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Européennes : Louis de Gouyon Matignon, la "génération Maastricht" à l'assaut de Bruxelles

Cet étudiant en droit de 22 ans est tête de liste en Ile-de-France pour son Parti européen, qui défend notamment les Roms. Portrait.

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Louis de Gouyon Matignon pose dans les allées de la Foire du Trône, le 6 mai 2014, à Paris.  (JULIE RASPLUS / FRANCETV INFO)

Sitôt arrivé, Louis de Gouyon Matignon, tee-shirt et veste en cuir, s'interrompt : il a un appel important à passer. Une histoire de bulletins de vote à payer et à imprimer avant 19 heures, puis à acheminer au ministère avant vendredi, "sauf que jeudi est férié". On est mardi 6 mai et la pression monte à l'approche des élections européennes. 

"C'est un peu speed en ce moment", concède le candidat du Parti européen et étudiant en troisième année de licence de droit. La veille, la plus jeune tête de liste de la région Ile-de-France a passé son dernier examen partiel de l'année. Mais cela n'est pas pour lui déplaire. Car Louis de Gouyon Matignon vit comme il parle : à mille à l'heure.

A 22 ans, il peut déjà se targuer d'être l'auteur de deux ouvrages sur la communauté tsigane, de présider l'Association de défense de la culture tsigane, d'écumer les plateaux télé à chaque polémique sur les Roms et d'avoir été l'assistant parlementaire du sénateur UMP Pierre Hérisson, rencontré lors d'un rassemblement de gens du voyage. Alors, l'Europe, c'est un peu "la suite logique", résume son ami d'enfance Edouard Dupouy, étudiant en comptabilité, propulsé directeur de campagne. 

L'Europe comme horizon

Son baptême européen, Louis le fait fin 2013. Après avoir été congédié par Pierre Hérisson en raison de ses critiques vis-à-vis de l'UMP, le blondin, dont la barbe de trois jours peine à vieillir le visage juvénile, décide de se lancer, sur les conseils de "Dany" (Cohn-Bendit). "Un jour, je l'ai appelé en lui disant que je voulais le rencontrer. Il m'a répondu : 'OK !'" s'amuse-t-il. "J'y suis allé au culot. Ça a dû le faire marrer. Il m'a dit : 'Tous les partis sont en train de sombrer. Avec le bagage que tu as déjà, lance ton propre truc.'" Dont acte.

En février, il crée le Parti européen, rassemble autour de lui étudiants en droit ou militants sensibles à son engagement vis-à-vis des gens du voyage. "J'ai eu envie de faire de la politique quand je me suis rendu compte qu'on tapait sur eux. Ce sont eux qui m'ont donné envie de m'engager", raconte ce petit-fils de marquis, descendant d'une grande (et très ancienne) famille aristocratique, que les années en pensionnat ont poussé à s'intéresser aux autres. 

"Au début, il jouait de la musique avec eux, rappelle, amusé, son ami Edouard Dupouy. Il les a ensuite défendus d'un point de vue juridique, puis sur le plan politique. C'est un enchaînement d'événements." Louis est désormais passé à l'étape supérieure : "Je cherche à faire prendre conscience aux gens qu'on va vers l'Europe, vers le métissage et qu'il ne faut pas perdre de temps."

A l'entendre parler, on le sent transporté. "Quand j'entends ce que dit Jacques Delors, quand je regarde les écrits des 'pères fondateurs', je me sens en famille. Ce sont des gens qui me touchent", dit cet europhile convaincu. Son projet : une Europe fédédale des régions, avec un président de l'UE élu au suffrage universel direct, une Constitution européenne et, pourquoi pas, une équipe de foot. 

"C'est à nous de faire l'Europe" 

Parfois, ses joues rosissent. Il s'inquiète de paraître prétentieux, "alors que j'ai 22 piges et rien connu dans ma vie". Ne se sent-il pas trop jeune pour un destin européen ? "Je risque de pâtir de mon âge, mais médiatiquement, ça marche", se reprend-il illico, avant de renchérir : "Je suis né en 1991, je suis de la génération Maastricht. C'est à nous de faire l'Europe. Si les gens qui sont nés avant ne l'ont pas fait, pourquoi le feraient-ils maintenant ?"

Son idéalisme n'entame toutefois pas sa lucidité. S'il a pu porter ses idées, c'est aussi grâce à ses proches. Les 3 500 euros nécessaires à la création du Parti européen et à l'organisation de la campagne sont sortis des poches de ses parents et de ses grands-parents. Quant à son potentiel de réussite, il ne se fait pas non plus trop d'illusions : "Bien sûr que je souhaite être élu, mais je suis réaliste. J'ai 22 ans, personne ne me connaît et je défends les gens du voyage..." 

A y regarder de plus près, l'essentiel, dans toute cette affaire, semble être de porter plus haut son message. "En réalité, je cherche à ouvrir ma gueule et à marquer le débat", sourit-il. La suite des événements découlera des résultats. "Je pense que je vais me prendre une bonne claque, mais ça fait partie du jeu." Et pour ne rien arranger, les résultats de ses partiels tombent début juin...

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