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Jean Tirole plaide pour "une réforme du marché de l'emploi"

Le nouveau prix Nobel d'économie, Jean Tirole, vient d'être récompensé pour son analyse de la régulation des marchés. Mais le Français est également connu pour ses contributions sur l'emploi et le marché du travail.
Article rédigé par Baptiste Schweitzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Jean Tirole a reçu le prix Nobel d'économie © MAXPPP)

Dans sa première réaction sur France Info, Jean Tirole – qui a reçu le prix Nobel d'économie ce lundi – a voulu se tenir à distance des débats économico-politiques qui agitent le pays en ce moment : "Je pense fermement qu’un chercheur devait être indépendant, son rôle est de proposer des idées ", a-t-il expliqué quelques minutes après avoir appris l'obtention de son prix.

Une réserve toute relative puisqu'il a tout de même plaidé pour "une modernisation " de la France afin de donner une chance aux jeunes. Quelques heures après, celui qui a été récompensé pour son analyse de la régulation des marchés, s'est montré plus précis lors d'une conférence de presse organisée à la hâte :

"Tous les économistes sont d'accord pour dire qu'il faut qu'on arrive à faire vivre un État plus moderne et faire des réformes tout en gardant une protection sociale élevée."

"L'économie française n'est pas désespérée ", a-t-il expliqué, "on a des grandes entreprises qui marchent bien, un tissu de PME encore trop faible et un capital humain donc c'est important dans l'éducation et l'économie de la connaissance. Il faut faire en sorte que notre pays puisse donner un emploi aux jeunes et des bons emplois."

En 2003 il prône le contrat de travail unique

En 2003, Jean Tirole avait co-signé un rapport avec Olivier Blanchard – économiste classé au centre gauche aujourd'hui chef économiste au Fonds monétaire international. Un rapport qui intervenait en pleine vague de plans sociaux dans lequel les deux hommes proposaient des pistes "non conventionnelles".

 

Ainsi, les deux économistes expliquent qu'il est nécessaire de responsabiliser les entreprises qui licencient. Ils prônent ainsi une taxe sur les licenciements qui irait dans les caisses de l'assurance-chômage. Cette taxe pourrait augmenter en fonction du nombre de salariés concernés.

 

Dans le même rapport, Jean Tirole et Olivier Blanchard s'intéressent aussi aux différents types de contrat de travail,  CDD et CDI. Ils constatent que les CDD sont attractifs pour les entreprises et qu'elles hésitent souvent à les transformer en CDI. Dès lors, Jean Tirole propose la création d'un contrat de travail unique. Ni CDD ni CDI mais un système unique ou la protection du salarié augmenterait en fonction de son ancienneté ou de son expérience.

Un lanceur d'idées

Une idée laquelle s'intéressera Nicolas Sarkozy, en tant que ministre de l'économie en 2004, mais qu'il ne mettra finalement jamais en place en tant que président delà République en raison de l'hostilité des syndicats très attachés au CDI. Depuis, Jean Tirole est resté discret, et son lectorat restait cantonné au monde universitaire.

 

Jean Tirole se voit d'ailleurs comme un lanceur d'idées "Keynes disait : 'les politiques utilisent des idées d'économistes dont ils ne connaissent même pas le nom et qui sont morts depuis longtemps.' C'est un peu pessimiste mais j'y crois…c'est notre boulot ", a-t-il détaillé lors de sa conférence de presse.

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