Optique, hôpitaux, labos… Les cibles de la Cour des comptes pour renflouer la Sécu
Dans son rapport annuel, la Cour préconise d'accélérer le rythme des économies, notamment pour la branche maladie. Marisol Touraine a affirmé que les lunettes ne seraient pas déremboursées.
"Il n'y aura pas de déremboursement" des lunettes, a assuré la ministre des Affaires sociales et de la Santé, mardi 17 septembre. Dans une interview au site internet du quotidien Ouest-France, Marisol Touraine a réagi aux préconisations de la Cour des comptes, rendues publiques quelques heures plus tôt. Dans son rapport annuel, l'instance recommande, entre autres, de réfléchir à un "éventuel retrait" de la Sécu de ce marché "opaque".
Elle suggère par ailleurs d'accélérer le rythme des économies, notamment pour la branche maladie, la plus déficitaire. Son trou devrait se creuser à près de 8 milliards d'euros en 2013.
Francetv info revient sur les pistes d'économies proposées dans le rapport.
1Lâcher l'optique
La Cour suggère de réfléchir à ce que l'assurance-maladie se retire de l'optique, déjà peu remboursée et largement prise en charge par les complémentaires santé. L'assurance-maladie ne rembourse en effet que 200 millions d'euros par an au titre des dépenses d'optique, quand les complémentaires les prennent en charge à hauteur de 3,7 milliards d'euros. Cette suggestion est avant tout symbolique, mais dans un marché qu'elle juge "dynamique et opaque", la Cour appelle les pouvoirs publics à le "rendre plus transparent et plus concurrentiel".
Pour faire baisser les prix des lunettes, la Cour des comptes propose de profiter de l'instauration de "la complémentaire santé pour tous", dispositif détaillé par Le Parisien dans cet article (payant), qui prévoit que tout salarié bénéficie d'une complémentaire d'ici janvier 2016. Ce texte doit fixer un remboursement minimal des frais d'optique. Mais un plafond pourrait également être imposé afin d'éviter une surenchère des remboursements. La fréquence de changement de montures pourrait elle aussi être limitée. Et les Sages appellent de leurs vœux le développement de réseaux de soins, composés de professionnels de santé. Ils permettront aux mutuelles de négocier le degré et le prix de leurs prestations.
"En matière d'optique, j'ai engagé un processus pour voir comment nous pourrions faire baisser les prix de certains produits et qui viendra à son terme prochainement", a réagi Marisol Touraine.
2Développer la chirurgie ambulatoire
La Cour consacre aussi cinq chapitres de son rapport aux hôpitaux. Elle propose de développer la chirurgie ambulatoire, c'est-à-dire les actes chirurgicaux pratiqués à l'hôpital et permettant la sortie du patient le jour même. Cela permettrait d'économiser 5 milliards d'euros. Quatre interventions sur dix sont pratiquées sur ce modèle en France, contre huit sur dix dans plusieurs pays "qui nous sont comparables". "A cet égard, le considérable retard de la chirurgie ambulatoire dans notre pays est préjudiciable", souligne la Cour.
3Réviser les tarifs des analyses biologiques
Enfin, des efforts peuvent aussi être réalisés dans les dépenses liées à la biologie médicale, dont le coût représente six milliards d'euros pour l'assurance maladie. La récente réorganisation des laboratoires "est encore bien trop timide pour faire baisser les coûts", relève la Cour. Elle appelle à "une action beaucoup plus déterminée" afin de réaliser "des économies très importantes". Elle réclame notamment un meilleur encadrement des examens et une "politique tarifaire plus étroitement en cohérence avec les gains de productivité du secteur".
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