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Costa Concordia : le rapport confirme les défaillances de l'équipage

Selon le rapport d'instruction publié jeudi en Italie, l'équipage du Costa Concordia a sous-évalué la gravité de l'accident et a commis de nombreuses erreurs pour sauver à temps les passagers. Le capitaine du navire, Francesco Schettino, apparaît néanmoins toujours comme le principal responsable du drame.
Article rédigé par Mélody Piu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Arnd Wiegmann Reuters)

A qui la
faute? Voilà ce que tentent d'élucider les juges d'instruction de Grosseto
(Toscane) en reconstituant le naufrage du Costa Concordia qui a eu lieu dans la
nuit du 13 au 14 janvier au large de l'île de Giglio. Grâce aux boîtes noires,
aux enregistrements des conversations à bord, ainsi qu'aux cartes nautiques,
les experts ont conclu que la compagnie gênoise a commis plusieurs erreurs en
sous-évaluant la gravité de l'accident. "Même si la manœuvre du navire était extrêmement
risquée, les conséquences de l'accident auraient pu être limitées si les
procédures d'urgence avaient été suivies
" indique le rapport. Au lieu de
cela, cette nuit-là "c'était le chaos, avec une longue série de retards et d'erreurs " rapporte le
quotidien italien Il Corriere della Serra

Neuf personnes, dont le commandant Francesco
Schettino et trois dirigeants de la compagnie, sont visées par l'enquête ouverte
par le parquet de Grosseto pour homicides multiples, naufrage et abandon de
navire. 

50 minutes de retard dans l'évacuation

Selon le
rapport, la première erreur commise par le commandant Francesco Schettino
est de ne pas avoir immédiatement "adopté la procédure prévue en cas de collision".  Alors qu'il a
réalisé que le navire pouvait couler à 21h51, environ six minutes après
l'impact du Concordia avec le rocher de Giglio, "aucune alerte n'a été envoyée à
l'équipage
". 

A 22
h 27, le commandant finit par appeler le coordinateur de
l'unité de crise, Roberto Ferrarini pour lui annoncer que trois compartiments
sont inondés. Mais ce dernier "ne prend pas immédiatement la
mesure réelle de l'état du navire" 
alors "qu'il
aurait dû conseiller rapidement au capitaine l'abandon du navire car sa
stabilité était compromise". 
L'ordre d'évacuation n'est intervenu qu'une
demi-heure plus tard.

Des ordres incomplets suivis d'incompréhensions

Autres défaillances relevées par le rapport :
une série d'ordres incomplets du commandant Francesco Schettino à son équipage,
suivi d'un problème de communication entre lui et le timonier indonésien. Ce
dernier aurait mal compris un ordre lui demandant de virer à gauche, alors
qu'il a viré vers la droite.

"Ils ont certainement aggravé la situation qui
était déjà critique, et ils ont peut être contribué à la collision qui est
survenue après " ajoutent les juges dans le rapport. 

Un équipage mal formé

Finalement
quand l'alarme sonne, on découvre que les membres d'équipage destinés à "des postes clés, ne connaissent
pas leurs devoirs en cas d'urgence
" et que certains ont été affectés "alors qu'ils n'avaient pas le certificat
d'aptitude"
. Et par-dessus tout, "tout le monde dans l'équipage n'était pas en mesure de
comprendre les instructions en cas d'urgence dans la langue de travail (en
italien)
".

La réponse de Costa

Dans un communiqué, Costa, explique qu'elle "se
réserve le droit d'analyser les documents officiels dans les prochains jours,
afin que nous puissions faire notre propre opinion à ce sujet
". La
compagnie souligne également "qu'en cas d'accident, c'est le commandant
qui a l'obligation d'avertir les autorités alors que l'armateur a l'obligation
de se mettre à leur disposition". 

* Pour
ce qui concerne d'éventuelles responsabilités de Roberto Ferrarini "
les
enregistrements montrent que les informations données par le commandant ont été
communiquées avec retard, étaient partielles et confuses " ajoute
Costa. Par ailleurs, "
l'affirmation que le personnel était mal préparé
aux urgences est dénuée de tout fondement* ".

Le navire Costa Concordia pesant 114.500 tonnes s'est échoué au large des côté de l'île de Giglio, causant la mort de 32 personnes sur 4.229 passagers. L'ouverture du procès devrait avoir lieu avant le début de l'année prochaine. 

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