A qui lafaute? Voilà ce que tentent d'élucider les juges d'instruction de Grosseto(Toscane) en reconstituant le naufrage du Costa Concordia qui a eu lieu dans lanuit du 13 au 14 janvier au large de l'île de Giglio. Grâce aux boîtes noires,aux enregistrements des conversations à bord, ainsi qu'aux cartes nautiques,les experts ont conclu que la compagnie gênoise a commis plusieurs erreurs ensous-évaluant la gravité de l'accident. "Même si la manœuvre du navire était extrêmementrisquée, les conséquences de l'accident auraient pu être limitées si lesprocédures d'urgence avaient été suivies " indique le rapport. Au lieu decela, cette nuit-là "c'était le chaos, avec une longue série de retards et d'erreurs " rapporte lequotidien italien Il Corriere della Serra . Neuf personnes, dont le commandant FrancescoSchettino et trois dirigeants de la compagnie, sont visées par l'enquête ouvertepar le parquet de Grosseto pour homicides multiples, naufrage et abandon denavire. 50 minutes de retard dans l'évacuationSelon lerapport, la première erreur commise par le commandant Francesco Schettinoest de ne pas avoir immédiatement "adopté la procédure prévue en cas de collision". Alors qu'il aréalisé que le navire pouvait couler à 21h51, environ six minutes aprèsl'impact du Concordia avec le rocher de Giglio, "aucune alerte n'a été envoyée àl'équipage ". A 22h 27, le commandant finit par appeler le coordinateur del'unité de crise, Roberto Ferrarini pour lui annoncer que trois compartimentssont inondés. Mais ce dernier "ne prend pas immédiatement lamesure réelle de l'état du navire" alors "qu'ilaurait dû conseiller rapidement au capitaine l'abandon du navire car sastabilité était compromise". L'ordre d'évacuation n'est intervenu qu'unedemi-heure plus tard.Des ordres incomplets suivis d'incompréhensionsAutres défaillances relevées par le rapport :une série d'ordres incomplets du commandant Francesco Schettino à son équipage,suivi d'un problème de communication entre lui et le timonier indonésien. Cedernier aurait mal compris un ordre lui demandant de virer à gauche, alorsqu'il a viré vers la droite."Ils ont certainement aggravé la situation quiétait déjà critique, et ils ont peut être contribué à la collision qui estsurvenue après " ajoutent les juges dans le rapport. Un équipage mal forméFinalementquand l'alarme sonne, on découvre que les membres d'équipage destinés à "des postes clés, ne connaissentpas leurs devoirs en cas d'urgence " et que certains ont été affectés "alors qu'ils n'avaient pas le certificatd'aptitude" . Et par-dessus tout, "tout le monde dans l'équipage n'était pas en mesure decomprendre les instructions en cas d'urgence dans la langue de travail (enitalien) ".La réponse de CostaDans un communiqué, Costa, explique qu'elle "seréserve le droit d'analyser les documents officiels dans les prochains jours,afin que nous puissions faire notre propre opinion à ce sujet ". Lacompagnie souligne également "qu'en cas d'accident, c'est le commandantqui a l'obligation d'avertir les autorités alors que l'armateur a l'obligationde se mettre à leur disposition". * Pource qui concerne d'éventuelles responsabilités de Roberto Ferrarini "lesenregistrements montrent que les informations données par le commandant ont étécommuniquées avec retard, étaient partielles et confuses " ajouteCosta. Par ailleurs, "l'affirmation que le personnel était mal préparéaux urgences est dénuée de tout fondement* ".Le navire Costa Concordia pesant 114.500 tonnes s'est échoué au large des côté de l'île de Giglio, causant la mort de 32 personnes sur 4.229 passagers. L'ouverture du procès devrait avoir lieu avant le début de l'année prochaine.