Qui est le prince saoudien dont le convoi a été braqué à Paris ?

Le convoi d'un prince saoudien a été attaqué dans la soirée du dimanche 17 août, à Paris, par un commando d'hommes lourdement armés. Sans coup de feu ni violence les braqueurs ont dérobé 250 000 euros en petites coupures au prince arabe, ainsi qu'une valise contenant des documents "sans importance ni stratégique ni diplomatique", assurait lundi 18 août le quai d'Orsay.

L'attaque (qui n'a pas concerné la voiture dans laquelle se trouvait le prince) a eu lieu à hauteur de la porte de la Chapelle, à Paris. Le convoi du prince se rendait à l'aéroport du Bourget, en Seine-Saint-Denis, où un avion privé l'attendait – direction Ibiza, selon Le Point. Abdel Aziz Ben Fahd venait de quitter l'hôtel George-V, un des palaces où il a ses habitudes lorsqu'il vient passer quelques jours dans la capitale. Qui est ce prince saoudien ?

Le fils de l'ancien roi Fahd

Comme son nom l'indique, Abdel Aziz Ben Fahd est le fils de l'ancien roi Fahd d'Arabie saoudite, mort en 2005. "Son préféré" parmi ses 89 enfants, dit-on encore en Arabie saoudite, selon les informations du Monde. Sa mère, Al-Jawhara Bint Ibrahim appartient à la riche famille Al Ibrahim. 

Depuis sa fondation en 1932, la monarchie islamique est gouvernée par une famille : les Saoud. Toutes les fonctions politiques sont attribuées aux frères et fils du roi. Le prince saoudien attaqué dimanche est donc aussi le neveu du monarque actuel et de Salmane Ben Abdel Aziz Al-Saoud, prince héritier et puissant ministre de la Défense.

Plus connu pour ses extravagances que pour son rôle politique

Le prince Abdel Aziz a aussi eu des fonctions politiques. A l'âge de 25 ans, il est nommé ministre, mais on ne lui attribue pas de portefeuille. Deux ans plus tard, il devient le président du cabinet du Premier ministre, un poste important dans l'exécutif. Mais Abdel Aziz Ben Fahd décide de rendre ses fonctions en 2011.

"Evoluant dans un monde de richesse et de privilège", selon le New York Times, le prince est connu en Arabie saoudite pour ses extravagances et son côté "playboy". En 2012, alors qu'il séjourne dans le très luxueux Plaza Hotel de New York (Etats-Unis), il est lié à une affaire de viol après une nuit de fête dans les établissements nocturnes de la ville. Aujourd'hui âgé de 41 ans, le richissime rentier s'est reconverti dans les affaires et tire des dividendes de complexes immobiliers, aux Etats-Unis et en Europe. Il possède aussi la moitié du capital de la compagnie de télévision saoudienne MBC, qui comprend entre autres la chaîne Al Arabiya.

Un amoureux de Paris

Le prince Abdel Aziz Ben Fahd avait attendu le 2 août et la fin du ramadan pour entamer ses vacances à travers l'Europe. Coutumier de Paris et de ses établissements les plus luxueux, il a, selon Le Monde, une prédilection pour ces palaces qui offrent une vue sur la tour Eiffel et une proximité avec les maisons de couture et les joailliers.

Dans la capitale française, il retrouve souvent Saad Hariri, ancien chef du gouvernement libanais. Les liens entre les deux hommes sont étroits, notamment dans leur cogestion de Saudi Oger, une entreprise de construction florissante fondée par le père de Saad – Rafic Harir – l'ex-premier ministre libanais assassiné et proche de Jacques Chirac.

Mais si le prince Abdel Aziz séjourne régulièrement à Paris, sa position géographique est difficilement identifiable pour les braqueurs. "Les princes saoudiens voyagent beaucoup, à plusieurs, avec leurs propres personnels, cuisiniers, femmes de chambre, gardes du corps, et utilisent assez peu le personnel des hôtels, explique le concierge d'un des palaces pour milliardaires, interviewé par Le Monde. Ils sont souvent méfiants et il est toujours difficile de prévoir le moment de leur arrivée, comme s'ils n'avaient jamais d'horaires. Mais il est aisé de prévoir leur départ, parce que le gros du travail consiste alors à veiller à ce que tous les bagages de la suite soient bien embarqués jusqu'à l'aéroport." Une fuite venant de l'entourage du prince reste une hypothèse privilégiée par les enquêteurs.