Polémique sur les municipales à Propriano : "Nous ne sommes pas les Balkany", dit le maire
Le maire sortant, inéligible, a chargé son épouse de faire campagne à sa place pour garder la mairie. Mais la candidate a été très critiquée après une interview difficile sur le plateau de France 3 Corse. Joint par francetv info, le maire s'explique.
La campagne pour les municipales à Propriano (Corse-du-Sud) a débordé les frontières de l'île de Beauté depuis le passage très remarqué de la principale candidate à la télévision. Jeudi 6 février, Caroline Bartoli est apparue hésitante sur le plateau de France 3 Corse, plongeant dans ses notes dès les premières questions.
Car cette femme n'est pas une professionnelle de la politique et n'a pas l'intention d'y faire carrière. Elle est la femme du maire sortant Paul-Marie Bartoli (Parti radical de gauche). Inéligible depuis que le Conseil Constitutionnel a invalidé ses comptes de campagne, il a chargé son épouse de gagner les élections pour conserver la mairie. Retour sur cet épisode avec les principaux protagonistes.
"On s'est fait piéger"
Depuis cette fameuse interview télévisée, impossible de parler à Caroline Bartoli. Son mari, Paul-Marie Bartoli, fait rempart. Il se présente à francetv info comme "le directeur de campagne", "seul habilité à parler au nom de la candidate". Et il il l'assure : "Ma femme ne s'exprimera plus devant les médias." Embarrassant pour un candidate en campagne.
L'époux reconnaît une interview "ratée". "Elle était tétanisée, comme une adolescente qui passe le baccalauréat", plaide-t-il. "La pauvre", ajoute-t-il, "elle n'a pas l'habitude". "Ce n'est pas son truc, ajoute-t-il, elle n'est pas capable d'affronter les médias." "Elle m'a rendu service", ajoute-t-il. Pour autant, le mari ne veut pas qu'on "ridiculise" sa femme. "On n'attaque pas une mère de famille comme ça."
"Ma femme n'est pas un pantin"
Le maire sortant ne décolère pas : "Y en a marre des sarcasmes. J'en ai plein les bottes. Ça fait quatre jours que ça dure." Et de citer l'éloge funèbre de François Mitterrand à Pierre Beregovoy. Rien ne justifie "qu'on ait pu livrer aux chiens l'honneur d'un homme et finalement sa vie".
"Nous ne sommes pas les époux Balkany", proteste Paul-Marie Bartoli. Si ses comptes de campagne ont été certes invalidés, c'est pour 3 700 euros de frais de bouche non déclarés. Et il assure que, contrairement au maire de Levallois et à la femme de celui-ci, la justice ne s'intéresse pas à son cas.
Sa femme fait campagne "pour deux mois", explique-t-il. Et qu'importe les critiques, "nous allons l'emporter avec plus de 66,66% des voix", assure le maire sortant, élu dans un fauteuil en 2008, avec 96,11% des voix. "Deux mois" après l'élection, face à l'actuel premier adjoint entré en dissidence, son épouse démissionnera et les habitants de Propriano devront revoter pour élire un nouveau maire. "Le 24 mai, je retrouve mon éligibilité", clame celui qui se voit déjà redevenir maire. Mais en attendant, le mari prévient : sa femme, "ce n'est pas un pantin."
"Elle avait la tête dans le seau"
Il n'y avait "aucun piège", assure à francetv info Jean-Vitus Albertini, le journaliste de France 3 Corse qui a interviewé "la malheureuse". L'entretien n'était pas en direct, mais "enregistré" et il n'y a qu'"une seule prise", "comme avec tous les candidats". Le mari accompagnait sa femme. Il a regardé sa prestation depuis une loge. Et "à l'issue de l'entretien, il n'a pas montré de mécontentement, il n'a pas demandé qu'on le refasse ou qu'on ne le passe pas."
Le présentateur reconnaît qu'il "n'a pas trop insisté" et qu'"il n'y a pas eu beaucoup de relances." "Elle avait la tête dans le seau, on n'a pas mis le pied dessus". Mais il relativise : "On en a eu d'autres qui n'étaient pas des aigles en matière de communication politique." Pour autant, "les gens ont le droit de savoir pour qui ils vont voter", argumente-t-il.
"Une manœuvre politicienne pour garder la mairie"
Le journaliste explique qu'il jugeait "intéressant" d'évoquer le cas "curieux" de Propriano et cette "manœuvre politicienne pour garder la mairie dans la famille Bartoli". Le coup politique de Paul-Marie Bartoli "a choqué, y compris dans son propre camp", commente-t-il. "Le problème de fond, c'est qu'il n'a pas confiance dans ses colistiers. Il n'était pas obligé de mettre sa femme tête de liste." Mais voilà, s'il l'a fait, c'est parce qu'"il était sûr qu'elle démissionnerait."
Mais si sa femme est candidate, il ne faut pas s'y tromper, "la campagne sur le terrain c'est lui qui la fait". "Ce qui est fou", conclut le journaliste, "c'est que les colistiers et, d'une certaine manière, les électeurs, se prêtent à ça."
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