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Nicolas Sarkozy a présenté jeudi à Marignane, dans les Bouches-du-Rhône, des mesures pour dynamiser l'industrie

Il a annoncé, en clôture des états généraux de l'Industrie, que le gouvernement se fixe pour objectif d'augmenter la production industrielle de 25 % en volume d'ici 2015.La nouvelle politique vise aussi à "pérenniser l'emploi industriel sur le long terme", "ambitieuse, puissante et cohérente", alors que le pays ne cesse de se désindustrialiser.
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MM.Sarkozy, Estrosi (D) et Gaudin (G) sur le site d'Eurocopter (groupe EADS), le 4 mars 2010. (AFP/ERIC FEFERBERG)

Il a annoncé, en clôture des états généraux de l'Industrie, que le gouvernement se fixe pour objectif d'augmenter la production industrielle de 25 % en volume d'ici 2015.

La nouvelle politique vise aussi à "pérenniser l'emploi industriel sur le long terme", "ambitieuse, puissante et cohérente", alors que le pays ne cesse de se désindustrialiser.

Ces mesures s'inspirent des propositions des Etats généraux de l'industrie, qui ont rassemblé 5000 participants entre octobre et février, sous la houlette du ministre de l'Industrie Christian Estrosi.

Le document de l'Elysée sur les conclusions de ces Etats généraux rappelle que la population active industrielle a chuté de 15% (-535.000 emplois) depuis 2000 en passant de plus de 3,9 à 3,365 millions d'emplois en septembre 2009.

Le gouvernement a annoncé souhaiter par ailleurs "revenir à une balance commerciale industrielle excédentaire d'ici 2015" (hors secteur énergie), a indiqué la présidence, soulignant que cette balance avait plongé dans le rouge en 2007.

Sur le plan européen, le gouvernement souhaite enfin "augmenter de 2% la part de la France dans la valeur ajoutée européenne d'ici 2015". Cette part est actuellement de 13%, contre plus du double pour l'Allemagne, selon l'Elysée.

Entreprises publiques: Sarkozy veut des administrateurs de l'Etat
Le président a indiqué également qu'il souhaitait des administrateurs de l'Etat qui "jouent leur rôle" dans les conseils d'administration des entreprises publiques pour mieux suivre leur stratégie industrielle.

"Je souhaite des administrateurs qui jouent leur rôle, qui sont passionnés de l'industrie, je souhaite que lorsque l'Etat est actionnaire, les ministres, et notamment le ministre de l'Industrie, puissent avoir deux fois dans l'année une discussion avec les patrons que l'Etat a nommés sur la stratégie d'investissement", a déclaré M.Sarkozy.

"Je n'accepte pas que le grand groupe privé automobile PSA ait les deux-tiers de ses effectifs en France et que l'autre constructeur automobile ait seulement un tiers de ses effectifs en France, alors que l'Etat en est propriétaire à 15%", a-t-il dit en évoquant sans le citer Renault. Et d'ajouter: "Qu'on aille créer des usines à l'extérieur, ça me va très bien pour gagner des parts de marché. Mais qu'on aille fabriquer des voitures à l'extérieur pour les ramener en France, ça fait de la pollution par ailleurs, et je ne l'accepte pas. Sinon pourquoi l'Etat a mis 6 milliards d'euros pour aider la filière automobile française à survivre", s'est-il interrogé.

Selon un document de l'Elysée, l'Etat va nommer un administrateur supplémentaire, issu du ministère de l'Industrie, dans les entreprises publiques, citant les cas de Renault, la Poste et France Télécom.

Un nouveau produit d'épargne dans les tuyaux
Le chef de l'Etat a par ailleurs annoncé que le gouvernement proposerait "d'ici septembre" un nouveau produit d'épargne spécialement destiné à financer l'industrie. Citant la proposition de la CGT d'un "livret d'épargne industrie", M.Sarkozy a précisé que la ministre de l'Economie Christine Lagarde "ouvrira ce chantier pour proposer d'ici l'été un nouveau cadre fiscal qui encouragera vraiment l'épargne à s'orienter vers le financement en fonds propres des entreprises".

"Je souhaite qu'on puisse attirer des capitaux pour nos entreprises et pour notre industrie", a-t-il insisté, déplorant que seul un quart de l'épargne s'orientait actuellement vers "le marché des actions". Des concertations auront lieu à ce sujet avec les partenaires sociaux, a encore promis le chef de l'Etat.

Interrogé jeudi soir sur ce "livret épargne industrie", le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi a expliqué que le gouvernement entend "mobiliser environ 300 milliards d'euros d'éapargne des Français sur l'Industrie".

Réactions
-L'UMP salue "l'ambition" du projet.

- La première secrétaire du PS, Martine Aubry, n'y voit qu'"agitation et discours".

- Le président du Modem, François Bayrou, "approuve la préoccupation" du chef de l'Etat, estimant cependant que les objectifs fixés relèvent plus de "l'annonce".

- La CGT regrette que le sort des salariés et la question "de l'emploi qualifié, durable, de la formation et des salaires" aient été négligés.

- La CFDT a estimé que le discours de Nicolas Sarkozy "ne dessine pas une politique industrielle d'avenir".

- FO regrette "l'absence d'une véritable politique industrielle
ambitieuse réaffirmant la légitimité de l'intervention publique".

- La CFTC "approuve la volonté du président de la République de donner enfin une nouvelle impulsion à l'industrie française".

- Le Groupe des fédérations industrielles: "Les entreprises industrielles se trouvent en phase avec les orientations et les décisions annoncées par Nicolas Sarkozy".

- CroissancePlus, qui se présente comme une association de dirigeants d'entreprises en forte croissance: "Les entrepreneurs de croissance attendent que ces chantiers aboutissent rapidement grâce à des mesures concrètes pour favoriser toutes les industries".

- L'Union professionnelle artisanale (UPA): "La volonté de rééquilibrer la relation entre donneurs d'ordre et sous-traitants est particulièrement bienvenue".

L'industrie en perte d'emplois
Depuis 1980, la France a perdu environ deux millions d'emplois industriels. En 2009 avec la crise, le rythme s'est accéléré, avec quelque 200.000 emplois détruits en plus.

Pour redynamiser l'industrie française, 6,5 milliards d'euros lui ont déjà été alloués dans le cadre du grand emprunt, dont 5,5 milliards pour financer des entreprises innovantes et accroître l'investissement dans les transports et l'espace.

Une enveloppe d'un milliard d'euros, réservée aux propositions issues des états généraux, a déjà été en grande partie attribuée à des mesures préconisées par le gouvernement depuis l'automne: aide à la relocalisation (185 millions d'euros) et prêts à taux bonifiés pour les investissements favorables à l'environnement (500 millions d'euros).

Le comité des Etats généraux a aussi proposé l'instauration d'une conférence nationale de l'industrie, d'une "banque de l'industrie " coordonnant les outils de financement et d'un crédit impôt innovation, complétant le crédit impôt recherche.

Les états généraux ont aussi insisté sur le soutien nécessaire aux PME et sur la nécessité d'augmenter les entreprises de taille intermédiaires.

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