Reportage "Le choix de partir à l'étranger est évident" : à 19 ans, Lili Pankotai lutte contre l'exil des jeunes Hongrois

Elle s'est fait connaître grâce à son slam, qui dénonce la politique du gouvernement hongrois et la vision de Viktor Orban. Dans ce pays au niveau de vie modeste, Lili Pankotai n'hésite pas à s'affirmer.
Article rédigé par Willy Moreau
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Lili Pankotai (WILLY MOREAU / FRANCEINFO)

La Hongrie fait face à un exode de ses jeunes : 33 700 Hongrois ont quitté le pays l’année dernière, selon l’Office central des statistiques. C’est 4,6 fois plus qu’en 2010, quand le nationaliste Viktor Orban est arrivé au pouvoir. La catégorie d’âge la plus représentée est celle des 20-49 ans, mais certains jeunes font de la résistance, comme Lili Pankotai, devenue le poil à gratter du gouvernement hongrois.

Il faut voir dans la rue ces regards qui la fusillent, les personnes qui se retournent à son passage... Lili Pankotai, 19 ans, allure frêle, cheveux blonds tirés en arrière est connue dans tout le pays. Elle a fait la une des médias il y a deux ans pendant les manifestations contre la réforme de l’Éducation nationale, avec son slam incendiaire, grossier contre le gouvernement. "Vous pensez pouvoir effacer la pensée ? Mon cul !", scande-t-elle.

Ces paroles lui ont valu l’exclusion de son lycée, elle a été obligée de partir à Budapest pour poursuivre ses études. Elle a hésité à quitter son pays, "mais à partir du moment où j’ai été dans cette situation, c’est la responsabilité qui a pris le dessus, explique-t-elle. J’ai compris que j’avais plus de possibilités et de chances de changer ce système qu’une personne lambda et puis, si d’autres partent qui va rester ici ?"

Un niveau de vie parmi les plus faibles de l'UE

Ses amis enchaînent de petits boulots à l’étranger ou étudient à Vienne, Madrid, Barcelone... "Si quelqu'un calcule à quel âge il pourra s'acheter un studio avec un salaire normal - pas seulement à Budapest, mais aussi en province - alors le choix de partir à l'étranger est évident. C'est ça le plus gros problème. Et alors avoir des enfants…", soupire Lili Pankotai.

La Hongrie a le niveau de vie le plus faible de l’Union européenne, après la Roumanie. Les années "Orban" ont empiré la situation, dit-elle. Son combat désormais : faire revenir les jeunes. Pour y arriver, elle compte étudier le droit. "J’ai regardé ce qu’il me faudrait pour devenir une bonne politicienne, pas comme l’opposition actuelle, le parti gouvernemental, voire l’Union européenne, dit-elle. Quelqu’un capable de représenter les gens, ce qui n’est pas une grande habitude en Hongrie. Et pour faire ça bien et pour y arriver, le minimum, c’est le diplôme de droit."

Avant de reprendre le tram pour rejoindre une soirée de conférence où elle est invitée, la jeune femme, symbole d’une jeunesse déçue mais déterminée, s’adresse une nouvelle fois à Viktor Orban :
"Comme dit la génération Z : 'Frère, c’est mort !'"

"Le choix de partir à l'étranger est évident" : à 19 ans, Lili Pankotai lutte contre l'exil des jeunes Hongrois. Le reportage de Willy Moreau

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