Une prof de français suspendue pour une dissertation sur Mohamed Merah
L'enseignante avait soumis à ses élèves de troisième le sujet suivant : "Est-ce une bonne chose d'avoir tué M. Merah ?".
L'enseignante voulait permettre à ses élèves de "réfléchir sur l'actualité", mais le rectorat a peu goûté son initiative. Une professeur de français d'un collège de Lavelanet, dans l'Ariège, a été mise à pied pour avoir donné à sa classe de troisième un sujet de dissertation polémique sur la mort de Mohamed Merah, a révélé vendredi 13 avril l'Académie de Toulouse.
Le sujet proposé aux élèves du collège Pasteur était formulé ainsi : "Est-ce une bonne chose d'avoir tué M. Merah. 1. Je résume l'affaire. 2. Pour qui?" "Le tueur au scooter" a semé l'effroi dans la région, tuant sept personnes dont trois enfants, à Toulouse et Montauban entre le 11 et le 19 mars. Après l'attaque sanglante du collège-lycée juif Ozar Hatorah de Toulouse, il avait été localisé par les enquêteurs et abattu lors de l'assaut contre son domicile.
La réponse à "une demande des enfants", selon l'enseignante
Le sujet donné aux élèves a ému les parents, qui ont réclamé des explications. L'enseignante s'était notamment expliquée dans La Dépêche, affirmant avoir "répondu à une demande des enfants eux-mêmes". "L'argumentation figure bien au programme des élèves de troisième. Ce travail devait leur permettre de réfléchir sur l'actualité, de prendre du recul, de s'exprimer sur un sujet qui les a choqués. Si nous, enseignants, nous ne pouvons plus faire réfléchir nos élèves, qui le fera ?"
Mais l'intitulé a fait bondir le recteur de l'Académie de Toulouse, Olivier Dugrip. Selon lui, il "suppose que le fait de tuer quelqu'un pourrait être une bonne chose". Il a déciddé de suspendre l'enseignante "à titre conservatoire", suspension qui a pris effet début avril.
Une sanction administrative en perspective
L'enseignante encourt une sanction administrative, qui pourrait être un blâme ou un avertissement, a précisé le recteur, qui se prononcera à la rentrée des vacances de Pâques. La suspension n'implique pas de perte de salaire.
Ce n'est pas le seul incident en milieu scolaire lié à l'affaire Merah. A Rouen, une professeur d'anglais du lycée Gustave-Flaubert avait été suspendue après avoir appelé ses élèves à observer une minute de silence à la mémoire de Mohamed Merah. La majorité d'entre eux s'était levée et avait quitté la classe.
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