Le taux d'élucidation des crimes et délits est en nette diminution en France
Le ministère de l'Intérieur a publié, jeudi 25 avril, des chiffres qui montrent une baisse globale du taux d'élucidation en 5 ans. Concrètement, ce taux représente la capacité des policiers et des gendarmes à mettre un nom sur un crime ou un délit après un dépôt de plainte, par exemple. Dans le cas des crimes les plus graves, les homicides, la baisse du taux d'élucidation est très nette. Entre 2017 et 2022, il a diminué de 12 points. Au bout d'un an d'enquête après le moment où le crime est commis, 69% de ces homicides ont été résolus en 2022 contre 81% en 2017. Ce taux baisse dans les mêmes proportions dans le cas des escroqueries (-12 points), une baisse très marquée est aussi observée pour les violences sexuelles (-8 points).
La baisse est un peu moins élevée dans le cas des violences sexuelles intrafamiliales (-9 points) et des coups et blessures volontaires (-9 points). Les chiffres sont stables dans les enquêtes pour cambriolages (-1 point) et autres vols de voitures (-1 point), et les vols sans violence (-1 points). Après quatre ans d'enquête, et non plus un an, les taux d'élucidation sont à des niveaux plus élevés, les enquêteurs ayant eu plus de temps pour mener à bien leurs investigations.
Une augmentation des infractions
En ce qui concerne les violences sexuelles, il y a une hausse objective des viols, des atteintes sexuelles. Les effets du mouvement #MeToo, qui a rendu ces infractions plus visibles, se font également sentir, les victimes portant plainte plus facilement. Dans le cas des homicides, le service statistique du ministère de l'Intérieur pointe une hausse des meurtres. Cela nécessite plus de moyens de police judiciaire pour travailler sur les enquêtes.
Enfin, concernant les escroqueries, le ministère pointe les modes opératoires de plus en plus sophistiqués des criminels qui rendent les enquêtes plus compliquées.
L'efficacité des enquêtes judiciaires en cause
L'ANPJ - des enquêteurs de la police judiciaire regroupés en association pour défendre leur métier qu'ils estiment menacé - considère que ce taux d'élucidation en baisse est le résultat des choix politiques faits par Emmanuel Macron aux dépens de la police judiciaire. "La pierre angulaire du problème reste le manque d'investissement dans la police judiciaire. Il y a un manque d'effectif, 20 000 officiers de police judiciaire ce n'est pas suffisant aujourd'hui en France, déplore sur franceinfo le président de l'ANPJ, qui souhaite rester anonyme. Pour régler le problème de la résolution des enquêtes, il n'y a que deux versants à travailler pour la police : le nombre de plaintes prises, et le nombre d'effectifs pour traiter ces plaintes."
Une situation qui, selon cette association d'enquêteurs, ne devrait pas s'améliorer. La mise en place récente de la réforme de l'organisation de la police s'est faite aux dépens de la police judiciaire, dénonce l'ANPJ. L'association craint donc que cette réforme ne fasse qu'accentuer la baisse du taux d'élucidation des enquêtes.
Le 1er secrétaire national adjoint du SCSI, le Syndicat des Cadres de la Sécurité Intérieure, Didier Rendu estime, lui qu'"il faut commencer par dire qu'il y a une augmentation générale en volume de la délinquance qui est réelle." Il ajoute que "la filière investigation traverse une grave crise et connaît plusieurs grandes difficultés, qui n'encouragent plus les effectifs à se tourner vers le judiciaire" et cite notamment la "complication excessive et toujours plus grande de procédure pénale, l'inflation normative, la crainte de commettre des erreurs juridiques", une "politique RH peu adaptée aux spécificités des métiers de PJ" ou encore "des outils numériques défaillants."
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