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La presse française hésite dans ses commentaires sur les résultats du sommet, la presse d'Outre-Rhin est plus positive

La première évoque souvent des entretiens "a minima" tandis que la seconde, moins pessimiste, salue un renouveau du "couple" franco-allemand. Pour autant, certains journaux allemands n'en restent pas moins assez critiques...
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à l'Elysée le 16 août 2011 (AFP - Patrick Kovarik)

La première évoque souvent des entretiens "a minima" tandis que la seconde, moins pessimiste, salue un renouveau du "couple" franco-allemand. Pour autant, certains journaux allemands n'en restent pas moins assez critiques...


Revue de la presse française...

La mesure retenant le plus l'attention des éditorialistes est la proposition de créer un gouvernement économique de la zone euro.

"Quelque chose a enfin bougé, il était temps", écrit Jean-Claude Kiefer dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace. "Plus fumeux, tu meurs", commente de son côté l'éditorialiste de son concurrent L'Alsace, Patrick Fluckiger...

On constatera au passage que les journaux évoquent fort peu le souhait des deux dirigeants de voir imposer la fameuse "règle d'or" budgétaire à l'ensemble de la zone Euro. "Tour habile", commente Xavier Panon dans La Montagne. "Considérations de politique intérieure" avant la présidentielle en France, pour Patrice Chabanet dans Le Journal de la Haute-Marne. "Hochet électoral offert à Nicolas Sarkozy", estime Jean-Michel Helvig dans La République des Pyrénées.

"Pour 'reconquérir la confiance des marchés', ainsi que l'a martelé (...) Angela Merkel, réduisons la démocratie. C'est en effet une sorte de souveraineté limitée au profit des marchés financiers que Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande préconisent", écrit L'Humanité à propos de l'ensemble des propositions du sommet de l'Elysée.

Les autres journaux ne vont pas aussi loin dans l'interprétation. Et hésitent sur la portée du fameux "gouvernement économique"...

"Compte tenu de leurs divergences initiales", les deux dirigeants "sont allés le plus loin possible dans l'expression d'une volonté commune", pense Jacques Camus dans La République du Centre. Pour Didier Louis, dans Le Courrier Picard, "les dirigeants des deux premièrs puissances européennes ont ostensiblement parlé d'une même voix, et c'est main dans la main qu'ils ont dévoilé leurs armes pour tenter de reconquérir la confiance des investisseurs".

"En proposant une zone économique de la zone euro, l'axe Paris-Berlin pose un acte fondateur qui s'inscrit dans la suite logique de la création de la monnaie unique", estime de son côté Philippe Palat dans Le Midi Libre. Plus posé, Gaetan de Capèle parle, dans Le Figaro, d'une "nouvelle étape de la construction européenne" dont la "légitimité ne souffre aucune discussion".

"L'Allemande et le Français ont fait un pas décisif, encore inimaginable il y a un an (...)", écrit Jean-Claude Kiefer (Dernières Nouvelles d'Alsace). Qui reste prudent: "un gouvernement économique de la zone euro" "est accepté dans les principes, encore faut-il savoir comment cet embryon fédéraliste fonctionnera"...

D'une manière générale, la majorité des quotidiens restent dubitatifs. Michel Lepinay, dans Paris Normandie, ne voit pas dans la principale annonce du sommet de l'Elysée "une expression forte et concrète de la solidarité européenne, pour que les politiques puissent enfin reprendre la main sur les marchés".

"Trois heures de brain sorming, et hop ! Un plan. Personne ne connaît Hermann Van Ropuy [appelé à diriger un gouvernement économique par A. Merkel et N. Sarkozy, NDLR], mais ça fera un excellent président de l'eurobloc, le temps que tombe le vent", ironise Denis Daumin dans La Nouvelle République. "Pour l'image, ce fut exemplaire. (...) Mais sur le fond, quoi de neuf ?", renchérit Michel Vagner dans L'Est Républicain.

"La seule chose qui apparaît clairement à l'issue du nouveau sommet d'hier est l'incapacité à s'attaquer à l'obstacle", estime de son côté Patrick Fluckiger (L'Alsace).

Peut-on alors vraiment parler de solidarité européenne ? "Derrière l'affichage de l'entente parfaite du couple franco-allemand, on a pourtant la curieuse sensation que cette musique est jouée au diapason allemand", écrit Xavier Panon (La Montagne).

Finalement, pensent plusieurs éditorialistes, ce seront les marchés qui décideront. "S'en satisferont-ils ?", se demande L'Est Républicain. "Les Bourses, en dépit des mesures envisagées, persistaient à déprimer", constate Denis Daumin (La Nouvelle République)... Mercredi, Paris a ainsi ouvert en baisse de 0,58 %, Londres de 0,78 %, Francfort de 1,41 %, Madrid de 0,59 %, Milan de 1,02 % et Lisbonne de 0,57 %. La Bourse suisse perdait 0,91 %.


... et de la presse allemande
Les journaux d'Outre-Rhin livrent une analyse relativement positive de la rencontre Sarkozy -Merkel, saluant un renouveau du couple franco-allemand, tout en attendant la concrétisation des mesures annoncées.

Dans un éditorial intitulé "Symphonie avec coup de timbale", le Tagesspiegel estime que "le moteur de l'axe franco-allemand fonctionne". "Une monnaie unique ne peut fonctionner sans une politique économique, fiscale et financière adaptée", estime le journal.

"Cela peut sembler théâtral mais les annonces faites par Merkel et Sarkozy au terme de leurs discussions constituent le premier jalon d'une politique économique et financière (européenne) qui ait été posé depuis l'introduction de l'euro", souligne encore le journal. Mais relève-t-il également, "on peut juste espérer que Merkel et Sarkozy n'ont pas sorti leur dispositif comme un lapin de son chapeau mais qu'ils se sont auparavant concertés avec les chefs de gouvernement à Madrid, Rome, La Haye et Lisbonne, pour ne citer que les plus importants".

Pour la Frankfurter Rundschau, proche de l'opposition sociale-démocrate, la question est également posée: "même si deux Etats sont d'accord, il en manque encore 25", relève-t-il. Pour le quotidien régional, il est pour l'instant "difficile d'imaginer comment seront mises en pratique par les autres Etats membres les propositions théoriques avancées par les deux poids lourds de l'UE". Cependant, souligne la Frankfurter, "ce ne serait pas la première fois que le moteur franco-allemand, qui jusqu'alors cafouillait, remettrait le train européen sur les rails".

Pour le quotidien conservateur Die Welt, "Merkel et Sarkozy se battent ensemble" pour l'Europe. "La pression poussant Merkel et Sarkozy à présenter un dispositif détaillé était grande mais ils ont réussi à le faire", se félicite Die Welt. "Avant la rencontre, un porte-parole du gouvernement allemand avait dit qu'il ne fallait rien attendre de spectaculaire de ce sommet. Le caractère concret des projets annoncés par Merkel et Sarkozy afin d'améliorer la coordination au sein de la zone euro n'en est que plus surprenant", analyse le journal.

Pour Bild, le quotidien populaire (appartenant à la Boulevardpresse comme l'on dit Outre-Rhin), le plus lu d'Allemagne, le ton est plus mesuré: "L'idée d'un gouvernement économique est une bonne chose (...). Mais un aréopage, avec à sa tête le gentil président du conseil de l'UE Van Rompuy, se réunissant deux fois par an, peut-il prendre des décisions réellement efficaces ?"

Le Badische Neueste Nachrichten, se montre encore plus sceptique: "la proposition d'un gouvernement économique de l'euro reste très éloignée de la réalité". "Les Etats de l'euro sont les seuls à pouvoir tracer leur chemin et aucune instance ne leur prendra cette responsabilité", considère le quotidien de Fribourg (ouest).

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