Le renforcement des exigences de fonds propres pour les banques n'affectera pas la croissance, selon Jean-Claude Trichet
Cette exigence de renforcement des fonds propres a été décidée ce week end par les dirigeants des banques centrales et s'appliquera sous le nom de "Bâle III".
"Avec la décision prise dimanche, nous supprimons l'incertitude qui contribue à la consolidation de l'économie mondiale de façon notable", a affirmé le patron de la BCE.
L'idée de cette réforme est de rassurer les marchés sur les risques de faillites d'un établissement bancaire et d'obliger les banques à avoir des réserves plus tangibles pour faire face à une nouvelle crise du système financier.
Cet accord "rendra le système financier mondial plus résistant face à de futurs chocs", a souligné le patron de la banque centrale suisse, Philipp Hildebrand. Les autorités américaines ont, de leur côté, estimé que ces normes permettront "de réduire la fréquence et la sévérité de futures crises".
Le comité de Bâle , qui réunit banquiers centraux et régulateurs du secteur, s'est mis d'accord dimanche sur un relèvement progressif du ratio minimum de fonds propres "durs", la part la plus solide des fonds propres composé d'actions et de bénéfices mis en réserve, de 2% actuellement à 4,5% des actifs.En ajoutant un coussin supplémentaire de 2,5%, le total des fonds propres "durs" passera à 7%. Le ratio de fonds propres "tier 1" sera quant à lui relevé de 4% à 6%.
Les banques auront jusqu'en 2015 pour appliquer la nouvelle règlementation, ce qui a été bien vu par les marchés, puisque les valeurs financières progressaient fortement lundi, malgré les couts pour leurs établissements annoncés par certains banquiers.
Inuiétudes des banques
Les banques européennes seront capables de respecter les nouvelles propositions pour renforcer leurs fonds propres, mais cela risque d'avoir des implications sur le financement de l'économie, avait prévenu auparavant leur fédération.
Les patrons des grands établissements financiers craignent en effet que ces nouvelles directives les obligent à lever des sommes colossales. Les banquiers centraux ont admis que les grandes banques auront besoin "d'un montant important de capitaux supplémentaires pour répondre à ces nouvelles normes", selon le communiqué. D'où une entrée en vigueur progressive.Une inquiétude qui touche d'autres milieux. Ainsi pour la CGPME, qui représente les petites et moyennes entreprises, "ces mesures vont obliger les banques à thésauriser davantage, et je crains que cela va limiter l'accès au crédit des PME, alors que l'on commence à sortir de la crise"
Les grands argentiers ont cependant gardé une porte ouverte à d'éventuels ajustements en annonçant qu'ils "répondront aux conséquences inattendues".
Les banques ont eu beau avoir fait valoir leurs inquiétudes (sur leurs bénéfices notamment), il semble que les marchés ont plutôt retenu le côté positif des mesures adoptées dans la cité helvétique. En effet, les valeurs bancaires progressaient fortement sur les marchés lundi.
Les accords de Bâle III, après avoir abordé la question des fonds propres des banques classiques dimanche, doivent désormais s'attaquer aux établissements d'importance systémique, a annoncé lundi le président du Comité de stabilité financière (FSB) Mario Draghi. Selon le gouverneur de la Banque d'Italie, les grandes banques devront être capables d'avoir des capacités d'absorption de pertes supérieures aux normes fixées dimanche dans le cadre des accords dits de "Bâle III".
L'adoption de Bâle III et ses éventuelles suites en ce qui concerne les établissements systémiques doivent se discuter lors du G20 de Séoul en novembre prochain.
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