Près d'un Français sur cinq vit à découvert cette année, alerte le Secours populaire

Dans son baromètre annuel, le Secours populaire indique que 18 % des Français vivent à découvert. Un nombre croissant de personnes assure rencontrer des difficultés à payer certains actes médicaux, à régler les dépenses d'énergie et à acheter des produits alimentaires.
Article rédigé par franceinfo
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Un bénéficiaire du Secours populaire reçoit un panier alimentaire à Périgueux (Dordogne), en décembre 2022. Photo d'illustration. (ROMAIN LONGIERAS / HANS LUCAS)

"La situation financière des Français continue d'empirer cette année", alerte mercredi 6 septembre le Secours populaire français, qui lance sa campagne "Pauvreté-Précarité" et publie à cette occasion son baromètre annuel réalisé par Ipsos. Selon ce sondage, 60% des Français et 55% des Européens estiment qu'au cours des trois dernières années leur pouvoir d'achat a diminué.

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Le Secours populaire tire la sonnette d'alarme sur la précarité en France. Il note que cette année 18% des sondés vivent à découvert. C'est trois points de plus qu'en 2022. 31% des ouvriers, 25% des employés et 24% des Français ayant un niveau d'étude inférieur au baccalauréat admettent ainsi être à découvert. 34% des sondés considèrent que leurs revenus leur permettent seulement de boucler leur budget, c'est deux points de moins que l'an passé. En revanche, 47% des sondés affirment parvenir à mettre de l'argent de côté. 58% ont déjà eu le sentiment d'être sur le point de connaître une situation de pauvreté (76 % des 35-44 ans, soit 9 points de plus qu'en 2022 ; 74% des ouvriers et 71% des personnes vivant avec un enfant de moins de 18 ans). 38 % ont même déjà vécu cette situation.

Difficultés pour payer des actes médicaux

Le Secours populaire français constate également que 45% des sondés ont déjà rencontré des difficultés financières pour payer certains actes médicaux mal remboursés par la Sécurité sociale, contre 39% en 2022. Cette difficulté est renforcée chez les foyers modestes : ainsi, 63 % des personnes dont le foyer a un revenu mensuel net inférieur à 1 200 euros ont du mal à payer ces actes médicaux.

46% des Français ont par ailleurs du mal à faire face aux dépenses liées à leurs enfants, comme l'achat de fournitures scolaires, de vêtements ou la cantine. Cela représentait 42% des sondés l'an dernier. Par ailleurs, 45% des Français ont rencontré des difficultés à payer leurs dépenses d'énergie, contre 41% en 2022.

Face à l'inflation galopante, 94% des Français admettent avoir déjà recherché les petits prix et les promotions au moment de faire leurs courses depuis ces deux dernières années, selon le baromètre. Ils sont 72% à avoir déjà choisi de ne plus acheter de viande. Enfin, 32% reconnaissent ne plus faire trois repas par jour, et ils sont même 15% à se priver d'au moins un repas régulièrement.

"La faim devient une question majeure."

Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire

à franceinfo

"Nous sommes dans une situation où la question de la faim intervient à nouveau dans la vie quotidienne de millions de familles sur notre territoire." La secrétaire générale du Secours populaire Henriette Steinberg lance un cri d'alarme sur franceinfo mercredi 6 septembre. "La faim devient une question majeure", assure-t-elle et il faut "faire en sorte que ce fléau recule". Cette hausse de la précarité est "une source de grande préoccupation, une question d'urgence". L'ensemble des indicateurs évalués sont en forte hausse selon la secrétaire générale : "C'est une hausse assez significative pour nous alerter au Secours populaire, mais aussi pour alerter l'ensemble de la population de ce pays".

Pour venir en aide aux personnes en difficulté, une enveloppe européenne de "60 millions d'euros" est actuellement "bloquée" selon Henriette Steinberg, car "le document qui doit être signé ne l'a pas été", alors que les "besoins sont considérables". "Nous avons demandé une rencontre avec le président de la République pour savoir ce qu'il se passe, pour l'instant, nous n'avons toujours pas ce rendez-vous." Pour la secrétaire générale du Secours populaire, "il n'y a aucune raison que de l'argent qui a été voté ne revienne pas en France." "Il y a une nécessité urgente de prise en compte collective", conclut-elle.

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