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Plan contre le racisme : "Les priorités politiques se font toujours au détriment du reste", réagit Unité SGP Police-FO

Le gouvernement a dévoilé, lundi, un plan national de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations liées à l'origine.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un drapeau Unité SGP Police-FO. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / VIA AFP)

"Les effectifs ne sont pas là, du coup il y a des faits jugés moins urgents, et moins bien traités", décrit ce lundi sur franceinfo Linda Kebab déléguée nationale d'Unité SGP Police-FO. Elle réagit aux annonces d'Eric Dupond-Moretti de mise en place d'un plan contre le racisme, qui comprend des mesures pour favoriser le dépôt de plaintes. La déléguée nationale d'Unité SGP Police-FO dénonce le manque de moyens pour gérer de front les différents plans d'action "pendant qu'on fait ça on ne s'occupe pas du harcèlement ou des violences aux mineurs, parce que les priorités politiques se font toujours au détriment du reste".

franceinfo : Est-ce qu'il y a un problème d'accueil des plaignants sur les sujets de racisme ou d'antisémitisme ?

Linda Kebab : Oui, en fait, il y a surtout un problème de surcharge avec une obligation pour les policiers, malheureusement, de devoir prioriser. Je vous rappelle qu'on a enchaîné ces dernières années un plan de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, et là, plus récemment, on a parlé d'un plan de lutte contre la maltraitance animale. Ce sont de très belles choses. Néanmoins, les effectifs ne sont pas là et du coup, priorisation oblige, il y a des faits qui sont parfois jugés moins urgents. Et donc, ils sont moins bien traités.

Il n'y a pas de manque de formation ou de sensibilisation selon vous ?

Une meilleure formation et une meilleure dotation, ça, c'est impératif. Un meilleur accueil et surtout permettre aux policiers de pouvoir poser les bonnes questions. Parce que, parfois, la méconnaissance, le manque d'expérience, le défaut de formation continue, qui est un de nos péchés capitaux dans la police font que, à la fin, on n'arrive pas forcément à bien qualifier les infractions et c'est malheureusement toujours au profit de la défense.

Pour répondre à cela justement, il y a l'idée d'une procédure hors-les-murs, pourquoi pas dans les locaux d'associations. Est-ce que cela vous semble une bonne solution ?

Tout est une bonne solution à partir du moment où elle permet de lutter contre un fléau, et les discriminations en sont un. La question reste encore la même : comment on trouve des effectifs pour sortir des locaux, particulièrement des OPJ par exemple, qui pourraient être amenés à aller dans des associations, recueillir des plaintes et qui ensuite reviendraient au service pour pouvoir entendre et effectuer les autres actes procéduraux dans un véritable manque d'effectifs ? Dans un commissariat de l'Est de la France, un groupe chargé des violences faites aux femmes a 700 dossiers. Imaginez 700 victimes qui attendent d'être traitées. Et pendant qu'on fait ça, on ne s'occupe pas du harcèlement scolaire ou des violences faites aux mineurs. Les priorités politiques se font toujours au détriment du reste. Tout doit être prioritaire.

Il y a la question des moyens, mais aussi le fait que la moitié des affaires aboutissent à un classement sans suite. Qu'est-ce qu'on peut faire ?

Il y a deux choses. La première : la formation pour une meilleure qualification des faits, une meilleure recherche de la preuve et puis des moyens aussi, par exemple, notamment quand il faut borner un téléphone, faire des recherches plus approfondies. Nos administrations ont décidé que parfois, quand entre guillemets, le bénéfice n'était pas assez intéressant, eh bien on abandonne les éléments d'enquête et donc du coup on se retrouve avec des infractions qui sont mal qualifiées, avec des vaines recherches, avec des classements sans suite.

Et puis il y a la deuxième chose, c'est la justice. Au-delà de l'accueil et de la parole des victimes, il y a évidemment le traitement qui est fait au dossier. Le classement, ce n'est pas le policier qui le décide. Et pour le coup, là, c'est ce que le garde des Sceaux va mettre en œuvre en temps et en heure, sous forme de circulaire, notamment auprès des parquets pour faciliter ou en tout cas encourager les différents représentants du ministère public à poursuivre les auteurs.

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