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Quatre conseils à Nikola Karabatic pour réussir son retour sur les terrains

Le handballeur de Montpellier a rejoué avec les Bleus pour la première fois depuis le déclenchement de l'affaire des paris suspects. Retour à la normale en vue ?

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Nikola Karabatic de retour sur les terrains sous le maillot de l'équipe de France, ici en Turquie, le 4 novembre 2012.  ( AFP)

SPORTS - Un gymnase qui va forcément vous rappeler vos années collège ; des spectateurs qui fument dans les tribunes ; une petite banderole bas de gamme en-dessous du tableau d'affichage. Voilà le cadre du retour de Nikola Karabatic sur les parquets, avec l'équipe de France, au cours d'un improbable match contre la Turquie. "C'était sympa, comme il y a dix ans quand on jouait dans les petits bleds", a analysé le joueur de Montpellier, inquiété dans l'affaire des paris suspects. Reste à savoir maintenant comment le public français va l'accueillir en championnat, à Sélestat (Bas-Rhin), le 11 novembre, dans un stade complet une semaine avant la rencontre. Quelques conseils pour un retour réussi.

Comme l'OM, jouer les martyrs

L'affaire VA-OM n'a pas entamé la cote d'amour du club phocéen en France. Au contraire. Beaucoup d'amoureux du club ont vu dans la révélation de cette affaire un complot ourdi depuis Paris par les dirigeants du football, fatigués de la domination sans partage de l'OM au début des années 1990. Comme l'explique le sociologue Ludovic Lestrelin sur son blog, "par un effet d’opposition et de contraste, le capital de sympathie, né chez de nombreuses personnes lors de l’époque glorieuse de l’équipe, a été transformé en empathie pendant cette période sombre de l’histoire du club marseillais, le sentiment d’appartenance à une même communauté de valeurs et de représentations sociales (être du côté de l’opprimé contre le système) se durcissant dans l’affrontement 'avec le reste du monde'".

Nikola, si tu nous lis : la première réaction des fans de handball lors de la révélation de l'affaire et l'interpellation après le choc PSG-Montpellier a été le déni. Désormais, Karabatic joue la carte du soutien du public, contre son club : sa page Facebook déborde de messages de soutien alors que le club passe pour le méchant dans l'histoire. "Messieurs les dirigeants, si vous êtes bons gestionnaires, réintégrez vos joueurs après bien sûr une petite punition. Pour un club qui se dit familial, on ne jette pas ses enfants quand ils font une bêtise, on punit, vous en sortirez grandi !", peut-on lire sur la page du club.

Comme Richard Virenque, continuer à gagner avec panache

Comme Nikola Karabatic, Richard "Cœur de Lion" Virenque est fauché en pleine gloire par l'affaire Festina un triste matin de juillet 1998. Il pleure en mondovision, clame son innocence, nie s'être dopé intentionnellement. Virenque changera de version deux ans plus tard. Mais le public ne lui en tiendra pas rigueur : dans l'inconscient collectif, il est la victime d'un système où tous les coureurs se dopent. Après deux années de purgatoire, il récupère son maillot à pois sur le Tour et anime les "grandes boucles" du début des années 2000 à grands coups de raids solitaires en montagne, en alternance avec Laurent Jalabert. Contrairement à Lance Armstrong, personne ne lui a crié "dopé !" sur le bord de la route. "Le sport fait croire au modèle, entretenant la légende dans des sociétés qui n'en ont plus. D'où d'inévitables obscurcissements : la société sportive protège l'illusion, mais chacun aussi veut y croire malgré lui", analyse l'historien Georges Vigarello sur Le Monde (article abonnés).

Nikola, si tu nous lis : la meilleure défense, c'est l'attaque. Là où les amoureux du hand attendent Karabatic, c'est sur un parquet. Redresser la situation du club de Montpellier, en perdition depuis le début de l'affaire, voire remporter le Mondial en Espagne avec l'équipe de France constitueraient la meilleure des réponses. "C'est avec des victoires qu'on effacera cette affaire", analysait sur francetv info Nicolas Chardon, du site handnews.fr.

Le handballeur français Nikola Karabatic lors du match du tournoi olympique contre l'Espagne, le 8 août 2012. (IAN WALTON / GETTY IMAGES)

Comme Franck Ribéry après l'affaire Zahia, se taire

La meilleure arme de sportifs passés de la lumière des projecteurs aux pages des faits divers, c'est la dissociation mentale. Ce phénomène psychologique constaté sur le cas Lance Armstrong montre qu'on peut continuer à admirer un champion tout en condamnant ses dérapages. Franck Ribéry est la vedette de l'équipe de France quand son nom est associé à l'affaire Zahia et au sulfureux Zaman Café en 2010. S'ensuit une année difficile où la France du foot ne parle plus que de ça. Sa solution : une cure de silence, neuf mois durant lesquels il ne répond aux conférences de presse qu'en allemand, histoire de ne pas donner de grain à moudre aux médias français. Le temps de laisser comprendre au grand public que les footballeurs n'ont pas vocation à être des exemples et de sortir le refrain du "nouveau départ" dans Le Parisien, en février 2012 : "Avant, j’étais le chouchou du public. Après, j’ai été rejeté. Mais mon histoire avec les Bleus est loin d’être finie."

Nikola, si tu nous lis : silencieux en garde à vue, briefé à mort lors de ses multiples passages devant les caméras, Nikola Karabatic a intérêt à recentrer son image sur le handballeur qu'il est. Ses déclarations d'après-match dimanche 4 novembre, où transpire sa joie de rejouer, constituent un bon début. Il lui faudra encore passer le Montpellier-Cesson, remake du match par qui le scandale est arrivé, prévu le 1er décembre.

Comme Thierry Henry, s'exiler

Sa main contre l'Irlande, qui a failli dégénérer en crise diplomatique, puis l'épisode du bus de Knysna, lors du Mondial en Afrique du Sud, sa marginalisation en équipe de France et à Barcelone : la saison 2009-2010 de Thierry Henry n'a pas été de tout repos. L'ancien attaquant vedette d'Arsenal en a tiré les leçons en s'exilant outre-Atlantique, dans un pays qu'il aime et où on ne lui pose pas de questions. A New York, les Red Bulls jouent pour leur attaquant vedette, qui peut s'isoler au calme dans son triplex voisin de celui d'Alicia Keys.

Nikola, si tu nous lis : un transfert hors du championnat de France est toujours d'actualité. Selon les sanctions sportives et judiciaires prononcées, se refaire une santé hors de France pourrait s'avérer un choix judicieux.

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