dernières nouvelles d'Alsace en avril 2013.

Des membres de l'antenne gardoise de l'organisation doivent en outre être jugés prochainement pour avoir voulu racketter plusieurs salons de tatouage, indique Le Parisien. "On les retrouve aussi parfois dans le trafic de stupéfiants, surtout de la cocaïne, dans le commerce non-déclaré de motos ou de pièces détachées, voire dans des affaires d'homicides", énumère le patron du Sirasco.

Il relève également que l'affaire de Reims, dans laquelle des motards des Hells Angels ont été mis en examen en même temps que des trafiquants issus de quartiers sensibles, "montre que des passerelles peuvent exister entre ces deux milieux".

Constituent-ils une menace ?

Pas véritablement. A la différence des pays du nord de l'Europe, les motards criminalisés ne sont pas très nombreux et ne recrutent pas à tour de bras. "Dans certains pays scandinaves, on assiste parfois à de véritables guerres de gangs, où des territoires sont disputés, termine François-Xavier Masson. En France, la tendance n'est pas en hausse, surtout parce que pour l'instant, les Hells Angels ont la sagesse d'avancer masqués."

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