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Les inégalités de revenus continuent de se creuser en Europe, surtout à l'intérieur de chaque pays

Selon un rapport du laboratoire sur les inégalités mondiales, les inégalités se creusent entre pays européens, mais encore plus à l'intérieur des pays. 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
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Temps de lecture : 2 min
Selon un rapport du laboratoire sur les inégalités mondiales, les écarts de revenus se creusent entre pays européen.  (MONIKA SKOLIMOWSKA / ZB)

Les écarts de revenus continuent de se creuser en Europe, selon une étude publiée mardi 2 avril par le Laboratoire sur les inégalités mondiales. Selon ce rapport, les inégalités se creusent entre pays européens, mais surtout à l'intérieur même des pays de l'Union européenne. Entre 1980 et 2017, "les 1% les plus riches ont vu leurs revenus croître deux fois plus rapidement que la moyenne, et ont capté une part de la croissance similaire à celle captée par les 50% les moins aisés", affirme cette étude. En cause notamment : une "concurrence fiscale accrue entre États européens qui a miné la progressivité de l'impôt" et freine la redistribution.

Le laboratoire sur les inégalités mondiales (World Inequality Lab), qui se donne pour objectif d'étudier "la répartition des revenus et des patrimoines au niveau mondial", est animé en particulier par l'économiste Thomas Piketty. Il revendique une vingtaine de chercheurs, assistants de recherche et chargés de mission basés à l'Ecole d'économie de Paris et met à jour une base de données, la World Inequity Database (WID).

La croissance européenne inégalitaire 

Même si l'Europe est "l'un des continents qui a le mieux résisté à la montée des inégalités des revenus", notamment par rapport aux États-Unis, "la croissance européenne a elle aussi été inégalitaire", affirme cette étude.

Premier constat, malgré les politiques d'intégration européennes, les inégalités de revenus sont encore importantes entre pays européens, particulièrement entre l'Est et l'Ouest. Ainsi, en 2017, en Bulgarie et en Roumanie le revenu national moyen par adulte demeure inférieur à 20 000 euros par an, alors qu'il dépasse largement 40 000 euros dans les pays du Nord de l'Europe, et atteint les 60 000 euros au Luxembourg. 

Deuxième constat : les inégalités entre individus au sein des différents pays européens ne cessent d'augmenter. Ainsi selon l'étude "aucune région européenne n'a été épargnée par cette montée des inégalités" même si cet écart croissant de revenus a été "particulièrement fort en Europe de l'Est". De manière générale, entre 1980 et 2017, les 50% les plus modestes de la population européenne ont capté 15% de la croissance, quand dans le même temps, les 1% des plus riches captaient à eux seuls 17% de la croissance.

Les inégalités surtout à l'intérieur des pays 

Selon l'étude, ces écarts de revenus à l'intérieur des pays creusent davantage les inégalités que les différences entre pays européens. Ainsi, si le revenu moyen était le même dans tous les pays européens, les 10% des européens les plus riches capteraient quand même 30% des richesses, contre 34% actuellement, c'est-à-dire avec un revenu moyen qui diffère entre les pays.

Résultat, le taux de pauvreté (c'est-à-dire la part de la population adulte qui vit avec moins de 60% du revenu médian) en Europe stagne autour de 20% depuis 1980.

Pour les auteurs de cette étude, la raison de cette hausse des inégalités s'explique en partie par la "logique de concurrence fiscale entre États-membres". Par exemple, le taux supérieur d'imposition des sociétés a considérablement baissé, passant de près 50% en 1980 à 25% aujourd'hui. À l'inverse, la TVA "qui pèse de manière disproportionnée sur les bas revenus a augmenté en moyenne de trois points depuis le début des années 1980".

Pour contenir à l'avenir la hausse des inégalités, le rapport recommande au niveau européen "la mise en place de politiques fiscales communes". 

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